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Environnement

Jour de la Terre: une manifestation à Montréal sous le thème du transport collectif

«Ça prendrait un financement public beaucoup plus massif que celui qu'on a en ce moment.»

Des gens participent à un rassemblement pour le Jour de la Terre à Montréal, le samedi 26 avril 2025.
Des gens participent à un rassemblement pour le Jour de la Terre à Montréal, le samedi 26 avril 2025.
/ La Presse canadienne

Plus d'une centaine de manifestants ont marché sous la pluie, samedi, à Montréal, à l'occasion du Jour de la Terre, qui met l'accent cette année sur la nécessité d'un meilleur financement des transports collectifs publics. 

Le thème choisi porte sur le transport collectif puisqu'il s'agit d'une action concrète qu'il est possible de poser dès maintenant pour l'environnement. C'est ce qu'a expliqué en entrevue Leeloo Vernet, du Front commun pour la transition énergétique, qui est l'un des organismes qui organisent la manifestation. 

Pour que le transport collectif soit une véritable alternative à l'automobile solo et qu'il puisse être accessible à tous, le gouvernement provincial doit rehausser le financement qui lui est accordé, plaide la militante. 

«Ça prendrait un financement public beaucoup plus massif que celui qu'on a en ce moment, ne serait-ce que pour maintenir le réseau, mais aussi pour le moderniser, pour améliorer l'accessibilité par exemple des stations de métro, l'accessibilité des bus, pour financer des mesures de tarification sociale», fait valoir Mme Vernet. 

Plusieurs regroupements de citoyens, des syndicats et des organismes étaient sur les lieux, dont Mères au front, qui a coorganisé la manifestation. «On est là, Mères au front, pour militer pour l'avenir de nos enfants, pour leur assurer un avenir dans la ville où il fait bon vivre, où le trafic ne nuit pas à leur bon développement. Donc, désengorger, dépolluer, puis rendre tout le monde heureux grâce à des transports collectifs publics qui sont financés adéquatement par nos gouvernements», a commenté, Gabrielle Spénard-Bernier, codirectrice à Mères au front. 

«Ce qu'on demande, a indiqué Mme Vernet, c'est vraiment un service public pérenne pour nos réseaux de transports collectifs qui permettraient à la fois d'offrir des emplois de qualité, mais aussi un service de qualité accessible à tous et pas seulement à ceux qui peuvent se le payer, qui ont un autobus qui passe à côté de chez eux et qui peuvent monter dedans.»

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La porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, qui était présente lors de la manifestation, estime que le thème du transport collectif public est «très important» dans la lutte aux changements climatiques. 

Elle déplore que le gouvernement Legault choisisse d'investir dans le 3e lien au lieu de mettre l'argent nécessaire dans le transport en commun. Elle souligne que d'investir dans le transport routier coûte jusqu'à cinq fois plus cher que les transports collectifs.

«Alors que le gouvernement cherche de l'argent dans un budget déficitaire, c'est fou qu'on n'investisse pas dans le transport en commun parce que c'est rentable, mentionne la députée solidaire. Et investir dans le transport en commun, ce n'est pas de demander aux gens de faire des sacrifices personnels. Il faut que ça soit rentable, abordable, il faut que ça soit confortable, et les gens le prendraient. Il y a une demande pour ça, mais encore faut-il que l'offre soit suffisante.»

Manifester, encore pertinent? 

Les enjeux environnementaux ont déjà occupé une plus grande place dans les débats sociopolitiques qu'à l'heure actuelle. En 2019, la jeune militante suédoise Greta Thunberg était venue manifester en compagnie des Québécois. Ils étaient un demi-million à marcher dans les rues de Montréal. 

Mme Vernet est d'avis que de marcher dans la rue a un impact, même s'il est peu probable d'atteindre une foule aussi impressionnante dans un futur rapproché. «Manifester, oui, ça fait du sens, parce qu'on montre qu'on est beaucoup à vouloir ça, puis surtout, ça justifie d'autres actions, dit-elle. Après, on sera capable de dire: on a essayé, on est allé dans la rue, on a essayé de vous dire, et puis vous ne nous écoutez pas.»

Lorsqu'on lui demande si c'est encore pertinent de manifester, Ruba Ghazal est catégorique. «Ça sert à quelque chose. Plus on est nombreux, plus les gouvernements voient ça», dit-elle. 

Or, certains militants se découragent à force de ne pas être entendus. «Je peux comprendre qu'il y a une partie de la population qui se dit: mais à quoi ça sert, parce qu'on n'est pas écoutés. C'est grave parce que ça montre en fait que le dialogue est un peu brisé parce que le gouvernement n'écoute jamais, déplore-t-elle. Si le gouvernement continue à faire la sourde oreille comme ça, je peux comprendre qu'il va y avoir d'autres moyens qui vont être utilisés de plus en plus.»

Il existe plusieurs façons de se mettre en action pour l'environnement. «Ce qu'on voit en ce moment, c'est que les gens se mobilisent de plein d'autres façons différentes, il y a des blocages citoyens, comme contre Stablex par exemple», indique-t-elle. 

Elle faisait référence aux nombreux manifestants qui se sont réunis à Blainville lors d'une journée pluvieuse au début du mois pour afficher leur position contre le projet d'expansion sur un terrain à haute valeur écologique de l'usine Stablex, qui enfouit des déchets industriels dangereux. 

Ruba Ghazal a dit comprendre que des gens «se sentent parfois cyniques», mais elle a rappelé que des victoires ont été rendues possibles par le passé grâce à la mobilisation citoyenne, citant entre autres l'abandon du projet GNL Québec. 

D'autre part, des partis fédéraux se sont invités dans la manifestation de samedi, notamment Nimâ Machouf, candidate pour le Nouveau Parti démocrate et le cochef du Parti vert, Jonathan Pedneault, étaient parmi la foule. 

Les enjeux environnementaux ont été éclipsés des débats électoraux cette année, les tensions commerciales avec les États-Unis s'étant imposées comme la question de l'urne. «On a si peu parlé de l'environnement tout au long de la campagne fédérale. Je trouve ça ''le fun'' que malgré la pluie, malgré le mauvais temps, il y ait autant de Montréalais qui se soient rassemblés aujourd'hui pour démontrer que l'environnement est important», s'est-il réjoui. 

M. Pedneault fait par ailleurs partie de ceux qui croient que manifester est essentiel pour faire valoir des revendications. «Il faut les utiliser ces leviers-là, le public doit emmerder les politiciens encore plus et c'est pour ça qu'on est ici», a-t-il conclu. 

/ La Presse canadienne