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La guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine a laissé de nombreux soldats ukrainiens épuisés par ce conflit, mais peu disposés à abandonner le combat — ou forcés à continuer.
La guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine a laissé de nombreux soldats ukrainiens épuisés par ce conflit, mais peu disposés à abandonner le combat — ou forcés à continuer.
Artem Baulin, sergent subalterne à Kyiv, suit un traitement de réadaptation dans un hôpital militaire, après avoir été blessé lors d'une explosion et avoir subi une commotion cérébrale lors de combats sanglants à Bakhmout, dans l'est du pays. Les combats dans cette région ont fait des dizaines de milliers de morts, des deux côtés.
«Je me bats depuis plus d'un an, depuis le 24 février [2022]. J'ai perdu beaucoup d'amis. Et pendant qu'ils brûlaient tout, je n'étais pas triste: j'étais prêt à continuer à me battre», assure le sergent Baulin, en entrevue à La Presse Canadienne.
L'homme âgé de 25 ans dit qu'il ne peut pas penser à avoir une vie normale dans un proche avenir. En ce moment, dans sa vie, il n'y a que la guerre contre la Russie.
«Je veux redevenir graphiste, comme je l'étais avant la guerre, mais maintenant, nous avons ce problème avec nos voisins. C'est juste une autre civilisation d'autres personnes qui ne comprennent pas comment vivre dans ce monde, dit-il. Je vais retourner dans ma brigade et peut-être que je combattrai à nouveau.»
Arborant torse nu trois grands tatouages de «grande faucheuse» sur sa poitrine et son bras, le soldat rit en expliquant que ces représentations de la mort pourraient le protéger. Ce n'est pas la peur de mourir qui le fait hésiter à retourner au front, dit-il. Ce qui l'inquiète, c'est le manque de leadership de certains officiers de l'armée. «Je veux être transféré dans une autre brigade, car nous avons (un) très, très gros problème avec nos commandants, laisse-t-il tomber. Ils ne nous soutiennent pas.
«L'automne dernier, j'étais dans le groupe des tireurs d'élite et nous (avons eu) de bonnes missions, de mauvaises aussi, mais nous n'avons perdu personne. J'ai été transféré dans une autre escouade, aux communications, mais nous n'avions déjà pas les bons soldats d'assaut.»
M. Baulin soutient que le manque de soldats expérimentés et armés adéquatement pour donner l'assaut a rendu cette guerre plus dangereuse. «Je combattais à Bakhmout, mais nous n'avions pas de mitrailleuses — ils disaient qu'on n'était pas qualifiés pour les mitrailleuses.»
Igor, qui a refusé de donner son nom de famille, est lui aussi loin des champs de bataille: il est en clinique de réadaptation pour des blessures au dos. Il avait passé cinq ans dans l'armée, avant de partir en 2018. Mais lorsque la guerre a éclaté, il a quitté son emploi de livreur et a réintégré l'armée.
Il a fini de se battre maintenant, dit-il, mais l'armée, elle, ne le laissera pas abandonner. «J'ai de graves blessures, j'ai mal au dos. Après quatre opérations, j'ai vraiment besoin d'arrêter (...) mais je ne peux pas faire ça, dit-il par l'intermédiaire d'un interprète. Ils veulent toujours que je revienne sur le front.»
Igor sort un chèque qu'il a reçu pour son séjour en réhabilitation. C'est l'équivalent d'environ 150 $ CAN — la moitié de sa solde habituelle de militaire. Avec ça, il est difficile de joindre les deux bouts, dit-il.
«J'étais vraiment enthousiaste à l'idée d'être un gardien de la nation. Mais en ce moment, je me sens hostile, admet-il.
«Je serai de retour dans mon unité plus tard ce mois-ci. Maintenant, je me bats toujours pour notre pays… pas pour l'argent.»