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Même si leur site internet porte à croire qu’il s’agit d’une entreprise québécoise, les produits viennent pourtant de la Chine. La journaliste spécialisée en désinformation, Camille Lopez, a constaté que les bijoux vendus par l’Atelier d’Émelie sont en vente sur Amazon, Temu et Shein, des géants de la vente numérique.
Des dizaines de personnes sont d’ailleurs tombées dans le panneau. Ghyslaine Smith a acheté environ 50$ de marchandises et n’a toujours pas reçu son colis. «Je suis un peu frustrée parce que je n’ai pas de retour et qu’ils continuent à faire la promotion de leurs produits comme si c’était ce que je pensais que c’était et ce n’est absolument pas ça», déplore-t-elle en entrevue.
Sur le site de Fraude alerte, on retrouve des douzaines de témoignages similaires à celui de Mme Smith.
Le processus utilisé par l’entreprise est en fait du dropshipping, soit lorsqu’un vendeur fait affaire avec un fournisseur et un expéditeur externe pour envoyer la marchandise aux clients.
En soit, le dropshipping, ou livraison directe, n’est pas illégal, mais certains malfaiteurs jouent sur les émotions des gens en prétendant créer des œuvres ou des produits de leurs propres mains. Le tout est souvent agencé de publications touchantes sur les réseaux sociaux.
Comme l’explique sur son site la populaire plateforme de commerce en ligne Shopify, «Lorsque vous ouvrez un site cybercommerce sans stock grâce au dropshipping, votre avantage concurrentiel ne sera pas votre prix ou des produits exclusifs uniques. Votre réussite dépendra de votre capacité à atteindre vos clients avant que vos concurrents ne le fassent.»
En gros, un commerçant pourrait décider de vendre des produits disponibles sur des sites comme le populaire AliExpress sans se soucier de l’entreposage ou de la gestion de ses produits. À chaque vente, le commerçant pratiquant le dropshipping fera une commande sur AliExpress qui s’occupera ensuite de la livraison du produit vers l’acheteur.
Or, ce processus de revente de produits permet habituellement aux commerçants de faire grossir ses marges en vendant, par exemple, des boucles d’oreilles à 15$ qui ont pourtant été achetées d’un manufacturier qui les vendait à moins de 2$.
Les choses se corsent un peu plus lorsqu’on s'aperçoit que l'histoire de la «grand-mère d’Émelie» a également été reprise mot à mot sur d’autres pages Facebook — en modifiant le nom de la boutique afin de cibler des personnes différentes, parfois québécoises, parfois françaises.
Le site de l’Atelier d’Émelie n’existe pas non plus depuis «quelque temps» comme le suggère sa page Facebook. En fait, la page web n’est active que depuis le 5 janvier dernier. De plus, les administrateurs de sa page Facebook habitent le Madagascar, la France, le Maroc et l’Espagne.
Bien que la livraison directe soit un processus de vente légal, la fausse représentation d’un produit contrevient à Loi sur la protection du consommateur et est passible de poursuite pénale et d’amendes pouvant aller jusqu’à 100 000$. Des articles sont également prévus au Code civil pour les consommateurs victimes de ces mauvaises pratiques.
L’Office de la protection du consommateur rappelle qu’il est préférable de faire ses achats en ligne avec une carte de crédit, car celles-ci permettent la rétrofacturation en cas de réclamation ou de services non reçus ou de biens non livrés.
Les détails dans le reportage de Camille Lopez.