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«Ces particules peuvent servir de tremplin à l'électricité pour passer de la ligne à haute tension au sol, ce qui peut provoquer des déclenchements dans nos postes pour protéger les installations», explique Francis Labbé, porte-parole chez Hydro-Québec.
Hydro-Québec est sur le qui-vive en raison d’un phénomène peu connu qui vient s’ajouter aux nombreuses préoccupations actuelles de la société d’État: les particules transportées par la fumée des incendies de forêt peuvent littéralement faire sauter l’électricité des câbles à haute tension vers le sol et causer des interruptions de transport dans les postes touchés.
En temps normal, les conducteurs des lignes à haute tension sont naturellement isolés par l’air ambiant, été comme hiver. Les incendies de forêt, toutefois, avec leur épaisse fumée chargée de particules, viennent tout à coup installer un conducteur.
«Ces particules peuvent servir de tremplin à l'électricité pour passer de la ligne à haute tension au sol, ce qui peut provoquer des déclenchements dans nos postes pour protéger les installations», explique Francis Labbé, porte-parole chez Hydro-Québec.
DOSSIER | Feux de forêt 2023
«Quand l'air est normal, il agit comme un isolant qui permet aux câbles de faire leur travail, mais quand il est saturé par les particules, c'est là que le phénomène de conductivité se produit. Les particules finissent par dévier l'électricité et le conduire au sol et ça provoque un déclenchement», poursuit-il.
Ces déclenchements sont automatisés et surviennent lorsque les systèmes de protection détectent des fluctuations de tension, ce qui est inévitable lorsque l’air ambiant est saturé de particules qui s’emparent de l’énergie pour la transporter au sol.
C’est d’ailleurs ce phénomène qui explique la panne majeure du début du mois, celle que l’on disait, justement, causée par les incendies de forêt, mais sur la Côte-Nord.
«Jeudi, le 1er juin, il y a deux lignes en provenance de Churchill Falls, des lignes à haute tension à 735 kV, qui ont déclenché en même temps pour la même raison, c'est-à-dire des particules très abondantes dans la fumée», raconte Francis Labbé.
«Le fait qu’il y a eu deux lignes affectées en même temps a entraîné une panne pour 240 000 clients, mais graduellement, dès les premières minutes, on a été capables de ramener les gens. Le lendemain, il y a eu le même phénomène à plus petite échelle dans le réseau régional de l'Abitibi avec 44 000 abonnés touchés.»
Dans les deux cas, le courant a pu être rétabli assez rapidement en raison des redondances comprises dans le réseau de transport et parce les équipements de la société d’État n’avaient pas été endommagés comme tel.
«Ce sont les deux seuls événements dans toute cette saison de feux de forêt où il y a eu des conséquences pour les consommateurs, fait valoir M. Labbé. Le reste du temps, les protections s'installent et nous sommes capables de répartir les charges sur le réseau pour ne pas que cela paraisse.»
Évidemment, l’aggravation de la situation actuelle dans le Nord-du-Québec, où les feux prennent de plus en plus d’ampleur en raison de conditions extrêmement défavorables, est préoccupante, reconnaît-il.
«Pour l'instant ça va. Il y a des installations qui se trouvent géographiquement plus proches de certains feux. On est en action avec la SOPFEU pour les contenir et ça limite un peu l'approche de la fumée de nos installations, mais c'est clair que nos lignes à haute tension sont sur le même territoire que les feux. Nous sommes en vigie, ça se passe bien à date, mais on sera nombreux au Québec, dans les prochains jours, à espérer qu'il pleuve sur le Nord.»
Hydro-Québec s’appuie d’ailleurs sur sa forte redondance pour composer avec les déclenchements dans les postes des lignes de transport, qui surviennent toujours, mais qui sont à peine perceptibles pour ses clients. Malgré tout, il n’est quand même pas rare ces temps-ci de voir les lumières fluctuer ou les appareils électroniques perdre l’heure après une fluctuation qui dure ne serait-ce qu’une fraction de seconde.
Au-delà de ces préoccupations, la société d’État n’échappe pas aux menaces plus directes que représentent les immenses brasiers forestiers. Une centaine de travailleurs de ses centrales hydroélectriques ont dû être évacués par avion de manière préventive mardi, et d'autres évacuations étaient prévues ce mercredi.
Presque tous les employés de la centrale LG-3, située dans le Nord-du-Québec, ont été évacués et les quelque 90 travailleurs de la centrale LG-4 seront aussi évacués par avion.
Par contre, les flammes ne menacent pas les centrales, affirme Francis Labbé, qui explique qu’il s’agit là d’évacuations davantage préventives parce que les incendies de forêt mettent en péril l’accès par la route Transtaïga, le seul lien routier entre ces centrales.
Quelques employés demeurent sur place à LG-3 et LG-4 pour assurer le fonctionnement des turbines-alternateurs et une surveillance des opérations. Selon la société d'État, les évacuations ne devraient durer que quelques jours.