Début du contenu principal.
Le sprint final est entamé: le premier tour de l’élection présidentielle française aura lieu dans une semaine.
Le sprint final est entamé: le premier tour de l’élection présidentielle française aura lieu dans une semaine. Pas certain d’avoir suivi ou même entendu parler de cette campagne électorale? Voici tout ce qu’il y a à savoir.
Pour en savoir plus sur le contexte de cette élection, consultez la vidéo.
Si la COVID-19 devait être le principal élément perturbateur de la campagne électorale française, c’est plutôt le déclenchement de la guerre en Ukraine qui a brassé les cartes.
«Ça chamboule de façon très, très significative la campagne parce que ça la place finalement au second rang. L'actualité est consacrée essentiellement à cette guerre en Ukraine», explique Julien Tourreille, chercheur à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
À lire également: Comment fonctionne l’élection présidentielle française?
Loin d’éclipser l’actuel président Emmanuel Macron, la guerre l’aurait plutôt aidé à renforcer sa posture comme commandant en chef des Forces armées, selon M. Tourreille. «Ça donne une prime à un président qui espérait pouvoir enjamber l'élection présidentielle, c'est-à-dire à rendre tellement naturelle sa candidature pour un second mandat qu'au fond, il n'y aurait pas vraiment de campagne», soutient-il.
«Sur la COVID-19, il pouvait être à la rigueur critiqué. Le bilan pouvait être dénoncé par ses adversaires. Sur la guerre en Ukraine, c’est un peu plus difficile, même si ce n'est pas lui qui va tout seul régler le conflit», ajoute-t-il.
Ces évènements ont également mis en difficulté certains candidats qui pouvaient aspirer jouer un rôle important dans cette campagne électorale en raison de leur «posture et des sympathies russes et "poutinienne" plus ou moins affirmées». Par exemple, la candidate Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national a appuyé Poutine par le passé. Elle entretient également une sympathie pour le pouvoir russe.
Marine Le Pen. Crédit photo: AP Photo/Thibault Camus
Difficile d’oublier les images des rues françaises envahies de citoyens vêtus de jaune qui manifestaient contre la hausse de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, qui avait fait bondir le prix du carburant. Le bilan des cinq dernières années d’Emmanuel Macron sera-t-il éclipsé par la guerre en Ukraine?
Crédit photo: AP Photo/Christophe Ena
«On va voir ce que ça donne parce que son mandat a quand même été marqué par pas mal de problèmes», mentionne M. Tourreille. Outre la crise des gilets jaunes, il y avait également eu des vagues au sujet de l’affaire Benalla.
Alexandre Benalla, ancien chargé de mission à l'Élysée, avait notamment été accusé d'avoir usurpé la fonction de policier et d’avoir violenté des citoyens lors d’une manifestation.
«Ça avait donné l'image que Macron ne savait pas trop s'entourer et surtout quand on était un peu dans l'abus de pouvoir, résume M. Tourreille. Et certains avaient dénoncé l'instauration d'un État policier. Alors, c'est vrai que d'un point de vue de mouvements sociaux, il y avait des choses un peu difficiles au cours de ces cinq dernières années.»
La situation économique, qui est meilleure qu'elle ne l’était au début de son mandat, pèse toutefois dans la balance. Le chômage est également au plus bas depuis des décennies.
Malgré le contexte de crise, plusieurs sondages semblent prédire un taux d'abstention important pour cette élection. Selon Ruth Dassonneville, professeure agrégée à l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en démocratie électorale, le taux de participation devrait être inférieur à celui observé en 2017.
«Aux dernières élections présidentielles, le taux de participation était autour de 80%. Ce qui est très élevé, surtout si on le compare aux taux de participation des États-Unis dernièrement, explique-t-elle. Ça va baisser, ça ne va pas être 80% probablement, mais probablement plus élevé que 70%. C’est une estimation qui reste incertaine», ajoute Mme Dassonneville.
Le taux de participation est d’ailleurs en déclin dans «presque toutes les démocraties» et le constat est encore plus prononcé chez les jeunes, soutient-elle. «Il y a des chercheurs qui disent qu’ils n’ont pas les mêmes valeurs que les autres générations. Ils ont moins le sentiment de devoir civique. Ils ne participent pas de la même façon non plus à la vie politique. Par exemple, ils vont aller dans les rues pour les changements climatiques, mais n’iront pas voter nécessairement.»
Le mode de scrutin utilisé en France, qui peut sembler compliqué, n’est d’ailleurs pas en cause pour expliquer ce taux de participation en baisse. «Au contraire, le fait que c’est une élection directe pour un président fait en sorte que pour ces élections-là, les électeurs ont vraiment des raisons d’aller participer. Les électeurs ont vraiment l’impression que c’est une élection importante», précise Mme Dassonneville.