Début du contenu principal.
La plupart des Québécois veulent un meilleur accès aux soins de santé et, à leur avis, laisser plus de place au secteur privé dans la gestion du système permettrait de rehausser la qualité des services — pourvu que l'État paie la facture...
La plupart des Québécois veulent un meilleur accès aux soins de santé et, à leur avis, laisser plus de place au secteur privé dans la gestion du système permettrait de rehausser la qualité des services.
C’est ce que révèlent les données colligées dans un sondage de la firme Mainstreet réalisé pour Noovo Info dans le cadre de la campagne électorale. Près de trois électeurs sur quatre (74 %) croient que l’intervention du privé en santé améliorerait l’accès aux soins — tant que le gouvernement finance entièrement cette présence accrue.
Crédit: Gerardo Toro | Noovo Info
À l’autre bout du spectre, ce sont 26 % des répondants qui ne sont pas favorables à voir le privé intervenir davantage dans ce secteur. C’est dans la tranche d’âge des 18 à 34 ans que l’on retrouve le plus d’opposition à un soutien du privé dans le système de santé (39,9%)
Les personnes de 65 ans et plus représentent la catégorie d’âge qui souhaite le plus voir le système être privatisé si cela améliore les soins — 50,4% d’entre elles sont «complètement en accord» et 25,4% sont «plutôt d’accord».
Appelé à analyser les résultats du sondage, Me Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades, estime que «si le privé peut nous aider à accélérer l’accès à des soins et éviter que certaines personnes tombent encore plus malades, [...] on ne peut pas être contre.»
«Pourvu que ça soit l’État qui paie», dit l’avocat en entrevue avec Noovo Info.
SONDAGES NOOVO INFO-MAINSTREET
Si cette ouverture existe, c’est sans doute parce que les mesures implantées par Québec pour faciliter l’accès à un médecin de famille sont loin de satisfaire les Québécois, si on se fie aux réponses des participants au sondage. Au moins 68 % trouvent que Québec devrait en faire plus en la matière, tandis que 32 % sont relativement heureux des actions posées par le gouvernement.
Crédit: Gerardo Toro | Noovo Info
La classe politique n’ignore sans doute pas ce niveau d’insatisfaction. Le jour de l’élection approche à grands pas et les annonces et engagements en santé se multiplient d’un parti à l’autre. Mais le défi est de taille, comme en fait foi le surnom du système de santé québécois — le «mammouth».
«Tout le monde veut un système de santé qui est généreux et auquel on aura accès si on en a besoin. Je commence à croire que cela ne se fera pas à court terme», calcule Me Brunet, qui dénonce l'attente pour les chirurgies, les soins de longue durée ou une consultation chez le psychologue.
Jusqu’à ce que le réseau devienne «un employeur de choix tel que promis par le ministre Dubé […] On va devoir se servir du privé», conclut Me Brunet.
DOSSIER | Élections Québec 2022
Coalition avenir Québec (CAQ)
Le premier ministre sortant François Legault et la CAQ ont promis, lors des premiers jours de la campagne, qu’ils mettraient en place un système de centres médicaux privés, dans lequel les services seraient gratuits et remboursés par la Régie de l'assurance-maladie du Québec (RAMQ).
Les services offerts seraient variés et incluent, notamment, des salles d’opération pour des chirurgies d’un jour, des urgences ouvertes 24 heures sur 24, ainsi que des pharmacies et autres services techniques comme la radiologie.
Un éventuel gouvernement caquiste aurait l’intention d’investir 400 millions $ supplémentaires dans le recrutement et la formation de 660 médecins et 5000 professionnels de la santé. M. Legault dit se laisser quatre ans pour réaliser cet engagement.
Dans le même laps de temps, la CAQ prévoit également investir 900 millions $ dans les soins à domicile.
On mise aussi sur une nouvelle plateforme pour faciliter l’obtention d’un rendez-vous avec un professionnel de la santé et sur un service d’hospitalisation à domicile dans tous les établissements de santé de la province d’ici 2026.
À voir également: «Votre santé», un nouvel outil de prise de rendez-vous promis par la CAQ
Par ailleurs, la CAQ s’est engagée en début d’année à mettre sur pied un plan d’action en santé mentale. Il s’agirait d’un investissement de 1,2 milliard $ sur cinq ans.
Parti conservateur du Québec (PCQ)
En cas d’élections lors du scrutin du 3 octobre 2022, les conservateurs et leur chef Éric Duhaime permettraient notamment aux citoyens de se doter d'une assurance parallèle à celle de la RAMQ pour recevoir des soins au privé.
Le plan des conservateurs prévoit élargir les admissions à l’université pour ajouter un millier de médecins et autant d’infirmières praticiennes spécialisées en leur offrant plus de responsabilités. Les pharmacien(ne)s sont inclus dans cette mesure. On prévoit embaucher 2000 médecins additionnels et 1000 infirmières praticiennes spécialisées.
Toujours dans l’objectif d’offrir plus de soins de qualité, les conservateurs suggèrent de cesser de donner des budgets fixes aux établissements de santé en les remplaçant par des budgets ajustés au volume de services offerts.
Afin de répondre aux besoins spécifiques des aînés, le PCQ instaurerait neuf mesures dont le renforcement des soins à domiciles.
Le PCQ entend organiser un sommet sur la santé mentale et la jeunesse dès ses 100 premiers jours s’il remporte cet automne.
Parti québécois (PQ)
Le Parti québécois mise sur un plan santé de 7 milliards $ qui viendrait «décomplexifier» l’accès aux soins, en plus de rendre le réseau public plus attrayant pour le personnel. Ce dernier repose toutefois sur un transfert additionnel d’Ottawa de 6 milliards $, a-t-on appris au début du mois de juin.
Parmi les mesures phares du plan, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon promet d’investir 3 milliards $ par an pour tripler l’offre de services aux soins à domicile. Pour réaliser l’engagement, le PQ entend injecter 50 % du budget de soins de longue durée d’ici quatre ans.
Le PQ a l’intention d’abolir les agences de placement privées pour rapatrier le personnel dans le réseau public.
On laisserait également beaucoup plus d’autonomie aux professionnels de la santé et on ferait des CLSC les «véritables portes d'entrée» du réseau de la santé en allouant 500 millions $ de plus chaque année. Il serait donc possible de consulter un psychologue ou bien d’être traité pour des problèmes mineurs.
Québec solidaire (QS)
En cas de victoire solidaire, la formation politique mettrait les CLSC au milieu de son plan santé. Ainsi, en offrant un accès 24 heures sur 24, sept jours par semaine, QS estime qu’il améliorera l’accès aux services en santé et en services sociaux.
Tout comme le PQ, Québec solidaire souhaite mettre fin aux agences de placements privés afin de ramener le personnel dans le réseau public.
QS désire ramener près de 900 psychologues dans le réseau public en «bonifiant leurs salaires de 30 %», avait fait savoir le co-porte-parole du parti Gabriel Nadeau-Dubois lors d'une entrevue accordée à Noovo Info.
Les solidaires proposent également une modification que la ligne téléphone du 811 pour permettre la prise de rendez-vous avec un professionnel de santé.
Parti libéral du Québec (PLQ)
Le PLQ présentait le 9 septembre dernier son plan «Accès santé» qui doit être déployé en cas d’élections des troupes libérales le 3 octobre.
L’équipe des libéraux et leur cheffe Dominique Anglade prévoient faire appel au secteur privé pour réduire le délai des chirurgies. Ce partenariat serait sans coût additionnel pour celles et ceux qui se tourneront vers ce service.
Un gouvernement Anglade ajouterait 2000 lits de plus dans les hôpitaux du Québec et prévoit un investissement de plus de 6 milliards $ dans les infrastructures hospitalières.
À voir également: Découvrez les «Plan santé» du PLQ, qui blâme en partie Legault pour les problèmes du système de santé
Comme les cinq principaux partis, le PLQ mettrait fin au temps supplémentaire obligatoire afin d’inciter les travailleurs qui ont quitté le réseau de la santé.
Un gouvernement libéral investirait également 450 millions $ par année dans un programme public de psychothérapie qui permettrait d'obtenir jusqu'à 15 séances gratuites chaque an.
Méthodologie: Du mardi 13 septembre au mercredi le 14 septembre 2022, Mainstreet a sondé un échantillon aléatoire de 1214 personnes âgées de 18 ans ou plus et vivant dans la province de Québec. Le sondage a été réalisé à partir d’appels faits par réponse vocale interactive. Les répondants du sondage ont été rejoints via des appels téléphoniques par lignes terrestres et cellulaires. Les réponses ont été pondérées statistiquement en utilisant les renseignements démographiques recueillis dans le cadre du recensement de 2016. La marge d’erreur du sondage est de ±2.8%, à un niveau de confiance de 95%. Les marges d’erreur augmentent pour les sous-échantillons. Les totaux pourraient ne pas toujours arriver à 100% en raison des arrondissements.
Avec de l’information de Fanny Lachance-Paquette pour Noovo Info, et de La Presse canadienne