Élections: il s'agit de la «plus grande erreur stratégique» des conservateurs

L'énergie qui animait la campagne de Pierre Poilievre, palpable lors des rassemblements qui attiraient des milliers de participants, avait convaincu certains que les sondages et les projections annonçant le résultat de lundi étaient tout simplement erronés.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Quelques mois plus tôt, les conservateurs semblaient pourtant bien partis pour remporter haut la main les élections de 2025, bénéficiant d'une avance considérable sur les libéraux de l'ancien premier ministre Justin Trudeau. Que s'est-il donc passé?

Si de nombreux experts attribuent le succès de Carney aux menaces que fait peser le président américain Donald Trump sur l'économie et la souveraineté du Canada, le stratège politique Kory Teneycke estime que le parti de Poilievre a commis une erreur cruciale bien avant l'annonce des droits de douane américains.

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«La plus grande erreur stratégique des conservateurs dans cette campagne électorale a été de s'acharner sur Justin Trudeau et les libéraux avec des dizaines de millions de dollars de publicité», a-t-il indiqué à CTV News lors de la couverture des élections lundi.

Des années d'attaques avaient fait chuter Trudeau à moins de 20% dans les sondages au moment de sa démission en janvier, laissant Poilievre sans cible politique privilégiée, selon M. Teneycke, qui a mené les progressistes-conservateurs de l'Ontario à trois gouvernements majoritaires consécutifs en tant que directeur de campagne du premier ministre Doug Ford.

«Si Pierre Poilievre avait lutté contre Justin Trudeau – en gardant tout le reste inchangé – nous aurions une majorité conservatrice ce soir», a-t-il ajouté. «Nous avons été trop durs pendant la campagne et nous nous sommes débarrassés de celui qui allait nous apporter la victoire.»

Les observateurs politiques ont également souligné la réticence initiale de Poilievre à s'élever contre Trump, au début de la guerre commerciale déclenchée par le président américain, comme un facteur ayant contribué à la malchance des conservateurs.

Kory Teneycke, qui a fait la une au début du mois en accusant l'équipe de Poilievre de «malversations électorales», a reconnu qu'il s'agissait d'une erreur stratégique, mais a déclaré que d'autres erreurs commises en cours de route pourraient hanter le parti pendant des années.

«Je pense qu'il faut se demander si le type de campagne menée par les conservateurs a tellement effrayé les électeurs du NPD qu'ils ont renoncé à leur préférence électorale de plusieurs décennies pour voter libéral en faveur d'un banquier de Bay Street», a-t-il expliqué.

Le NPD a perdu son statut de parti et son chef, Jagmeet Singh, après avoir échoué à se faire réélire dans sa circonscription de Burnaby South, a déjà annoncé qu'il démissionnerait.

Pendant ce temps, les conservateurs, malgré la déception de leurs partisans optimistes, devraient remporter des dizaines de sièges, un résultat qui satisfait certains initiés quant à la performance du parti.

«Il faut reconnaître que le Parti conservateur a renforcé sa base à un niveau historique», a mentionné M. Teneycke. «Mais ce faisant, il a peut-être repoussé ses objectifs si cela entraîne l'effondrement du NPD.»

L'analyste et conseiller politique libéral chevronné Scott Reid a déclaré que Carney méritait également beaucoup de crédit pour avoir ressuscité un parti qui était « mort et enterré, recouvert de terre et de feuilles » au moment du départ de Trudeau.

«Quelqu'un qui ne s'était jamais présenté à une élection, qui n'avait jamais occupé de fonction élective, est arrivé et a accompli quelque chose d'étonnant et d'inédit dans l'histoire électorale du Canada», a précisé M. Reid à CTV News.