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Politique

Fermetures de succursales de la SAQ: des élus déplorent le silence d'Eric Girard

Les élus font valoir que la fermeture des huit succursales entraînera notamment la dévitalisation des centres-villes.

Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne

Le gouvernement refuse d'intervenir pour stopper la fermeture de huit succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ) dans les centres-villes.

Une coalition d'élus municipaux et d'organismes avait lancé à la mi-mai un appel au ministre des Finances, Eric Girard, qui est responsable de la SAQ, pour qu'il intervienne.

Mais le cabinet du ministre a fait connaître sa réponse en fin de journée mercredi: c'est non.

Les cinq succursales qui sont condamnées sont celles de Stanstead; de Promenade du Portage, à Gatineau; de Baie-d'Urfé; du Campanile, à Québec; et de Ville-Émard, à Montréal.

Au début du mois, la SAQ avait annoncé la fermeture de trois succursales, dans le secteur Chicoutimi, à Saguenay, à Rivière-Bleue, dans le Témiscouata, et à Brossard, en Montérégie.

Encore mercredi midi, les représentants de la coalition déploraient le silence du ministre en conférence de presse, mais finalement, le cabinet du ministre des Finances a transmis à La Presse Canadienne une courte déclaration.

«Les contribuables s'attendent à ce que la SAQ évolue et soit rigoureuse dans ses décisions d'affaires tout en s'assurant de bien desservir sa clientèle», peut-on lire.

«La fin d'un bail (d'une succursale) est l'occasion d'évaluer la pertinence d'un point de vente et les changements à apporter s'il y a lieu pour assurer une offre de service. Pour les succursales en question, le constat est que la pertinence de la SAQ dans cet emplacement n'est plus au rendez-vous.»

Au cours d'une conférence de presse devant l'Assemblée nationale mercredi, un des membres de la coalition, le directeur de l'organisme Vivre en ville, Christian Savard, avait dénoncé le silence du ministre.

«Je crois même que les maires et mairesses lui avaient écrit et à ma connaissance, il n'y a pas encore eu de réponse. Ce silence est assez troublant, parce que vous voyez aujourd'hui le cri du coeur des communautés.»

La Presse Canadienne avait aussi demandé par courriel une réaction à la SAQ dès le 26 mai dernier, mais la SAQ n'a pas encore répondu à nos questions.

À l'inverse de son collègue M. Girard, la ministre Geneviève Guilbault, elle, a demandé au président de la SAQ, Jacques Farcy, de s'expliquer sur la fermeture d'une succursale au Campanile, dans sa circonscription de Louis-Hébert (Québec).

«On peut compter sur son appui (de Mme Guilbault)», a assuré le président de l'Association des gens d'affaires du Campanile, Jean-Luc Lavoie.

Présent aussi à la conférence de presse, le député Guillaume Cliche-Rivard, de Québec solidaire (QS), a dit qu'il allait solliciter une rencontre avec M. Girard `rapidement'.

M. Cliche-Rivard a déposé mercredi une pétition de plus de 7000 noms à l'Assemblée nationale demandant d'`annuler immédiatement les huit fermetures de succursales annoncées', ainsi qu'un moratoire `sur les fermetures de succursales de la SAQ jusqu'à l'adoption d'une politique de responsabilité territoriale cohérente avec les objectifs de l'État en matière d'aménagement du territoire'.

Les élus font valoir que la fermeture des huit succursales entraînera notamment la dévitalisation des centres-villes, en raison de l'achalandage qu'elles amenaient dans les commerces avoisinants.

«C'est la vitalité des artères qui est en jeu», craint M. Lavoie, qui plaide que l'État va en souffrir au bout du compte.

«La baisse de la fréquentation des artères fera diminuer les montants de taxes perçus par les marchands.»

À ses côtés, la présidente de l'Ordre des urbanistes, Nathalie Prud'homme, a confirmé que les succursales de la SAQ situées rue principale ont un `effet d'entraînement important' sur la fréquentation des commerces avoisinants.

De son côté, la SAQ plaide que les succursales visées ne sont pas suffisamment rentables.

«Une succursale de la SAQ pas rentable, cela n'existe pas», a riposté M. Savard.

«La rentabilité à la SAQ est à géométrie variable'» a ironisé M. Lavoie.

Alors que la SAQ refuse de dévoiler le chiffre d'affaires des succursales visées malgré les demandes des élus, M. Lavoie dit avoir obtenu des données sur la succursale du Campanile, qui aurait augmenté ses ventes de 4 % par rapport à une baisse moyenne de 0,8 % dans les autres succursales de Québec.

M. Cliche-Rivard a renchéri: `Il y a des commerçants locaux qui me disent: si j'avais ce chiffre d'affaires et que je pensais fermer, je serais un piètre homme d'affaires. Je pose la question au ministre: est-il un piètre homme d'affaires?'

Christian Savard a conclu en interpellant lui aussi M. Girard et en rappelant le rôle du gouvernement dans la gestion des sociétés d'État.

«La SAQ garde son plan de match, mais c'est le gouvernement qui lui qui donne sa mission et son orientation, au premier chef le ministre des Finances. C'est lui qui doit agir pour remettre la SAQ dans le droit chemin.»

Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne