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«Ne pas sauver de vies a un prix, et c'est ce prix que va payer François Legault.»
L'opposition officielle pousse un peu plus loin sa croisade pour un durcissement des sanctions relatives à la conduite avec les facultés affaiblies.
Le député libéral Monsef Derraji allait participer vendredi soir à Montréal, dans le secteur Lachine, à une opération de sensibilisation et un barrage routier, avec la police de Montréal, en cette semaine de prévention de la conduite avec les facultés affaiblies.
Actuellement, un conducteur qui affiche un taux d'alcool égal ou supérieur à 0,08 (80 mg d'alcool/100 ml de sang) est passible d'accusations criminelles.
Mais le PLQ réclame des sanctions administratives pour les conducteurs qui affichent un taux d'alcoolémie entre 0,05 et 0,08, par exemple la suspension du permis de conduire, comme dans toutes les provinces et aussi les territoires au Canada.
Le gouvernement caquiste a maintes fois exprimé son opposition à ces sanctions, même si elles pourraient sauver des vies, selon les études.
«Ne pas sauver de vies a un prix, et c'est ce prix que va payer François Legault et (sa ministre des Transports) Geneviève Guilbault», a dénoncé M. Derraji en entrevue avec La Presse Canadienne vendredi.
Il allait accompagner un couple qui se bat pour cette cause, Antoine Bittar et Élizabeth Rivera, qui ont perdu leur fille Jessica, en 2017, fauchée par un conducteur ivre.
«C'est un combat que je mène parce que la science est avec nous, la famille Bittar représente le symbole de cette lutte, a plaidé le député. Assister à un barrage, c'est démontrer tout mon appui à ces gens.»
En Colombie-Britannique, grâce à cette mesure, il y a eu une baisse de 52 % des accidents mortels.
Mais le gouvernement caquiste s'est toujours opposé à ce durcissement, même si des rapports de coroners, de la Sûreté du Québec (SQ) et même la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) le recommandent.
«Tout le monde est unanime», a fait valoir M. Derraji.
«Ils (les caquistes) n'ont pas d'argument à part un argument politique: ils ne veulent pas le faire, malheureusement. La cause, elle est juste, mais elle frappe un mur, et le mur, c'est Mme Guilbault et M. Legault.»
Il a assuré qu'il avait l'appui de certains députés caquistes dans cette cause, mais on ne les laisse pas s'exprimer en faveur de ces mesures.
Des documents confidentiels de la SQ révélés à la fin de 2024 démontrent que le Québec améliorerait son bilan routier s'il abaissait le taux permis de 80 mg d'alcool/100 ml de sang à 50 mg d'alcool/100 ml de sang.
Ainsi, selon les projections de la SQ établies à partir des résultats obtenus en Alberta et en Colombie-Britannique, le Québec pourrait voir une diminution de 10 à 14 collisions mortelles annuelles, dont 4 à 6 sur le territoire de la SQ.
Si le même exercice est échafaudé à partir du bilan en Ontario, il y aurait 5 collisions mortelles de moins sur les routes du Québec.
Le risque de collision et de blessure est accru de manière significative à partir de 50 mg (par 100 ml de sang), lit-on dans une note datée du 7 décembre 2022.
En ce qui concerne les collisions mortelles, ce risque est multiplié de deux à neuf fois, poursuit-on.
À la lumière de la littérature scientifique, il appert que la performance générale des conducteurs décline significativement dès l'atteinte du seuil des 50 mg (par 100 ml de sang).
Une étude québécoise précise que le fait de conduire avec une alcoolémie variant entre 50 à 80 mg (par 100 ml de sang) augmente d'environ quatre fois le risque d'être impliqué dans une collision mortelle.
On peut également lire dans l'analyse que les restaurateurs et les tenanciers de bars risquent de s'opposer à l'adoption de nouvelles mesures en raison de l'effet appréhendé sur la fréquentation et les ventes dans leurs établissements.
On évoque précisément l'Association Restauration Québec et la Nouvelle Association des bars du Québec.
Cependant, les recommandations sont caviardées dans les trois documents obtenus.
Un avis de la SAAQ considérait en outre que des sanctions administratives pour les taux d'alcoolémie entre 0,05 et 0,08 étaient une mesure «porteuse».
Un rapport du coroner Yvon Garneau avait déjà recommandé en 2021 d'étudier la faisabilité de cette mesure, mais trois autres rapports de coroner concernant la mort de trois autres usagers de la route vont encore plus loin. Ils recommandent clairement d'abaisser la limite à 0,05.