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La facture pour faire le plein d'essence pourrait coûter entre 76 $ et 174 $ par véhicule, ou jusqu’à 301 $ par ménage.
Le nouveau règlement fédéral sur les carburants renouvelables aidera à éliminer des millions de tonnes de gaz à effet de serre au cours des huit prochaines années et encouragera les investissements dans ce domaine, mais pourrait faire grimper le prix à la pompe pour les consommateurs jusqu'à 13 cents le litre, selon la propre analyse du gouvernement.
La réglementation obligera les principaux fournisseurs - principalement les raffineries et les importateurs d'essence et de diesel - à réduire les émissions des carburants tout au long de leur cycle de vie, de l'extraction au traitement ainsi qu'au transport et à l'utilisation finale.
Un plafond d'émissions entre en vigueur en juillet de cette année et augmentera légèrement chaque année jusqu'en 2030.
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Une évaluation d'impact de la nouvelle réglementation a été publiée mercredi parallèlement à la version finale de la réglementation, qui est en préparation depuis le premier plan climatique des libéraux en 2016.
L'évaluation indique que la hausse des prix de l'essence aura le plus grand impact sur les familles à faible revenu, les mères célibataires et les personnes âgées, qui sont plus vulnérables aux fluctuations des coûts de l'énergie et sont les moins susceptibles de pouvoir se permettre des solutions alternatives comme les véhicules électriques.
Les émissions totales réduites chaque année grâce à la réglementation pourraient être d'environ 18 millions de tonnes en 2030 s'il n'y avait pas de grands changements dans la consommation de carburant, comme une forte augmentation de l'utilisation des véhicules électriques. L'intégration de plus de changements de comportement et d'une moindre consommation de carburant à la suite de ces politiques pourrait réduire les émissions de plus de 26 millions de tonnes.
Au bas de l'échelle, cela signifie que la réglementation représenterait de 7 à 8 % des réductions d'émissions que le Canada doit réaliser par rapport à ce qu'elles étaient en 2020, l'année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles. À l'extrémité supérieure, cela pourrait représenter 10 à 12 %.
Au départ, la réglementation devait couvrir tous les carburants, mais le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a indiqué en entrevue qu'une décision avait été prise de la recentrer uniquement sur l'essence et le diesel.
«Ce que cette politique ou cette réglementation essaie de faire, c'est de garantir que le carburant que nous brûlons pour nous déplacer est plus propre», a-t-il déclaré.
Cela se fera par des actions telles que la réduction des émissions pendant la production grâce à des systèmes de capture du carbone, le mélange du produit final avec des biocarburants plus propres comme l'éthanol, ou des actions plus indirectes telles que l'investissement dans la recharge des véhicules électriques ou la production et la distribution de carburants à faible émission de carbone.
M. Guilbeault a précisé que l'objectif principal de la réglementation est d'encourager une plus grande production de carburants renouvelables et il est «confiant» que cela se produira.
Andrea Kent, membre du conseil d'administration de Renewable Industries Canada et vice-présidente de Greenfield Global, le plus grand producteur d'éthanol au Canada, a indiqué que, dans l'ensemble, il y a des signes que la nouvelle réglementation aura un impact positif sur son industrie.
«Quand vous regardez une politique standard de carburant à faible émission de carbone, les biocarburants sont très pratiques, ils sont déjà utilisés, ils sont une option abordable et ils sont aussi très, très durables», a-t-elle souligné.
L'analyse d'impact indique qu'il en coûtera entre 22,6 et 46,6 milliards $ aux raffineries et autres fournisseurs de carburant pour se conformer, soit une moyenne d'environ 151 $ par tonne d'émissions réduites. Le document suggère que la politique pourrait avoir un impact de 9 milliards $ sur le PIB du Canada, soit environ 0,3 %.
L'effet à plus long terme sera une baisse des coûts des carburants à faible teneur en carbone et une augmentation des coûts de l'essence et du diesel. L'analyse d'impact a révélé que les prix de l'essence pourraient augmenter de 6 à 13 cents le litre, ce qui ajouterait entre 76 et 174 $ au coût de remplissage d'une voiture avec de l'essence chaque année.
La porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'environnement, Laurel Collins, a qualifié cette découverte d'«alarmante».
«Les familles canadiennes qui travaillent fort ne devraient pas payer les coûts des réductions d'émissions alors que les riches sociétés pétrolières et gazières réalisent des profits records», a-t-elle dénoncé.
Cependant, Dan Woynillowicz, directeur de Polaris Strategy, qui est une société de conseil en changement climatique et en politique énergétique, a souligné qu'il n'était pas clair quelle part des coûts sera chargée sur le dos des consommateurs.
Depuis 2019, les marges bénéficiaires des raffineries ont plus que doublé. L'analyse du gouvernement indique qu'en juin 2019, lorsque les prix à la pompe atteignaient en moyenne près de 1,22 $ le litre au Canada, environ un cinquième de ce montant est allé aux raffineries.
En juin 2022, alors que les prix à la pompe s'élevaient en moyenne à plus de 2,10 $ le litre, les raffineries en obtiennent environ le quart.
M. Woynillowicz a indiqué que ces bénéfices peuvent être utilisés pour couvrir au moins une partie des coûts associés à ces réglementations et que les raffineries doivent se rendre compte que, plus les prix à la pompe augmentent, plus les Canadiens passeront rapidement aux voitures électriques et à d'autres options.
À l'heure actuelle, les compagnies pétrolières peuvent augmenter les prix parce qu'elles ont très peu de concurrence.
«Les raffineries vont devoir en quelque sorte dire : ‘OK, eh bien, nous avons maintenant une concurrence que nous n'avions pas eue auparavant, alors quelle part de ce coût répercutons-nous réellement ?’», a-t-il ajouté.
M. Woynillowicz a également précisé que la transition des combustibles fossiles protégera éventuellement les Canadiens de la flambée des prix du pétrole que nous avons connue au cours des derniers mois. L'électricité propre et les biocarburants ne sont pas soumis aux mêmes forces du marché mondial que le pétrole, a-t-il conclu.