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Le survivant de la catastrophe ferroviaire se souvient bien de cette veillée du 6 juillet 2013. «Cette nuit-là, c’était un peu magique. Nous étions un groupe et le party était pogné. Tout le monde dansait», se remémore-t-il.
C’est lors d’une pause des musiciens qui jouaient ce soir-là dans le bar bien connu de Mégantic que M. Paradis et une amie décident d’aller prendre l’air dans un parc non loin d’où sont allés s’écraser les dizaines wagons remplis de pétrole.
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M. Paradis s’estime «chanceux», puisque quelques minutes après être sortie, il aperçoit le train et les 7,7 millions de litres de carburant dériver à toute allure vers le centre-ville. «À la vitesse où il allait, et les étincelles sous le train, je suis tombé en mode panique tout de suite. Il n’était pas question de rester là», souffle-t-il.
Les deux amis parviennent à s’éloigner de la scène, mais aperçoivent quelques instants plus tard «des boules de feu» jaillir dans le ciel de la petite ville. C’est finalement dans le lac qu’ils se mettront en sûreté des flammes qui dévorent le cœur de Mégantic. «On avait de l’eau jusqu’aux épaules», explique le survivant qui craignait recevoir des débris dû aux violentes explosions «qui continuaient à se produire.»
La scène est terriblement choquante. M. Paradis avoue s’être complètement isolé après l’accident. «Je ne pouvais plus faire mon épicerie... et j’ai perdu mon emploi», lance ce dernier. «Je suis traité pour un choc post-traumatique pour le reste de mes jours.»
Le drame, admet M. Paradis, n’est pas survenu uniquement le soir de l’accident. «La vraie tragédie survient dans les jours, les semaines, les mois et les années qui ont suivi» cette soirée d’été fatidique qui a secoué le Québec.
L’un des éléments les plus difficiles à vivre pour Jean Paradis est la perte de trois amis proches. L’une d’elles, Natacha Gaudreau, s’était déplacée au Musi-Café notamment en raison d’une invitation de Jean Paradis. «Je me sens un peu responsable», lâche M. Paradis. «Si elle ne m’avait pas rencontré, peut-être ne serait-elle pas sortie.»
Pour Jean Paradis, comme bien d’autres citoyens de Lac-Mégantic, le 10e anniversaire du désastre signifie avant tout «un devoir de mémoire pour toutes les victimes de la tragédie».
M. Paradis affirme que des étapes difficiles restent à venir. Il estime que d’autres «victimes collatérales» de cet évènement pourraient être faits dans un avenir non lointain, si «la voie de contournement se dessine».