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Le chef libéral Mark Carney juge que le Canada doit continuer de renvoyer les demandeurs d'asile en provenance des États-Unis conformément à l'accord sur les tiers pays sûrs.
«Selon moi, ça reste approprié», a-t-il tranché, mardi, lors d'une conférence de presse à Delta, en banlieue de Vancouver, à mi-chemin de la campagne électorale.
M. Carney, qui était questionné à savoir si le Canada devrait renvoyer ou accueillir les migrants qui fuient les États-Unis et qui arrivent au Canada de façon irrégulière, a reconnu que la situation au sud de la frontière a «beaucoup changé» dans les derniers mois.
«Il existe maintenant la possibilité d'une vague des demandeurs d'asile, a-t-il dit. Ce n'est pas acceptable que les États-Unis nous donnent tous leurs demandeurs d'asile.»
Le nombre de personnes demandant l'asile au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, en Montérégie, a fortement augmenté, ont confirmé les autorités frontalières dans les dernières heures.
Durant les cinq premiers jours d'avril, 557 personnes ont fait une telle demande, par rapport à 1356 durant tout le mois de mars.
La hausse survient alors que le statut temporaire de centaines de milliers de migrants aux États-Unis arrive à expiration au cours des prochaines semaines.
L'administration Trump a annoncé la fin du statut de protection temporaire pour 600 000 Vénézuéliens et environ 500 000 Haïtiens, mais un juge fédéral a temporairement suspendu cette mesure.
En point de presse à Edmonton, le chef conservateur Pierre Poilievre a affirmé qu'il s'oppose à la «fraude» que représentent les «faux demandeurs d'asile». Ceux-ci causent, a-t-il ajouté, «des pénuries d'emplois, dans le logement et en santé».
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, dont la campagne a fait escale à Ottawa, a d'abord signalé que l'immigration haïtienne est «quelque chose quand même qui est un peu différent» en raison de leurs racines francophones. Or, a-t-il dit, «ça ne nous libère pas de l'obligation d'avoir un système qui respecte les règles».
Et le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a quant à lui déclaré à Vancouver qu'Ottawa doit avoir «les ressources (...), les investissements nécessaires pour éviter ce qu'on a vu par le passé».
Le premier ministre du Québec, François Legault, a fait des enjeux d'immigration l'une de ses principales demandes de sa traditionnelle «liste d'épicerie» destinée aux chefs des partis fédéraux dans le cadre de la campagne électorale, réclamant notamment une baisse du nombre d'immigrants temporaires.
Mark Carney sur les demandeurs d'asile:
— Étienne Fortin-Gauthier (@EtienneFG) April 8, 2025
"Ce n'est pas acceptable que les États-Unis nous donnent leurs demandeurs d'asile"
"Nous avons un accord sur les pays sûrs avec les États-Unis et nous pouvons les renvoyer aux États-Unis. Et ça reste approprié"@NoovoInfo #migrants pic.twitter.com/h96sZXrfcR
Mardi, son ministre de l'immigration, Jean-François Roberge, a insisté qu'Ottawa doit mieux sécuriser la frontière et répartir les demandeurs d'asile qui arrivent au pays. Il a répété que «la capacité d'accueil» de la province est dépassée.
Depuis mars 2023, Ottawa et Washington refoulent les demandeurs d'asile qui franchissent la frontière canado-américaine de manière irrégulière, y compris via le chemin Roxham au Québec, colmatant ainsi la brèche de l'accord sur les tiers pays sûrs qui ne s'appliquait qu'aux postes frontaliers.
Mark Carney a été appelé à répondre aux commentaires de l'ancien premier ministre Stephen Harper qui a déclaré lundi soir que les deux principaux candidats au poste de premier ministre ont «travaillé» pour lui et qu'il choisit «sans hésitation» le conservateur Pierre Poilievre.
M. Carney, qui était à l'époque gouverneur de la Banque du Canada, a raconté avoir travaillé avec l'ancien ministre des Finances de M. Harper, Jim Flaherty, pendant la crise financière mondiale, un homme qu'il a qualifié d'«exceptionnel».
«Je note qu'autour des tables, M. Poilievre n'était pas là. Jamais, a insisté M. Carney. Il n'a aucune expérience de gérer des crises, de bâtir une économie forte.»
M. Carney, qui passait mardi une troisième journée consécutive dans l'Ouest canadien, a promis de stimuler l'industrie canadienne du bois en construisant davantage.
L'industrie du bois d'œuvre et du bois de construction est particulièrement importante dans cette province de l'Ouest et elle pourrait faire face à des droits de douane encore plus imposants de la part des États-Unis.
Les libéraux souhaitent doubler le taux de construction résidentielle, jusqu’à 500 000 logements par an pour les dix prochaines années.
Pour ce faire, ils veulent notamment fournir 25 milliards $ en financement pour les constructeurs de maisons préfabriquées, incluant ceux qui choisissent du bois canadien.
Après son point de presse à Delta, M. Carney s'est dirigé vers la ville de New Westminster, toujours en Colombie-Britannique, pour visiter un commerce local. Il a ensuite mis le cap vers Calgary, en Alberta, pour un rassemblement en soirée.
- Avec des informations de Vicky Fragasso-Marquis, d'Émilie Bergeron et de Frédéric Lacroix-Couture
- Avec des informations de Vicky Fragasso-Marquis