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«Les commerçants, comme nous, se sentent aussi pris au dépourvu.»
Ceci est une chronique d’économie familiale. À l’heure où l’on apprenait que le prix du bœuf pourrait (encore) augmenter de 25 à 40% cet été, difficile de ne pas en venir à la conclusion que la viande rouge, c’est rendu pour les «riches».
Comme plusieurs d’entre nous, j’ai pris, il y a quelques années de cela, la ferme résolution de manger moins de viande rouge. C’était pour ma santé, mais aussi pour des raisons écologiques. Puis, la saison du BBQ arrivait et mes bonnes résolutions fondaient comme les dernières neiges du printemps.
Ça me fait penser, d’ailleurs, que c’est difficile de ne pas faire le lien entre l’arrivée de la belle saison et cette soudaine augmentation du prix du bœuf. Un peu comme quand le prix de l’essence grimpe en flèche juste avant les vacances de la construction, est-on en train de nous faire le même coup pour les boulettes à hamburger? Je ne suis nullement une adepte des théories du complot alimentaires, mais on est en droit de poser la question.
Nous avons posé la question à Sylvain Charlebois, expert en agroalimentaire. Voici ce qu'il avait à dire à Geneviève Pettersen:
D’ailleurs, plusieurs bouchers indépendants se sont ouvertement questionnés dans les médias: pourquoi certaines pièces sont-elles plus chères que d’autres et pourquoi cette augmentation n’a-t-elle souvent rien à voir avec la qualité de la coupe? L’un d’entre eux donnait l’exemple de l’intérieur de ronde, qui était soudainement plus chère que le steak Boston. Aucune logique là-dedans puisque la deuxième coupe dépasse largement la première en matière de qualité de coupe. Pourquoi? Personne ne le sait.
Je ne vais pas élucider l’opacité de l’industrie agroalimentaire aujourd’hui. Je vais laisser ça aux professionnels et au gouvernement canadien, qui se penche en ce moment sur la question et tente de mettre en lumière des stratégies de mise en marché douteuses qui seraient susceptibles de nuire aux Canadiens.
Les commerçants, comme nous, se sentent aussi pris au dépourvu. Dépassés par la situation et craignant de perdre leur clientèle, plusieurs d’entre eux choisissent de limiter la hausse en magasin. Comment? En sacrifiant leur marge de profit. Mais ils savent très bien qu’à un moment ou à un autre, ils n’auront plus d’autre choix que celui de nous refiler la facture. Est-ce que ce moment est arrivé? Oui.
Je reviens donc à la saison du BBQ et à ma résolution de moins consommer de viande rouge. Si je veux être parfaitement honnête avec moi-même, c’est la flambée des prix qui a mis le dernier clou dans le cercueil de cet onglet de bœuf que j’aimais tant faire griller, agrémenté d’un peu de moutarde baseball et d’épices à steak de Montréal.
Comme bien du monde, je me suis tournée vers d’autres sources de protéines. En passant, il fut une époque où les fruits de mer, c’était pas mal plus cher qu’un T-bone. Ce n’est plus nécessairement le cas aujourd’hui. À moi, donc, volaille, poisson et crevettes papillons. Je redécouvre en plus ces jours-ci la viande de porc, que j’avais boudé trop longtemps.
J’en profite d’ailleurs pour ploguer un magasin que j’apprécie particulièrement. C’est dans Lanaudière, mais je vous le jure, ça vaut le détour. Ça s’appelle Cochon Cent Façons. Tu rentres là, et tu as, le nom le dit, des dizaines de produits du porc à des prix vraiment intéressants. C’est là que j’ai découvert que la bavette de porc existait. Oui, une bavette de porc. Pour 6 dollars environ, tu nourris un adulte. Et mes enfants s’en partagent une à deux. Faites le calcul. C’est vraiment avantageux et facile à réussir.
Juste à sacrer les bavettes dans un peu d’huile d’olive, du vin blanc, de l’ail, de la moutarde de Dijon, un chouïa de sirop d’érable pis des herbes fraîches ou séchées. Reste juste à faire mariner ça quelques heures et à cuire ça sur le BBQ à feu moyen élevé.
Je vous l’avais dit que c’était une chronique d’économie familiale.
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