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Comme gestionnaire de crise, je me suis dit que l’on aura beau tenter de comprendre pourquoi on s’est rendus là, il n’y a qu’une chose qui compte à ce moment-ci: les actions entreprises pour régler la crise.
Le chiffre fait peur: 8558 professeurs manquants! Comme parent, l’annonce du ministre Drainville mercredi m’a donné des frissons et a suscité plusieurs questions. Quel sera l’effet sur la qualité de l’éducation? Qui va s’occuper des enfants là où il manque de personnel? Qui l’a échappé à ce point-là? Qui est imputable ou responsable?
On est en droit de se demander quel sera l’effet sur les enfants et sur la qualité de leur éducation.
Comme gestionnaire de crise, je me suis dit que l’on aura beau tenter de comprendre pourquoi on s’est rendus là et nous communiquer les bonnes intentions du gouvernement, il n’y a qu’une chose qui compte à ce moment-ci: les actions entreprises pour régler la crise.
Les définitions de ce qu’est une crise sont variées. Elles se rejoignent toutes autour d’un élément important: la crise a un effet direct sur la crédibilité et le fonctionnement d’une organisation. Dans ce cas-ci, nul nécessaire de se poser la question. Le système d’éducation publique est essentiel dans notre société. C’est un droit pour tous les enfants de recevoir une éducation et la principale mission de l’état avec la santé. Si le gouvernement ne peut plus remplir sa mission en éducation, on est en droit de se questionner sur les autres secteurs.
Voilà pourquoi c’est une crise et pourquoi le gouvernement devrait la traiter en tant que tel.
On a besoin d’une cellule de crise claire, un plan d’action réaliste, mesurable et structuré ainsi qu’un plan de communication en continu basé sur les faits afin d’informer les citoyennes et les citoyens.
Dans une crise comme celle-ci, le rôle du ministre est essentiel, car il est responsable du maintien du lien de confiance entre le public et le gouvernement. Pour inspirer confiance, sa communication doit être claire, transparente et empathique. À ce niveau, les qualités de communicateur de Bernard Drainville devraient le servir. Cependant, comme au hockey, le talent ne suffit pas et j’ai été surpris par le manque de clarté de plusieurs réponses du ministre lors de son entrevue sur les ondes de Noovo avec Marie-Christine Bergeron.
Je vous laisserais juger par vous-même, mais j’aurais aimé que le plan d’action soit plus clair, que des échéances soient présentées et que le ministre me démontre qu’il était en plein contrôle de la situation. D’ailleurs, en toute humilité, je pense que quelques séances de réchauffement avant les entrevues auraient été de mise. Même les meilleurs athlètes se réchauffent avant une partie importante, ce n’est pas différent en communications.
Dans cette crise, nous avons, de l’autre côté du spectre, des syndicats d’enseignants qui doivent également jouer leur rôle et contribuer à la gestion de crise.
Leurs constats sont importants pour comprendre les causes qui amènent les professionnels à quitter. Cependant, ils sont également ceux qui ont les meilleurs outils pour savoir ce qui les retiendrait et ce qui les attirerait.
Je sais que les conditions de travail sont « le nerf de la guerre » et qu’il y’a une négociation de convention collective en cours, mais il me semble que cela servirait grandement la réputation syndicale auprès des parents que de collaborer avec le ministre afin de participer à la cellule de crise.
Dans la cellule de crise, nous devrons aussi retrouver les gestionnaires. Ceux qui dirigent au quotidien le travail des professionnels dans le réseau doivent certainement revoir leurs façons de faire pour ramener ceux qui sont partis et arrêter l’hémorragie. Leur contribution à la cellule de crise sera essentielle pour que la crise soit d’abord réglée à court terme, mais surtout qu’elle ne devienne pas récurrente.
Nous aussi, nous avons un rôle à jouer. Celui d’exiger des solutions plutôt que de chercher des coupables et de contribuer à l’amélioration du climat dans nos écoles. Il est vrai que le gouvernement doit s’assurer du recrutement de plus d’enseignants, qu’il doit investir dans leur rétention et qu’il doit diriger une cellule de crise efficace. Il reste que si, comme citoyens, nous ne faisons rien pour nous assurer que le travail d’enseignante et d’enseignante est valorisé et surtout respecté, cette crise ne pourra pas se régler et ne va qu’éternellement se répéter.