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C’est qu’il ressent très intensément le sentiment de devoir protéger son pays, en cas de besoin. Et ce scénario hypothétique est loin d’être farfelu, maintenant que la Russie (qui partage une frontière de plus de 1300 km avec la Finlande) a envahi l’Ukraine.
En ce chaud samedi du mois d’août, Joonas participe avec une quarantaine d’autres participants à une opération de reconnaissance des ennemis, sur l’île militaire de Santahamina, au large d’Helsinki. Ce genre d’entraînement intensif d’une durée d’une fin de semaine est offert à tous les réservistes de l’armée finlandaise. Le service militaire est obligatoire pour tous les hommes avant leurs 30 ans, en Finlande, mais ces formations complémentaires se font par la suite sur une base volontaire.
C’est l’Association nationale d’entraînement à la défense (MPK, en finnois), en collaboration avec les Forces armées finlandaises, qui gère ces entraînements qui se donnent pratiquement toutes les fins de semaines, dans les forêts de Santahamina.
L'île militaire de Santahamina, au large d'Helsinki. Crédit : Noovo Info
Et depuis la fin février, le téléphone ne dérougit pas, confirme Markus Häyhtiö, officier responsable de la formation pour la MPK – district du Sud de la Finlande.
«Il y avait déjà une grande demande depuis la fin des restrictions dues à la COVID-19, parce que nous avions du mettre sur pause ces entraînements, explique-t-il. Et maintenant, avec l’attaque de l’Ukraine par la Russie, en plus, nous avons beaucoup de gens qui viennent pour les entraînements.»
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En fait, les inscriptions ont presque triplé, selon l’officier.
Markus Häyhtiö, officier responsable de la formation pour la MPK. Crédit : Noovo Info
Lors de notre visite sur l’île, une équipe est à la recherche des forces spéciales qui sont cachées sur l’île («Ne me demandez pas où ils sont, même moi je ne le sais pas !» lance Markus Häyhtiö), de même que la police militaire.
D’ordinaire, il y a environ 15 personnes qui font partie de l’équipe qui recherchent les ennemis… Mais en ce moment, ils sont presque 40, précise Eki Monni, qui donne ces formations depuis plus de 20 ans. En tout, entre 100 et 200 personnes se promènent dans les boisés de Santahamina.«Ça m’aide à rester en forme, explique Perttu, 42 ans. Ça m’aide à protéger mon pays.»
«C'est une bonne chose à faire en ce moment... et tout le temps, en fait. Je suis des entraînements comme ceux-ci depuis 2007», ajoute celui qui est représentant au service à la clientèle pour une compagnie qui vend des surplus d’armée.
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«Je veux défendre mon pays, je veux être bon», lance Checky Fong, un ingénieur de 24 ans, que la guerre en Ukraine a poussé à venir suivre deux perfectionnements depuis le printemps.
«Un entraînement comme ça, ça peut vous sauver la vie», ajoute-t-il.
«Il est clair que la menace de la guerre de rapproche, puisque ça se passe en Europe, estime de son côté Joonas. On ne peut pas faire comme si ça n'existait pas.»
«Nous avons reçu beaucoup de questions de la part des Finlandais», affirme le vice-président de la MPK, Timo Niiranen.«’’Est-ce qu'on pourrait venir suivre un entraînement? Est-ce qu'on pourrait s'entraîner à tirer?’’ Il y a eu une grande demande envers les entraînements de défense pour les réservistes.»
M. Niiranen affirme que son association et les Forces armées finlandaises ont revu leurs plans, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
«Bien sûr, nous ne sommes pas en mode panique. Ici, le service militaire est obligatoire, donc nous avons une bonne base. Mais nous agissons de façon responsable. C'est mon devoir de défendre mon pays... alors je veux savoir comment le faire.»
L’armée finlandaise se porte bien, selon lui. Avec 900 000 réservistes, dont 280 000 actifs, sur une population de 5,5 millions de personnes en Finlande, on peut dire que le pays se sent relativement en sécurité.
Contrairement à beaucoup de pays européens (et occidentaux), la Finlande n’a pas diminué ses dépenses relatives à la Défense, après la fin de la Guerre froide, fait remarquer M. Niiranen.
«Les Finlandais, on veut toujours être bien préparés, ajoute-t-il. Et pas seulement les militaires, dans toutes les sphères. Les entreprises ont des plans de contingence… la sécurité civile aussi (voir notre texte et notre vidéo sur les bunkers). Donc si une crise survient, tout le monde sait ce qu’il doit faire.»
Avec la collaboration de Mari-Leena Kuosa
Ce reportage a été rendu possible grâce au financement du Fonds québécois en journalisme international.