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Le gouvernement Trudeau a dépensé plus de 84 M$ entre mars 2021 et novembre 2022 pour des contrats attribués à la firme de consultants.
L’opposition à Ottawa souhaite «forcer» la tenue d'une enquête parlementaire afin de «connaître tous les détails» en lien avec les contrats attribués à la firme McKinsey.
«Et aussi pour mieux connaître l’influence que cette entreprise-là joue dans le gouvernement libéral», a ajouté le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre lors d’une conférence de presse, mardi.
La semaine dernière, on apprenait que le gouvernement Trudeau avait dépensé plus de 84 millions $ entre mars 2021 et novembre 2022 pour des contrats attribués à la firme de consultants.
Selon des documents fournis en réponse aux conservateurs, c'est le ministère de la Défense nationale qui a eu le plus recours aux services de la firme.
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M. Poilievre estime que le gouvernement doit fournir des réponses sur le sujet, et avec l'appui des autres partis d'opposition, il déposera une motion pour que le Comité permanent des opérations gouvernementales enquête.
«La motion que nous allons déposer va obliger le gouvernement à rendre publics tous les documents, tout le bilan du travail, tout l'argent impliqué, toutes les conversations, tous les textos, les courriels», a-t-il expliqué.
À son tour, le chef du Bloc québécois (BQ), Yves-François Blanchet a pris la parole sur «l’affaire McKinsey».
«Pourquoi est-ce que le gouvernement du Canada a cédé ces prérogatives par contrat à une privée entreprise étrangère? En quoi est-ce que ça sert le bien commun?» s’est questionné M. Blanchet.
La demande du BQ est «claire»: l'accès à l’entièreté des contrats non caviardés.
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet accompagné de ses députés. Crédit photo: CPAC
Sur le plan idéologique, M. Blanchet est d’avis qu’il y a également un enjeu lié à la sous-traitance du travail parlementaire.
«Qu’on remplace l’expertise, qu’on se substitue à l’expertise, ou même à la limite, qu’on écarte l’expertise d’une fonction publique pour dicter des règles et des pratiques, c’est discutable», a exprimé le chef du BQ.
Le Comité des opérations gouvernementales poursuit des enquêtes parlementaires, dont les résultats sont publics, mais qui n’ont pas la portée d’une «pleine» enquête publique similaire à la Commission Rouleau sur l’état d’urgence. Cependant, M. Poilievre ne ferme pas la porte à cette possibilité selon les découvertes de l’enquête parlementaire.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui réclame aussi une enquête parlementaire, a souligné qu'il s'inquiète également de l'aspect de sous-traitance.
«Le Canada dispose d'une solide fonction publique qui peut faire le travail à une fraction du coût des contrats octroyés. Il n'y a donc aucune raison pour que M. Trudeau choisisse de remettre des poches d'argent à ses amis milliardaires à la place», a déploré, dans une déclaration écrite, le porte-parole néo-démocrate en matière d'éthique, Matthew Green. L'élu a tenu à préciser que sa formation politique souhaite que l'enquête parlementaire soit «approfondie».
Appelé à réagir à la demande d'enquête exprimée par les principaux partis d'opposition, le bureau de la ministre de l'Approvisionnement, Helena Jaczek, a assuré, par courriel, que les libéraux allaient «travaill(er) avec le comité si une motion est adoptée à ce sujet».
«La ministre Jaczek prend ces préoccupations au sérieux. Nous continuons à maintenir les normes les plus élevées d'ouverture, de transparence et de responsabilité fiscales», a-t-on déclaré.
L'équipe de Mme Jaczek a aussi souligné n'avoir reçu aucune demande officielle du comité en question, pour l'heure.
Dans une déclaration accessible en ligne, le cabinet-conseil McKinsey a reconnu qu'il est vrai que le gouvernement canadien a davantage recouru à ses services au cours des dernières années qu'auparavant. L'entreprise établie à New York a tenu à affirmer que tout a été fait dans les règles de l'art.
«Bien que le volume de nos mandats pour les ministères du gouvernement canadien ait augmenté au cours des dernières années, tout comme le volume des mandats de consultation donnés en impartition en général, des renseignements inexacts ont circulé sur la façon dont nos services ont été retenus et sur la nature de nos mandats», a-t-on soutenu.
On a ajouté que le «travail auprès du gouvernement canadien est entièrement non partisan et se concentre sur des points de gestion fondamentaux, tels que la numérisation et l'amélioration du fonctionnement».
Finalement, McKinsey a précisé qu'elle ne formule «aucune recommandation sur les politiques en matière d'immigration ou sur quelque autre sujet que ce soit». Dans son récent article, Radio-Canada a rapporté que le ministère de l'Immigration est celui qui a le plus souvent eu recours aux services de la firme depuis 2015, «avec 24,5 millions $ accordés pour des conseils en gestion».
Avec des informations de la Presse canadienne.