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«Soyons clairs : nous ne serons jamais le 51e État.»
Pierre Poilievre a décidé de commencer son discours samedi en citant le tout premier premier ministre du pays, Sir John A. Macdonald, qui s'engageait à créer une nation unie et riche «au lieu de nous rendre tributaires des lois américaines, des chemins de fer américains, de l'esclavage américain, des péages américains».
Le chef conservateur, qui est apparu lors d'un rassemblement dans une salle d'un centre de congrès du centre-ville d'Ottawa, s'est ensuite adressé directement aux Américains, en exposant les conséquences d'une «attaque non provoquée» contre l'économie canadienne par le biais des tarifs douaniers.
«Si le Canada n'est pas votre ami, qui l'est ?», a demandé M. Poilievre.
Les menaces tarifaires du président des États-Unis, Donald Trump, et ses affirmations répétées voulant qu’il veuille annexer le Canada ont provoqué une montée soudaine du patriotisme canadien à travers le pays.
Pierre Poilievre a réitéré que, si son parti formait le gouvernement, il riposterait aux tarifs américains en ciblant «les biens américains dont nous n’avons pas besoin, que nous pouvons produire nous-mêmes ou acheter chez d’autres», tout en s’engageant à restituer l’argent collecté pour rembourser les entreprises et les travailleurs et réduire les impôts.
«Soyons clairs : nous ne serons jamais le 51e État. Nous porterons n’importe quel fardeau et paierons n’importe quel prix pour protéger notre souveraineté et notre indépendance.»
Debout devant une immense feuille d’érable, M. Poilievre a parlé pendant plus d’une heure à des centaines de partisans enthousiastes. Des centaines d’autres personnes qui se sont présentées et n’ont pas pu entrer dans la salle ont regardé la télévision dans une zone de débordement, tandis que d’autres encore ont été refoulées à l’entrée.
Les associations de circonscription locales du Québec et de la région de Toronto ont mis à disposition des autobus pour amener les gens dans la capitale nationale pour l’événement qui a été présenté comme un «rassemblement le Canada d'abord».
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La prochaine campagne électorale fédérale devant probablement commencer dans quelques semaines. Le discours de Pierre Poilievre a été perçu comme un lancement officieux de la campagne conservatrice contre l'homme qu'il croit être son prochain adversaire: le candidat à la direction du Parti libéral et ancien banquier central Mark Carney.
M. Poilievre a avancé que la menace de tarifs de Donald Trump l'avait amené à se demander si le slogan conservateur «abolissons la taxe», une promesse d'éliminer le prix du carbone à la consommation introduite par les libéraux, était toujours d'actualité.
«Je dois admettre que c'est un problème encore plus important, a-t-il avoué. Combiner les tarifs de M. Trump avec la taxe sur le carbone de M. Carney décimera nos industries et détruira les emplois de nos travailleurs.»
Il a attaqué le bilan des «libéraux Carney-Trudeau», imputant aux politiques du gouvernement une série de problèmes, notamment la hausse du coût de la vie et le manque d’options d’exportation du Canada pour le pétrole et le gaz.
M. Poilievre a exposé les grandes lignes d’un plan visant à «mettre le Canada d'abord».
Cela commence, a-t-il dit, par «la réduction d’impôt la plus importante et la plus patriotique de l’histoire du Canada» et un plan visant à réduire les dépenses gouvernementales en bureaucratie, en consultants et en aide aux entreprises.
Son plan comprend un oléoduc d’ouest en est et un plan de ressources qui, selon lui, «encouragerait les dirigeants autochtones» à soutenir des projets en permettant aux entreprises de payer une partie de leurs impôts fédéraux directement aux Premières Nations, ce qui leur permettra de «créer leur propre source de financement pour l’eau potable».
Il s’est engagé à éliminer les barrières au commerce interprovincial pour faire du Canada son principal partenaire commercial.
Samedi, M. Carney a publié un communiqué de presse indiquant que M. Poilievre avait peut-être un nouveau slogan, mais que ses idées étaient dépassées. Il a accusé le chef conservateur d'essayer de diviser la population, affirmant que le Canada avait besoin d'un nouveau leader pour le défendre face aux menaces de Trump.
«Il est clair que Pierre Poilievre n'est pas cette personne. Personne qui dénigre le Canada ne le défendra. Personne qui imite Trump ne peut négocier avec lui pour le Canada. Personne qui dit que le Canada est brisé ne fera passer le Canada en premier», a indiqué Carney.
M. Poilievre a également réitéré les politiques qu'il a exposées dans ses annonces au cours des dernières semaines : reprendre le contrôle de la frontière avec des hélicoptères militaires et de la surveillance, imposer des peines de prison à vie aux personnes reconnues coupables de trafic de plus de 40 mg de fentanyl, augmenter les dépenses de défense ainsi que construire une nouvelle base militaire dans l'Arctique en réduisant l'aide étrangère.
La foule était debout, acclamant et scandant des slogans, tandis que le chef conservateur concluait son discours par une promesse de «mettre fin à la "cancel culture" et à la guerre contre notre histoire».
«Ce sera la politique officielle de mon gouvernement de rétablir Sir John A, ses statues et son nom, dans nos parcs, nos structures publiques et nos lieux d'importance nationale», a-t-il affirmé.
Il a ajouté que les conservateurs reviendront à une version du passeport canadien mettant en vedette Terry Fox et les Pères de la Confédération, et obligeront les nouveaux citoyens à exprimer leur gratitude envers les personnes qui ont bâti le pays.
«Notre pays mérite qu'on se batte pour lui», a-t-il indiqué.
Pat et Barry Copus, qui ont conduit pendant environ huit heures depuis Windsor, en Ontario, pour assister à l'événement, ont mentionné qu'ils étaient ravis d'entendre le message de fierté nationale.
«Il semblait vraiment engagé envers ce nationalisme, surtout dans la dernière partie de son discours», a déclaré Barry Copus, qui a immigré du Royaume-Uni dans les années 1970.
Pat Copus, qui était à Ottawa il y a trois ans pour le «convoi de la liberté», a fait savoir qu'elle était heureuse de voir les gens arborer fièrement la feuille d'érable à nouveau.
«Nous étions Canadiens à l'époque, nous sommes Canadiens aujourd'hui», a-t-elle souligné.