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«Monsieur Bonnardel, faites un pas de côté et faites la place aux nouveaux maires et mairesses du Québec qui veulent, tout autant que vous, le bien de leurs électeurs».
Monsieur Bonnardel avait lundi pour mission de faire le pont avec des citoyens qui ne sont pas acquis à la CAQ, soit les groupes impliqués dans le transport collectif.
L’annonce était mineure, mais elle se voulait significative : le financement du transport collectif sera dorénavant planifié sur cinq ans. De quoi permettre aux opérateurs et planificateurs de voir venir.
Mais à la sortie de cette rencontre importante, le ministre Bonnardel a plutôt choisi de commenter les intentions de plusieurs maires et mairesses voulant protéger le maximum de territoires dans leurs municipalités respectives. Les maires et mairesses de la CMM, par exemple, se sont engagés à protéger 22 % du territoire en ne développant pas les milieux humides, les boisés, les rives et une importante partie des terrains de golf (lorsqu’ils ferment). Ce faisant, ils doivent envisager la densification des terrains qui sont disponibles ailleurs — par exemple des centres ou des usines désaffectées, des terrains vagues à requalifier, etc.
Monsieur Bonnardel a choisi de se moquer de cette stratégie en la qualifiant de «mode», suggérant avec le choix de ce mot que c’est une tendance appelée à disparaître. Mais pire, il s’est lancé dans une explication selon laquelle la densification entraîne un mode de vie qui n’est pas pour tout le monde — donnant l’exemple d’une famille qui serait obligée de vivre au douzième étage d’une tour sur le bord d’un boulevard autoroutier.
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Quelle famille ferait ce choix ? Bien entendu, entre choisir de demeurer le douzième étage d’une tour ou une maison entourée de gazon avec une piscine à l’arrière, tout le monde fera ce second choix. Il est tentant de croire que monsieur Bonnardel a choisi le pire exemple de densification pour mieux faire valoir sa mission et son projet : construire un tunnel qui permettra de développer des banlieues sur la rive sud de Québec — notamment sur les belles terres agricoles de Bellechasse.
Ce n’est rien de moins que de l’ignorance. Les quartiers anciens de Montréal (comme le Plateau, Verdun ou Villeray) ont une densité comparable aux quartiers de tours de Vancouver. Nous ne sommes pas obligés de construire des tours. Nous pouvons simplement développer le territoire comme nos villes et nos villages l’ont été dans le passé. Une série de duplex faisant face à un petit parc urbain (comme à Sorel ou Saint-Hyacinthe) est déjà beaucoup plus dense qu’une banlieue de grosses maisons avec chacune un terrain suffisant pour y construire une piscine.
Un quartier de triplex comme la Pointe à Shawinigan ou Limoilou à Québec peut être un havre de paix et de bonheur si on le parsème de suffisamment de parcs et que l'on construit des trottoirs larges pour y planter des arbres et des petites cours arrière et des ruelles arborées pouvant servir de sentier de marche ou d’espace de jeux pour les enfants.
L’exigence de la banlieue de bungalows — sans égard aux impacts environnementaux nous mènent à la conquête permanente du territoire naturel et aux ravages des paysages. Parce que ces maisons ne viennent jamais seules : elles sont accompagnées d'immenses boulevards où chaque commerce a nécessairement un stationnement et une grosse affiche lumineuse afin qu'elle soit visible de loin par les automobilistes. Elles viennent avec leurs restaurants plantés au milieu d’une mer de stationnement, avec des demandes d’élargissement de boulevards ou de construction de nouvelles bretelles d’accès aux autoroutes. Nous le connaissons trop bien ce mode de vie : cela fait 50 ans que nous le pratiquons.
Monsieur Bonnardel, faites un pas de côté et faites la place aux nouveaux maires et mairesses du Québec qui veulent, tout autant que vous, le bien de leurs électeurs. Ils ont choisi une voie plus moderne et plus respectueuse de la nature. Vous n’arriverez pas facilement à les manipuler.