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Société

Alcool au volant: le PLQ juge que Bonnardel sera responsable des morts

Des documents confidentiels de la SQ obtenus par l'entremise de la loi d'accès à l'information, démontrent, chiffres à l'appui, que le Québec améliorerait son bilan routier s'il abaissait le taux permis de 80 mg d’alcool/100 ml de sang à 50 mg d’alcool/100 ml de sang, comme toutes les autres provinces.

Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne

Le gouvernement Legault refuse de rendre publiques les recommandations de la Sûreté du Québec (SQ) concernant la réduction du taux d'alcoolémie permis au volant de 0,08 à 0,05.

L'opposition officielle a accusé le gouvernement de cacher des renseignements sur les rapports qui démontrent que des mesures plus sévères pourraient permettre d'éviter 10 à 14 morts par an sur les routes.

Les documents «vont rester caviardés», a affirmé le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, en mêlée de presse jeudi matin.  

Sur le fond, le bilan routier s'améliore et il estime que le gouvernement a déjà mis en place suffisamment d'«éléments coercitifs» contre l'alcool au volant. 

Sur le 0,05, «c'est une décision qu'on a prise dès qu'on est arrivé en poste, la question m'a été posée maintes et maintes fois», a-t-il maintenu.

Le gouvernement Legault a en effet toujours refusé d'imposer des sanctions administratives aux conducteurs affichant un taux entre 0,05 et 0,08, mais il semble de plus en plus isolé, conclut le Parti libéral du Québec (PLQ), qui fait croisade sur cet enjeu.

«Le rôle du ministre de la Sécurité publique est de sauver des vies. S'il y a des morts à cause de l'alcool au volant, il est responsable», a déclaré le député libéral Monsef Derraji en mêlée de presse jeudi matin.  

La SQ s'ajoute aux autres voix qui penchent en faveur de l'abaissement du taux permis de 80 mg d’alcool/100 ml de sang à 50 mg d’alcool/100 ml de sang, après la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) et les coroners.

Les documents confidentiels de la SQ démontrent, chiffres à l'appui, que le Québec améliorerait son bilan routier s'il abaissait le taux permis à 50 mg d’alcool/100 ml de sang, comme toutes les autres provinces.

Ainsi, selon les projections de la SQ établies à partir des résultats obtenus en Alberta et en Colombie-Britannique, le Québec pourrait voir une diminution de 10 à 14 collisions mortelles annuelles, dont 4 à 6 sur le territoire de la SQ, peut-on lire. 

Si le même exercice est échafaudé à partir du bilan en Ontario, il y aurait 5 collisions mortelles de moins sur les routes du Québec, poursuit-on.  

«Le risque de collision et de blessure est accru de manière significative à partir de 50 mg %», peut-on lire, dans une note datée du 7 décembre 2022.

«En ce qui concerne les collisions mortelles, ce risque est multiplié de  deux à neuf fois», poursuit-on. 

À voir aussi : Baisser la limite d'alcool au volant: la CAQ va-t-elle se réveiller? c'est ce qu'espère le PLQ

«À la lumière de la littérature scientifique, il appert que la performance générale des conducteurs décline significativement dès l’atteinte du seuil des 50 mg %. (...) Une étude québécoise précise que le fait de conduire avec une alcoolémie variant entre 50 à 80  mg % augmente d’environ quatre fois le risque d’être impliqué dans une collision mortelle.»

On peut également lire dans l'analyse que les restaurateurs et bars «risquent de s'opposer» à l'adoption de nouvelles mesures en raison de «l'effet appréhendé sur la fréquentation et les ventes dans leurs établissements». 

On évoque précisément l'Association Restauration du Québec et la Nouvelle Association des bars du Québec.  

Caviardage «épouvantable»

Cependant, les recommandations sont caviardées dans les trois documents obtenus. 

Ce caviardage est «épouvantable», a dénoncé le député libéral Monsef Derraji, dans une entrevue avec La Presse Canadienne diffusée jeudi.

Les rapports de 2022 et de 2023 sont partiellement caviardés, mais celui de 2024 est pratiquement entièrement caviardé pour l'essentiel.   

Un des porte-parole du gouvernement a tenu à rappeler qu'un ministre ne peut ordonner à un organisme comme un corps policier de divulguer des renseignement caviardés.

C'est une «mauvaise compréhension» du rôle du ministre, a-t-il déploré. 

Il a assuré que M. Bonnardel, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et tout le caucus sont au diapason: personne ne veut de sanctions administratives à partir du taux de 0,05.  

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M. Derraji a pour sa part a rappelé que Mme Guilbault n'avait pas rendu public un avis de la SAAQ qui considérait que des sanctions administratives pour les taux d'alcoolémie entre 0,05 et 0,08 étaient une «mesure porteuse». 

Elle avait dit ne pas avoir lu cet avis. 

En outre, un rapport du coroner Yvon Garneau avait déjà recommandé en 2021 d'étudier la faisabilité de cette mesure, mais trois autres rapports de coroner concernant la mort de trois autres usagers de la route vont encore plus loin. Ils recommandent clairement d'abaisser la limite à 0,05. 

Selon M. Derraji, il ne faut pas tolérer d'autres morts sur la route et adopter dès le début de l'an prochain une loi pour imposer des sanctions administratives à partir de 0,05.  

Le député libéral a lui-même déjà déposé un projet de loi en ce sens, mais le gouvernement caquiste ne l'a pas appelé pour étude, comme c'est le cas la plupart du temps pour les projets de loi de l'opposition.  

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Patrice Bergeron
Patrice Bergeron / La Presse canadienne