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Voilà venu le temps de faire bombance, mais, avant d’aller s’asseoir devant une dinde avec matante Gertrude, va falloir se taper les festivités corporatives
Voilà venu le temps de faire bombance, mais, avant d’aller s’asseoir devant une dinde avec matante Gertrude, va falloir se taper les festivités corporatives.
Si vous êtes vraiment chanceux, votre patron a eu pitié de vous et, prétextant la COVID et la crise économique, a annulé le party cette année. Si vous êtes juste chanceux un peu, vous êtes salarié et ne devriez subir cette torture qu’un seul soir. Mais si, comme moi, vous êtes travailleur autonome, vous devrez vous pliez au supplice trente-douze fois d’ici au 24 décembre.
Mettons les choses au clair, j’adore partager un repas avec des collègues et célébrer la fin de l’année avec eux dans un contexte qui n’en serait pas un près de la photocopieuse. Et je n’ai rien contre les événements informels où l’on se raconte comment on va faire pour passer au travers de nos deux semaines de « vacances » avec enfants (en mettant de l’alcool dans notre café).
Nenon. Moi, ce qui m’achale, c’est quand je suis obligée d’aller en quelque part pis qu’il y a des affaires comme des piges de cadeaux pas de rapport pis des activités de team building. C’est pas mêlant, je préférerais me défenestrer plutôt que de jouer à une version soft de vérité ou conséquence avec quelqu’un que je devrai revoir le lendemain, à jeun.
Je passe sous silence tous les moments où on est obligé de parler avec du monde avec qui ça ne nous tente pas de parler en s’échangeant les pires banalités au nom de la cohésion sociale. Dans ce temps-là, j’ai des absences mentales et je vois ma vie défiler devant mes yeux. Je le sais, je fais bien pitié.
Mais le pire, le vraiment top du pire, c’est quand, dans une espèce d’éclair de génie, tu te trouves un alibi extraordinaire pour skipper ledit party pis que tes collègues, ou, horreur suprême, ton patron te font sentir cheap de ne pas y aller et sous-entendent à peine subtilement qu’ils ont compris le message, que tu te penses au-dessus de tout ça pis que tu subiras leur jugement et leur courroux jusqu’à la fin de la prochaine année fiscale.
Parce qu’on va se le dire, il y a ceux qui participent activement à la vie de bureau (et qui sont dans les bonnes grâces) et les autres. Je vous laisse deviner dans quelle équipe je suis.
Mise en situation : tu te trouves une excuse, pis ça fonctionne pas pantoute. Même « mes enfants ont la gastro ou peut-être des oxyures (jurez-moi de ne jamais googler ceci) » ne suscite pas la lueur d’effroi habituellement corollaire à ce type d’affirmation. Les gens sont comme « envoye, viens, donc. Ça doit juste être un petit virus. On va avoir du fun » NON. Qu’est-ce que tu comprends pas dans j’aimerais mieux faire huit déclarations TPS TVQ en retard pis payer les pénalités plutôt que de t’entendre parler de tes rénos ?
Pourquoi on est obligé de s’inventer une excuse ? Pourquoi ? Est-ce que c’est marqué dans ma définition de tâches que je dois manger des petites saucisses cocktail en jasant de la pénurie de salade avec mon collègue Éric ? C’est écrit nulle part. C’est une espèce de loi non écrite pour nous faire feeler cheap pis nous empêcher d’atteindre les sommets de l’échelle corporative.
Pourquoi je suis obligée d’endurer l’haleine de brosse de Jozée-Anne pis de consoler le gars aux ventes qui vient de se faire crisser-là par sa blonde pis qui braille près de la toilette des hommes ? J’ai pas signé pour ça. Je suis pas payée assez cher pour ça.
Pis on se parle même pas des partys de bureau qui se déroulent le week-end pour éviter que tout le monde call malade le lendemain. Je veux dire, si c’est pas parce que le ¾ du bureau ne peut pas être présent si tu fais pas ça un samedi soir, c’est peine de mort. On passe 40 heures par semaine avec ce monde-là, on peut tu juste avoir un break la fin de semaine ?
Me semble qu’on a déjà assez d’impératifs, de conversations obligées pis de commentaires plates de mononcles pis de matantes qui trouvent donc que t’as maigri ou qui te rappelle sans cesse que t’as 35 ans pis pas d’enfant pis que tic tac tic tac dans notre propre souper de famille sans que je doive faire le train avec Jean-Gilles dans un party de bureau insignifiant.
Merci de m’avoir écoutée.
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