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Politique

Quatre des cinq principaux partis s'engagent à réduire la pollution plastique

Le plastique est tellement présent dans nos vies qu’il se retrouve dans l’eau que l’on consomme, dans l’air que l’on respire, et de plus en plus, dans nos organes.

Une sculpture intitulée « Giant Plastic Tap » (Robinet géant en plastique) de l'artiste canadien Benjamin Von Wong est exposée à l'extérieur de la quatrième session du Comité intergouvernemental de négociation (CIN-4) sur la pollution par les plastiques, à Ottawa, le lundi 22 avril 2024.
Une sculpture intitulée « Giant Plastic Tap » (Robinet géant en plastique) de l'artiste canadien Benjamin Von Wong est exposée à l'extérieur de la quatrième session du Comité intergouvernemental de négociation (CIN-4) sur la pollution par les plastiques, à Ottawa, le lundi 22 avril 2024.
/ La Presse canadienne

Les particules de plastique sont tellement présentes dans nos vies qu’on en retrouve même dans les organes humains. Quatre des cinq principaux partis fédéraux promettent de renforcer les politiques visant à lutter contre la pollution de ce dérivé du pétrole, tandis que le Parti conservateur du Canada veut plutôt abolir «l'interdiction des plastiques imposés par les libéraux».

Le plastique est tellement présent dans nos vies qu’il se retrouve dans l’eau que l’on consomme,  dans l’air que l’on respire, et de plus en plus, dans nos organes.

«Depuis les années 2000, on est exposé vraiment beaucoup aux microplastiques. On en retrouve à peu près dans tous les organes et tous les liquides biologiques. Entre autres dans le liquide amniotique chez les femmes enceintes, dans les placentas, puis, on sait que ça traverse la barrière hématoencéphalique chez les enfants, donc on en retrouve aussi au niveau cérébral», a expliqué Cathy Vaillancourt, professeure à  l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Les particules de plus en plus présentes dans le corps humain proviennent de fibres et de billes qui sont utilisées dans certains produits de beauté et de nettoyage ou alors de la dégradation d'articles de plastique plus gros.

«Les microplastiques ou les nanoplastiques viennent de la décomposition des plastiques qu'on utilise de manière courante, que ce soit les sacs de plastique ou les bouteilles», a expliqué la professeure Vaillancourt, spécialiste de l'implication des facteurs environnementaux sur la neuroendocrinologie du placenta humain.

Les particules de plastique pénètrent dans l’environnement de multiples façons, parfois sous forme de détritus ou à partir de tas d’ordures non gérés. Parfois, ces particules de plastique proviennent de dépotoirs, où le plastique se décompose lentement, s’infiltre dans le sol ou est emporté dans les cours d’eau.

La recherche médicale a établi un lien entre les plastiques et une myriade de problèmes de santé, notamment l’infertilité, un taux plus élevé de fausses couches et certains cancers.

Selon une toute nouvelle étude américaine, le cerveau humain contient en moyenne une cuillerée de microplastiques et de nanoplastiques, et on ne peut pas exclure que cela ait un lien avec l’explosion des cas de démence.

«C’est vraiment important de diminuer la pollution plastique» et ça passe par la «diminution de la production de plastique», a indiqué la professeure à l’INRS.

Diminuer la prolifération du plastique

Depuis deux ans, des pourparlers ont lieu entre 170 pays, dont le Canada,  pour parvenir à un traité mondial contre la pollution plastique.

Le Bloc Québécois (BQ), le Nouveau Parti démocratique (NPD), le Parti vert du Canada et le Parti libéral du Canada (PLC) s’engagent à collaborer avec d’autres pays pour élaborer un traité mondial visant à mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040.

Ces quatre partis sont également d’accord pour élargir l’interdiction des plastiques à usage unique au Canada.

Dans le cadre de la présente campagne électorale, la fondation David Suzuki, en collaboration avec plusieurs autres organisations, a envoyé un formulaire comportant une série de questions portant sur l’environnement aux différents partis politiques fédéraux. 

Ces partis, à l’exception du PCC, ont fourni des réponses détaillées aux questions de la fondation David Suzuki concernant la prolifération du plastique dans l'environnement.

«Le Canada s'est engagé à conclure un accord final négocié avant la fin de l'année pour mettre fin à la pollution plastique. Il s'agirait de l'une des décisions environnementales les plus importantes depuis l'Accord de Paris et le Cadre mondial pour la biodiversité de Montréal-Kunming», a écrit le PLC.

Pour sa part, le BQ a indiqué qu’il «donne son appui à l’objectif zéro déchet plastique, qui vise à mieux prévenir, réduire, réutiliser, récupérer, recueillir et nettoyer les déchets de plastique et la pollution au Canada et au Québec».

Les déchets plastiques «menacent notre écosystème, notre biodiversité et la santé de nos populations», a déclaré le NPD, qui a appelé à réduire la production de plastique.

«La pollution plastique menace la santé humaine, la faune et le climat» et «nous éliminerons progressivement le plastique non essentiel des emballages, des biens de consommation et des marchés publics», a écrit le Parti vert.

Plaidoyer en faveur du plastique

Alors que les autres partis s’entendent pour élargir l’interdiction des plastiques à usage unique, les conservateurs veulent ramener «les pailles, les sacs d’épicerie et d’autres articles, afin de rendre la vie plus abordable et plus pratique pour les Canadiens, pour faire changement », selon ce qui est écrit sur le site web du parti.

Vendredi dernier, Pierre Poilievre a dénoncé l'interdiction des plastiques par le gouvernement libéral, qui, selon lui, augmente le prix de la nourriture et affectera la conservation des aliments.

Lors d’une conférence de presse dans une entreprise de recyclage du plastique dans l’est de Montréal, le chef conservateur a fait valoir que les déchets plastiques, comme les emballages alimentaires, étaient «éliminés en toute sécurité», et qu'ils «sont souvent recyclés».

Le déchet le moins polluant est celui qu’on ne produit pas

En entrevue avec La Presse Canadienne, Lisa Gue, responsable des politiques nationales à la Fondation David Suzuki, a tenu à rappeler que seulement 9 % des 4,4 millions de tonnes de déchets plastiques jetés chaque année au pays étaient recyclés, selon les données d'Environnement et Changement climatique Canada.

«La quantité de ce qu’on est capable de recycler est très limitée».

«Mais en ce jour de la Terre», a ajouté l’environnementaliste, «il serait bon de se rappeler la pyramide des déchets», un concept qui repose sur l’idée que le déchet le moins polluant est celui qu’on ne produit pas.

«Il faut réduire la quantité de plastique, ensuite essayer de réutiliser la matière, et le recyclage, ça représente vraiment le dernier recours».

Pour réussir à diminuer les impacts de la pollution du plastique dans l’environnement, dans les cours d’eau, dans le corps des humains et des autres espèces, «il faut vraiment réduire la production», a précisé Lisa Gue en soulignant le rôle que peut jouer le Canada en tant que producteur de plastique, un produit dérivé du pétrole.

Selon Statistique Canada, à l’échelle nationale, la production et les importations de plastique sont passées de 5,6 millions de tonnes en 2012 à près de 7,1 millions de tonnes en 2019, et à un peu plus de 7,1 millions de tonnes en 2020.

Si les pays n’interviennent pas dans le marché, la production mondiale de plastique devrait atteindre 736 millions de tonnes d’ici 2040, soit une augmentation de 70 % par rapport à 2020, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques.

/ La Presse canadienne