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Oubliez les slogans faisant référence aux plages de sable blanc, à la température quasi parfaite ou même au faible taux d’imposition. Le Sunshine state souhaite désormais se vendre ainsi : «la Floride, l’endroit où les wokes vont mourir».
Oubliez les slogans faisant référence aux plages de sable blanc, à la température quasi parfaite ou même au faible taux d’imposition. Le Sunshine state souhaite désormais se vendre ainsi : «la Floride, l’endroit où les wokes vont mourir».
Ron DeSantis, le gouverneur de l’État qui a prononcé ces paroles, est pour moi l’emblème de la guerre au wokisme aux États-Unis, mais cette bataille politique et sociale est-elle vraiment payante sur le long terme pour les républicains ?
Si j’avais à déterminer le mot de l’année 2022 et potentiellement 2023, ce serait sans équivoque « woke ». Dans son utilisation actuelle, il est largement à connotation péjorative, utilisé même fréquemment à titre d’insulte.
L’anglicisme, qui a été introduit dans l’édition 2023 du dictionnaire Le Robert, est défini ainsi : «qui est conscient et offensé des injustices et des discriminations subies par les minorités et se mobilise pour les combattre, parfois de manière intransigeante (surtout péjoratif, par dénigrement)».
Pour l’Office québécois de la langue française (OQLF) le mouvement woke est un « mouvement qui prône une sensibilisation accrue à la justice sociale ainsi qu’un engagement actif dans la lutte contre la discrimination et les inégalités ».
Pourquoi cette expression est-elle devenue aussi populaire ? Une partie de la réponse se trouve dans l’augmentation de la polarisation aux États-Unis. La droite attaque la gauche en pointant du doigt tout ce qu’elle trouve d’extrême et vice versa. Ron DeSantis a, par exemple, signé une loi baptisée « stop WOKE act » qui vise à entre autres restreindre les conversations associées aux questions raciales dans les écoles.
Cette mesure a été depuis bloquée par les tribunaux. Cela ne l’a pas empêché de passer la loi hautement controversée surnommée Don’t say gay l’an dernier pour restreindre les conversations liées à l’identité de genre et à l’orientation sexuelle au primaire.
Et que dire des centaines de livres qui ont été bannis des bibliothèques scolaires pour soi-disant réagir à la théorie critique de la race.
C’est désormais tout ce qui touche le mouvement LGBTQ+ qui semble être visé par les anti-woke. À croire certains législateurs, l’homosexualité est contagieuse et les personnes trans sont en train de prendre d’assaut toutes les chaumières. En comparaison à l’an dernier, plus du double de lois ciblant les droits LGBTQ+ ont été introduites dans différents États (rappelons que nous sommes uniquement en mai).
Sur plus de 400 lois surveillées par l’ACLU, la grande majorité concerne justement le secteur de l’éducation. Un des exemples les plus frappants : une loi pourrait potentiellement obliger un professeur à dénoncer à ses parents un élève qui souhaite se faire appeler différemment à l’école ou qui pourrait présenter « certains éléments laissant croire qu’il souhaite changer de sexe ».
Est-ce que s’habiller de façon plus masculine pour une fille nécessiterait une dénonciation ou encore est-ce que du vernis à ongles pour un garçon aurait pour effet d’obliger une rencontre avec les parents ? L’histoire ne le dit pas.
Aucune journée ne passe sans qu’une loi de ce genre n’apparaisse sur mon radar. Il y a bien sûr le controversé dossier des personnes trans dans le sport ou encore la présence de drag queens dans l’espace public. Ce dernier dossier a trouvé écho dans les débats ici même au Québec récemment.
Au Tennessee, on tente de faire interdire les performances de drag queen, non seulement sur les lieux publics, mais aussi en tout temps en présence de mineurs. Cette loi a été contestée par des activistes presque au même moment où une nouvelle fusillade touchait une école de l’État.
On pouvait voir sur les affiches des manifestants : « vous voulez protéger les enfants des drags, mais pas des armes ». Frappant comme image.
Ron DeSantis est loin d’être le seul gouverneur d’État à parler du danger du wokisme. Donald Trump l’aborde à chaque discours ainsi que la grande majorité des élus du parti républicain. Si on se fie à un sondage du Wall Street Journal réalisé dans les dernières semaines, combattre cette idéologie dans les écoles et les entreprises est plus important pour les électeurs républicains que les coupures potentielles dans les programmes sociaux.
Par contre, dans un autre sondage, cette fois-ci produit par le USA Today et la firme Ipsos, la majorité des Américains considèrent que le terme « woke » a une connotation positive.
Ce qui m’amène à conclure ceci : payant oui pour le parti, mais est-ce vraiment un angle intéressant pour séduire un électorat indépendant ou aller chercher des démocrates plus conservateurs à l’élection générale ? Peut-être pas.
Le terme est utilisé de façon excessive et tant galvaudé qu’on ne semble même plus savoir pourquoi il était employé au départ. Et l’excuse surutilisée de «protéger l’enfant » est extrêmement difficile à défendre devant un grand public.