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Il y a quelques semaines, Claude l’a appris à ses dépens. L’artiste-tatoueuse a décidé de vendre son iPad Pro sur Marketplace, plateforme intégrée à Facebook. Après quelques courts échanges en ligne, le potentiel acheteur et elle-même se donnent un point de rendez-vous pour effectuer l’achat.
À son étonnement, un jeune de «13 ou 14 ans» — selon ses estimations — l’accueille. Loin de se douter de la suite des choses, Claude lui permet d’inspecter l’appareil électronique. Quelques secondes plus tard, le garçon s’enfuyait à la course, iPad sous le bras.
«Il avait l’âge d’un élève de première secondaire, raconte-t-elle. Je n’étais vraiment pas sur la défensive. Je ne pensais pas que la situation tournerait aussi mal.»
La scène a été filmée par un résident du secteur, et ce n’est pas une coïncidence.
«Ça faisait plusieurs fois que [le résident] voyait le scénario se répéter dans son quartier. Il a donc décidé de prendre son téléphone, explique-t-elle. S’il n’a pas intervenu, c’est qu’il a peur. Ils ont vu des gens se faire battre ou se faire mettre du poivre de Cayenne dans les yeux.»
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’a pas souhaité commenter ce cas précis ni indiquer si des secteurs étaient plus à risque que d’autres, mais les autorités précisent que de tels événements – parfois violents – sont une réalité sur son territoire.
«Ça fait partie des risques», confirme l’agente-relationniste, Véronique Dubuc.
Claude est bien consciente d’avoir évité le pire.
«J’avais des lunettes de soleil, donc le jeune n’a pas pu utiliser le poivre de Cayenne. […] La police me l’a confirmé, j’ai été chanceuse de ne pas avoir été attaquée physiquement, car normalement, c’est ça le scénario qui se répète.»
Une douzaine de zones d'échange sécurisées ont été mises en place dans les dernières années à Montréal sur le terrain de certains postes de quartier. Des caméras sont installées, les transactions sont filmées.
«Ce qu’on tente de prévenir, c’est de freiner les personnes malhonnêtes qui ont en tête de frauder ou de voler les citoyens, précise Mme Dubuc. Il ne faut pas être gêné, c’est une question d’agir de façon sécuritaire. C’est pour vous protéger et protéger l’acheteur.»
Seul bémol: beaucoup de Montréalais semblent ignorer l’existence de ces zones.
«Depuis que je me suis fait voler, j’en ai parlé à tout le monde [de la présence de ces zones], et personne ne savait que ça existait», raconte Claude.
Au-delà de ces lieux d’échange, l’agente Dubuc rappelle aussi certains conseils de base: ne jamais être seul lors de telles transactions, demeurer dans un lieu public et éviter l’argent comptant.
De son côté, Claude souhaite partager son histoire, non pour créer un sentiment de panique, mais plutôt afin de faire un appel à la vigilance.
«C'est tellement banal dans notre génération de faire toutes nos transactions en ligne. [...] Donc, ça vaut vraiment la peine de se déplacer et de prendre des précautions supplémentaires», dit-elle.
«Je n’ai même pas été attaquée, mais ça m’a tellement grugé de l’énergie. J’ai ressenti tellement de stress et d’émotions mélangées », ajoute Claude.
L’histoire se termine bien pour la jeune artiste. Le soir du vol, elle constate qu’un modèle identique de son iPad est vendu sur Marketplace. Son conjoint décide alors de créer un faux profil, puis de proposer un point de rendez-vous au vendeur.
Ce sont finalement les policiers qui sont arrivés sur les lieux. Un adolescent, qui n’était pas le voleur de Claude, a été arrêté, et l’appareil retourné à sa propriétaire.
L’histoire de Claude serait davantage l’exception que la règle, alors que de tels vols sont rarement résolus aussi rapidement.
Voyez le reportage de Louis-Philippe Bourdeau dans la vidéo.