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La consultation en question avait commencé le 19 juin dernier.
Sur fond de discorde avec le gouvernement Legault, le ministre de l’Environnement du Canada, Steven Guilbeault, a annoncé mardi la prolongation de la période de consultation pour un décret d’urgence visant à protéger le caribou.
La consultation en question avait commencé le 19 juin dernier et est maintenant prolongée jusqu'au 15 septembre prochain.
M. Guilbeault a justifié cette décision par les demandes de plusieurs communautés autochtones québécoises et parties prenantes.
«Cette prolongation vise à octroyer davantage de temps aux différents acteurs concernés afin de participer adéquatement à ces importantes consultations, tout en respectant la nature urgente de la situation», a indiqué le ministre par voie de communiqué.
Le gouvernement fédéral prolonge la période de consultation pour un décret d’urgence visant à protéger le #caribou : Déclaration du ministre de l’Environnement et du Changement climatique, l’honorable Steven Guilbeault. #EspècesEnPérilhttps://t.co/01OQlrVwWn
— GC Salle de Presse (@salledepresseGC) August 6, 2024
Il estime également que ce délai supplémentaire permettra au gouvernement Legault d'élaborer une stratégie «globale» pour protéger le caribou boréal et assure qu'il pourra bénéficier de la collaboration et du soutien d'Ottawa.
«Sans stratégie adéquate et face à la menace pour le caribou, nous avons une responsabilité légale d’intervenir pour assurer la survie de l’espèce», ajoute M. Guilbeault.
En juillet dernier, le ministre de l'Environnement du Québec, Benoit Charette, ainsi que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, avaient signifié à Steven Guilbeault qu'ils ne participeraient pas aux rencontres de consultation entourant l’élaboration d’un éventuel décret d’urgence pour protéger le caribou.
Les ministres soutenaient alors que le décret d’urgence annoncé par Ottawa représentait une «décision unilatérale et illégitime du gouvernement fédéral, laquelle est rejetée catégoriquement par le Québec».
La démarche d'Ottawa «constitue un affront inqualifiable et s’inscrit en opposition au respect du partage des compétences constitutionnelles entre les ordres de gouvernement», selon les deux ministres.
Non seulement Québec ne participera pas aux consultations qui servent à préciser la portée du décret, mais «le gouvernement fédéral devra pleinement assumer les conséquences économiques et sociales de sa décision», font valoir les ministres.
Parmi ces conséquences, la province estime qu'il y aura «une perte d’un minimum de 2000 emplois, et ce, uniquement pour les zones provisoires projetées».
Ottawa «devrait ainsi porter l’odieux d’amener plus de 2000 familles dans la précarité», peut-on lire dans la lettre adressée à Steven Guilbeault.
Ces pertes d'emplois résulteraient de la baisse projetée de la possibilité forestière.
À l’échelle du Québec, le décret fédéral sur le caribou provoquerait une baisse de 4,1 % de la possibilité forestière, ce qui équivaut à 1,4 million de mètres cubes de bois par année, selon une analyse publiée la semaine dernière par le forestier en chef du Québec, Louis Pelletier.
Le fédéral compte plutôt imposer un décret à Québec afin de forcer la province à protéger les caribous dans trois zones de répartition: Val-d’Or, Charlevoix et Pipmuacan.
À Val-d’Or et Charlevoix, les caribous vivent en enclos à longueur d’année avec respectivement 9 et 30 individus et la harde de Pipmuacan compte moins de 300 bêtes.
La population de caribous est en déclin au Québec depuis plusieurs années et l’exploitation forestière est la principale cause de cette précarité, en raison notamment des chemins forestiers qui détruisent l’habitat et favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme l’ours et le loup.
La Presse Canadienne a demandé à la ministre Maïté Blanchette Vézina s’il était possible de récolter le bois des forêts sans détruire l'habitat du caribou, la ministre a répondu ceci: «On mise sur un équilibre. On croit qu'on peut trouver cet équilibre-là. C'est ce qu'on fait avec les projets qui sont déposés en Gaspésie notamment, puis dans Charlevoix. Ce n'est pas une cloche de verre. C'est vraiment une volonté de oui, protéger l'habitat — d'ailleurs, on a déjà fermé plus de 650 km de chemins forestiers pour éviter la perturbation de l'espèce —, mais aussi continuer les activités économiques, parce qu’il y a plusieurs régions du Québec qui sont tournées vers l'industrie forestière».
En avril dernier, Québec a manifesté son intention d'investir 59,5 millions $ pour mettre en œuvre des projets de protection des caribous pour trois des 13 populations de caribous de la province.
Mais le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s'attendait à ce que le gouvernement Legault dépose une stratégie de protection pour toutes les populations de caribou, comme convenu dans une entente de principe signée en août 2022 entre le fédéral et le provincial.
Selon l’entente, les mesures mises en place pourraient permettre «d’atteindre un pourcentage de 65 % d’habitat non perturbé» dans chacune des aires de répartition du caribou.
Malgré une succession d'annonces pour protéger l'espèce, Québec n'a pas présenté de stratégie qui permettrait d'atteindre cet objectif.
Avec de l'information de Stéphane Blais pour La Presse canadienne.