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Statistique Canada précise que l'accélération de la croissance en mai a été principalement attribuable à la hausse des prix de l'essence, lesquels ont augmenté de 12 % par rapport au mois précédent.
La flambée des prix de l'essence a fait grimper l'inflation annuelle à son plus haut niveau en près de 40 ans en mai, alors que la hausse du coût de la vie pour les Canadiens a comprimé les budgets des ménages et a renforcé les attentes de hausse «surdimensionnée» de taux d'intérêt de la part de la Banque du Canada le mois prochain.
L'indice des prix à la consommation de Statistique Canada a augmenté de 7,7 % en mai par rapport au même mois l'an dernier, enregistrant sa plus forte augmentation depuis janvier 1983, alors qu'il avait progressé de 8,2 %. L'inflation annuelle s'était établie à 6,8 % en avril.
L'économiste Leslie Preston, de la Banque TD, a noté qu'une génération de Canadiens se heurtait à une inflation élevée pour la première fois de leur vie.
«Si vous n'avez pas plus de 40 ans, vous n'avez jamais vécu une inflation comme celle-ci, et malheureusement, nous n'attendons pas beaucoup de répit pour l'avenir», a écrit Mme Preston dans un rapport.
Sur une base annuelle, les prix de l'énergie ont augmenté de 34,8 % le mois dernier et ceux de l'essence, de 48,0 %. En excluant les prix de l'essence, l'inflation annuelle est passée à 6,3 % en mai, alors qu'elle était de 5,8 % en avril.
La banque centrale a relevé son taux d'intérêt directeur à trois reprises jusqu'à présent cette année pour le porter à 1,5 %, et a signalé qu'elle était prête à «agir avec plus de vigueur» si nécessaire, ce qui a conduit les économistes à spéculer sur le fait qu'elle pourrait augmenter les taux de trois quarts de point de pourcentage le mois prochain.
La Réserve fédérale des États-Unis a elle-même haussé son taux directeur de trois quarts de point de pourcentage la semaine dernière, après la publication d'un rapport montrant que les prix à la consommation avaient augmenté de 8,6 % sur une base annuelle en mai.
L'économiste en chef de Desjardins, Jimmy Jean, a affirmé que plus des trois quarts des composantes de l'inflation avaient augmenté de plus de 3,0 %, soit l'extrémité supérieure de la fourchette cible de la Banque du Canada.
«Nous avons un taux de chômage record, des salaires en hausse, donc une économie qui est vraiment au-dessus de sa capacité actuelle et qui est vraiment dans l'arrière-cour des banquiers centraux», a observé M. Jean.
«On pourrait dire qu'il n'y a rien que nous puissions faire contre les chaînes d'approvisionnement et la pandémie et on connaît tous les chocs d'approvisionnement qui se sont produits, mais en ce qui concerne la demande intérieure et le fait que la demande est trop forte pour le niveau d'approvisionnement existant, c'est vraiment leur responsabilité.»
La moyenne des trois principales mesures de l'inflation qui sont surveillées de près par la Banque du Canada a atteint 4,73 % en mai, alors qu'elle avait été de 4,43 % en avril.
La sous-gouverneure principale de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, a déclaré mercredi que l'inflation nuisait aux Canadiens et rendait les biens et services inabordables.
«Nous savons que l'inflation empêche les Canadiens de dormir la nuit, elle nous empêche de dormir la nuit, et nous n'aurons pas de repos tant que nous ne l'aurons pas ramenée à la cible», a affirmé Mme Rogers lors d'un événement à Toronto.
«Nous avons toujours été clairs, l'économie est en demande excédentaire, l'inflation est trop élevée, les taux doivent augmenter.»
Statistique Canada a indiqué que le prix des aliments achetés dans les magasins avait augmenté de 9,7 % par rapport à l'an dernier, ce qui correspond à l'augmentation d'avril, le coût de presque tous les articles dans le panier d'épicerie ayant augmenté.
Le coût des graisses et huiles comestibles a augmenté de 30,0 % par rapport à il y a un an, principalement en raison de la hausse des prix des huiles de cuisson. Les prix des légumes frais ont grimpé de 10,3 %.
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Le coût des services a augmenté de 5,2 % sur un an le mois dernier, ce qui se compare à une progression de 4,6 % en avril, les Canadiens voyageant et mangeant plus souvent au restaurant.
Les prix de l'hébergement pour voyageurs ont augmenté de 40,2 % par rapport à il y a un an, tandis que le prix des aliments achetés au restaurant ont augmenté de 6,8 %.
L'économiste en chef adjoint de la Banque Royale, Nathan Janzen, a souligné que même si une grande partie de la croissance provenait de la hausse des prix de l'énergie et des aliments, les pressions sur les coûts s'étendaient à un plus large éventail de biens et de services.
Selon lui, lorsque les pressions sur les prix s'étendent à un ensemble plus large de biens et de services, il existe un risque que les attentes des consommateurs et des entreprises en matière de prix ne soient plus ancrées.
«Lorsque cela se produit, c'est un environnement où il est beaucoup plus difficile pour les banques centrales de maîtriser l'inflation», a-t-il affirmé.