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«Notre objectif est de nous assurer, à terme, d'être plus proches que jamais de l'Europe.»
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré que le Canada en était à un stade avancé de négociations avec l'Europe en vue de son adhésion à son nouveau partenariat de défense, en grande partie motivées par les inquiétudes croissantes suscitées par la guerre russe en Ukraine et les mentions persistantes du président américain Donald Trump sur l'annexion du Canada.
Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, Mme Joly a déclaré que le Canada avait entamé des discussions avec l'Europe sur le renforcement de ses liens en matière de sécurité et de défense presque immédiatement après le début des propos de M. Trump sur le «51e État».
«Notre objectif est de nous assurer, à terme, d'être plus proches que jamais de l'Europe», a ajouté la ministre des Affaires étrangères.
L'Europe s'empresse d'accroître ses dépenses et ses capacités militaires afin de se défendre contre la menace d'une nouvelle agression russe en Europe. Elle a officiellement annoncé son plan ReArm Europe (Réarmer l'Europe) le 4 mars.
Mme Joly a laissé entendre mercredi que le Canada participait à cette planification depuis presque le début.
«Les négociations sur le partenariat de défense ont débuté il y a quelques semaines. L'Europe travaillait sur ça, bien sûr, mais au même moment, la question de l'Ukraine et la menace russe envers l'Europe devenaient de plus en plus sensibles», a expliqué Mme Joly.
«Trois semaines après que le président Trump a lancé son discours sur l'annexion du Canada, nous étions en pourparlers avec l'Europe et, mi-février, je me suis rendue en Europe pour en discuter avec mes homologues.»
Avant de quitter ses fonctions la semaine dernière, l'ancien premier ministre Justin Trudeau a évoqué les liens entre le Canada et l'Europe en matière de défense lors de ses entretiens avec plusieurs dirigeants, dont la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Le premier ministre Mark Carney a affirmé que la défense a été un élément clé de ses échanges avec le président français Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Keir Starmer lors de ses visites à Paris et à Londres lundi.
«Nous explorons activement la question», a déclaré M. Carney lors d'une conférence de presse à Londres à l'issue de ces rencontres. «Et pour être tout à fait transparent, il s'agit d'une des discussions que j'ai eues à Paris et au Royaume-Uni, concernant une éventuelle participation à ce projet.»
Le plan européen de défense a véritablement débuté en février, après que l'administration Trump a choqué les alliés de l'OTAN en reprenant la diplomatie avec le président russe Vladimir Poutine et en tenant des pourparlers de paix avec des responsables russes en excluant l'Ukraine.
Alors que ces pourparlers se poursuivaient, M. Macron a tenu une réunion d'urgence à la mi-février, à laquelle M. Trudeau a assisté virtuellement. L'ex-premier ministre du Canada s'est également envolé pour Londres à la dernière minute le 1er mars pour assister à un sommet sur la sécurité en Ukraine organisé par M. Starmer.
Mark Carney a prêté serment comme premier ministre le 6 mars. Le même jour, il s'est entretenu avec le ministre de la Défense, Bill Blair, sur la question de savoir si le Canada devrait réorienter ses dépenses vers des avions européens plutôt que vers des avions de chasse F-35 de fabrication américaine.
Lors de sa conférence de presse à Londres, le premier ministre Carney a indiqué que le plan ReArm Europe «présente un intérêt» pour le Canada, car il pourrait créer de nouvelles chaînes d'approvisionnement qui permettraient aux entreprises canadiennes de participer au développement de systèmes de défense.
Mercredi, la ministre Joly a affirmé à La Presse Canadienne que le partenariat avec l'Europe est essentiel pour l'emploi et la sécurité.
«Nous devons diversifier nos partenariats», a-t-elle ajouté. «Nous avons besoin de nouveaux partenariats. Nous dépendons excessivement des marchés publics américains, notamment dans le secteur de la défense.»
Interrogée sur le fait que cela indique que le Canada considère l'Europe comme un allié militaire plus fort que les États-Unis, Mme Joly a déclaré: «Je pense que nous devons avoir des options».
«Le discours de la Maison-Blanche est non seulement inquiétant, mais constitue aussi, vous le savez, une menace pour notre souveraineté», a-t-elle déclaré.
Mme Joly a soutenu que le Canada doit exercer une pression maximale sur l'administration Trump tout en trouvant des «portes de sortie» pour mettre fin à la guerre commerciale.
«Je pense qu'il est normal que le Canada puisse avoir accès à différents marchés publics, notamment en Europe, compte tenu de la montée du protectionnisme dans le monde», a-t-elle affirmé. «Je pense qu'il s'agit simplement d'être pragmatique et… tourné vers l'avenir.»
Lors d'une conférence de presse au sujet du nouveau Livre blanc sur la défense européenne cette semaine, la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a déclaré: «La paix apporte prospérité et stabilité».
«Nous continuerons de collaborer avec d'autres pays qui partagent ce point de vue, du Royaume-Uni – où j'étais hier – à l'Australie, au Canada et au Japon», a déclaré Mme Kallas. «C'est pourquoi nos partenaires devraient également participer à nos projets et initiatives de défense coopérative, lorsque cela est dans l'intérêt de tous.»