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Société

Rencontrez de jeunes Canadiens qui passent leur été à lutter contre les incendies de forêt

Il s'agit de jeunes hommes et femmes, dont beaucoup sont des étudiants universitaires, qui passent leur été à lutter contre ce qui pourrait être l'une des pires saisons d'incendies du Canada de mémoire d'homme.

Les étudiants et le personnel du programme de formation de pompiers du Lakeland College posent dans cette photo sans date.
Les étudiants et le personnel du programme de formation de pompiers du Lakeland College posent dans cette photo sans date.
Nono Shen et 
Nairah Ahmed / La Presse canadienne

Quand Reese Lange était à la maternelle, elle rêvait de rejoindre la police. Mais c'est au lycée qu'elle a réalisé sa véritable vocation.

Maintenant âgée de 21 ans, elle fait partie d'une armée de jeunes hommes et femmes, dont beaucoup sont des étudiants universitaires, qui passent leur été à lutter contre ce qui pourrait être l'une des pires saisons d'incendies du Canada de mémoire d'homme.

Ils sont rassemblés par un sens du devoir et de camaraderie.

Mais les risques auxquels ils font face ont été rappelés la semaine dernière par le décès en Colombie-Britannique de Devyn Gale, une étudiante en soins infirmiers. À seulement 19 ans, Gale était déjà à sa troisième saison en tant que pompier forestier lorsque, alors que son équipe luttait contre un incendie incontrôlable près de sa ville natale de Revelstoke, dans le sud de l'intérieur de la Colombie-Britannique, elle a été écrasée par un arbre tombant.

Reese Lange suit actuellement une formation de pompier au Lakeland College, à Vermilion, dans le centre de l'Alberta, mais elle a déjà été déployée pour combattre des incendies dans la province cet été. Elle a déclaré que la mort de Devyn Gale était «dévastatrice», mais ne fait que la rendre plus déterminée.

«J'ai l'impression que cela me donne encore plus envie d'être pompier et d'apprendre davantage pour pouvoir me protéger, ainsi que mes coéquipiers», a affirmé Mme Lange.

Un emploi d'été pour 1 600 personnes

Elle a dit que la tragédie avait renforcé les liens au sein de sa classe de 31 étudiants-pompiers, soulignant leurs objectifs communs de sauver des vies et de veiller les uns sur les autres.

Le Service des incendies de forêt de la Colombie-Britannique a déclaré dans un communiqué qu'il emploie environ 1 600 personnes saisonnières chaque année, dont environ un tiers sont des étudiants du niveau post-secondaire travaillant pendant leurs vacances d'été.

«Comme notre saison principale des incendies de forêt se déroule à un moment où de nombreux étudiants ont leurs vacances d'été, ils cherchent souvent du travail à ce moment-là. Ainsi, on pourrait normalement s'attendre à ce que 30 à 35 % d'entre eux retournent à l'école à l'automne», indique le communiqué.

Ken McMullen, président de l'Association canadienne des chefs de pompiers, a déclaré qu'un «grand nombre d'étudiants» participent à la lutte contre les incendies de forêt.

Les pompiers forestiers sont généralement embauchés pour une saison de rémunération, généralement entre la fin du mois de mai et la mi-septembre. Il a ajouté que pendant les mois d'été, le nombre de pompiers forestiers rémunérés augmente par rapport aux pompiers volontaires.

«Nous ne constatons pas une forte augmentation du bénévolat pendant les quatre mois où les étudiants sont de retour chez eux, loin de l'école», a-t-il dit.

«En revanche, nous observons une augmentation des pompiers forestiers, car c'est une opportunité de rémunération, alors que le bénévolat dans vos communautés ne l'est pas.»

Le salaire horaire de départ pour les pompiers en Colombie-Britannique varie de 26 à 30 dollars de l'heure, avec une rémunération supplémentaire pour les heures supplémentaires et les heures d'astreinte.

Une vocation

Mais pour certains jeunes pompiers, ce n'est pas seulement une question de salaire. C'est une vocation.

Le camarade de classe de Reese Lange, Mark Uwazny, 21 ans, a décidé de devenir pompier en 9e année après avoir participé au sauvetage d'un autre scout lors d'un défi de survie hivernale, qui était entré en choc thermique.

«(C'était) la façon dont nous nous sommes tous rassemblés en tant que communauté pour nous assurer que cette personne recevait tout ce dont elle avait besoin en temps opportun», a souligné Mark Uwazny.

Depuis ce moment-là, sa famille s'attendait à ce qu'il travaille dans les services d'urgence.

Mark Uwazny a déclaré que sa famille était «heureuse et excitée» lorsqu'il a décidé de devenir pompier grâce au programme de formation de Lakeland.

En mai, Mark Uwazny et Reese Lange ont passé cinq ou six soirées à combattre les incendies de forêt qui ont brûlé environ 62 kilomètres carrés dans le comté de Parkland, à l'ouest d'Edmonton.

Voir un incendie de forêt de si près était une expérience «irréelle et folle», a affirmé Reese Lange.

Ils ont déjà le sentiment de faire partie de la communauté des pompiers, et Mark Uwazny a déclaré que la perte de Devyn Gale ressemblait à «perdre un membre de la famille».

«Dans notre classe, nous sommes 31, c'est quelque chose qui pourrait arriver à l'un d'entre nous, et là, votre famille s'en va», a souligné Mark Uwazny.

«Mais l'autre aspect d'être dans une famille, c'est la force des liens», a-t-il ajouté.

À voir également : Feux de forêt: voici à quoi ressemble le travail d’un pompier volontaire

Certains jeunes pompiers ne durent que quelques saisons. Jennifer Seguin a travaillé durant neuf saisons, de façon intermittente.

Elle s'est jointe au Service contre les incendies de forêt de la Colombie-Britannique à l'été 2005, alors qu'elle était aux études en criminologie à l'Université Simon Fraser à Burnaby, en Colombie-Britannique.

Comme Devyn Gale, elle avait 19 ans à l'époque. Elle a dit que la nouvelle du décès de Devyn Gale l'a laissée «choquée et complètement dévastée». Jennifer Seguin travaille maintenant dans le domaine des soins de santé au Manitoba.

«Le décès de Devyn est une telle tragédie, car elle faisait partie des nombreux jeunes qui faisaient ce travail. Elle allait donner à la communauté en tant qu'infirmière et aider d'autres personnes dans leur parcours de santé», a confié Jennifer Seguin, la voix tremblante.

Elle a souligné que la lutte contre les incendies était un dur travail de sacrifice, impliquant parfois des journées de 16 heures dans des endroits éloignés.

Jennifer Seguin se souvient d'une rencontre «effrayante» en 2017 lorsque son équipe a affronté un incendie à Princeton, en Colombie-Britannique.

«Nous étions l'une des premières équipes sur les lieux et les conditions étaient très sèches, très chaudes. Le vent soufflait et l'intensité nécessitait que nous nous éloignions du feu», a-t-elle déclaré.

«Nous devions nous approcher pour comprendre sa nature. Et quand nous avons su qu'il n'y avait rien que nous puissions faire avec les ressources dont nous disposions, nous nous sommes retirés.»

En plus des conditions extrêmes, le travail signifiait également manquer les activités estivales traditionnelles ou les événements importants de la vie, comme le mariage d'un ami.

Mais c'était une expérience que Jennifer Seguin dit qu'elle «ne troquerait pour rien au monde».

«Je suis très reconnaissante et privilégiée d'avoir eu cette opportunité et d'avoir pu y participer», a-t-elle conclu.

Nono Shen et 
Nairah Ahmed / La Presse canadienne