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Le pape Benoît XVI aura beau avoir dirigé l'Église catholique pendant huit ans et été un théologien d'exception, rien n'aura plus marqué les esprits que sa décision, en 2013, de renoncer à ses fonctions papales pour des raisons de santé.
Malgré un règne teinté de scandales et écourté par la décision, en 2013, de renoncer à ses fonctions papales, Benoît XVI a toujours été «un homme de conviction et de dialogue», selon l'archevêque de Montréal, Christian Lépine.
«Il était, comme chaque être humain, une synthèse de différents éléments, et se voulait un homme de foi. Mais je pense que c'était aussi très conscient chez lui de considérer l'importance du dialogue, notamment entre les adeptes chrétiens et juifs ainsi qu'avec les musulmans», a-t-il raconté en entrevue avec La Presse canadienne.
Voyez le reportage de Sabrina Rivet dans la vidéo ci-dessus.
À ses yeux, le pape émérite avait su mettre de l'avant ses convictions catholiques, tout en étant soucieux de «ne pas se replier sur sa foi» et d'être en dialogue «avec les différentes religions, les différentes confessions et croyances» du temps.
Il a ajouté qu'il n'avait pas connu personnellement le défunt, mais qu'il l'avait rencontré quelques fois à Rome, notamment lorsqu'il l'avait nommé archevêque de Montréal en 2012.
«Le fait d'être pape lui a permis de mettre en valeur cette dimension personnelle qu'il a, cette capacité d'aller à la rencontre des gens, a expliqué Mgr Lépine. C'est quelque chose que je retiens de lui : même en étant professeur, il avait un grand souci de rencontrer les autres».
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Le pape émérite s'est éteint samedi à l'âge de 95 ans, neuf ans après sa démission de la papauté.
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a souligné la mémoire du 265e pape, affirmant qu'il avait «consacré sa vie au service de sa foi».
«Il était un théologien accompli et un érudit, et il a été une source d'inspiration pour des millions de personnes. Mes pensées accompagnent les catholiques et toutes les personnes en deuil», pouvait-on lire sur son compte Twitter.
L'archevêque de Québec, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, a déclaré dans un gazouillis que Benoît XVI était «un pasteur humble et généreux; un des grands théologiens de son temps et un homme de prière».
De son côté, Mgr Raymond Poisson, évêque de St-Jérôme-Mont-Laurier et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, a aussi honoré la mémoire du pape émérite, notamment ses efforts visant à «guérir les blessures» du passé au
Canada.
«Benoît XVI a été le premier Pape à rencontrer des victimes d'abus par des membres du clergé. Il a reconnu publiquement le fléau des abus commis par ces derniers, s'en est excusé et a renforcé les processus de l'Église pour répondre aux allégations. [...] Il laisse derrière lui un grand héritage d'enseignement qui continuera de nous inspirer», pouvait-on lire dans un communiqué diffusé samedi.
Benoît XVI avait causé une onde de choc, le 11 février 2013, lorsqu'il a rassemblé ses cardinaux pour leur annoncer qu'il n'avait plus la force de diriger l'Église catholique, forte de 1,2 milliard de fidèles.
«C'était inédit», rappelle le professeur de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval, Gilles Routhier.
«Pendant 800 ans, il n'y a pas de pape qui démissionne, alors ce n'est pas tous les jours que ça arrive _ et on pensait que ça n'arriverait plus. C'est ce qui a marqué le plus les esprits. C'est ce que, dans 40 ans, les volumes d'histoire générale retiendront», ajoute M. Routhier, qui est aussi titulaire de la Chaire Monseigneur-de-Laval.
La nouvelle de son décès était attendue, puisque le Vatican avait annoncé cette semaine que son état de santé se détériorait. Le pape François avait d'ailleurs demandé à ses fidèles de prier pour son prédécesseur.
La cohabitation entre un pape et son prédécesseur était en soi quelque chose de tout aussi exceptionnel, mais François, bien que ses positions soient bien différentes de celles de Benoît XVI sur plusieurs enjeux, a déjà mentionné qu'il appréciait la présence du pape émérite au Vatican comme celle d'un «grand-père sage».
Parce que Benoît XVI était un pape très attaché à la tradition, selon M. Routhier.
«Il avait le sentiment que l'Occident était en pleine dérive et se laissait conduire par des idéologies. Alors, l'une des premières qu'il a combattues est la liberté à tout cran (?). Toute sa vie, il a été plutôt contre les idéologies totalitaires, où tout le monde suit sans réfléchir. C'était un homme de réflexion», précise le professeur.
Et au bout du compte, sa démission aura «ouvert quelque chose dans l'histoire de l'Église catholique», affirme M. Routhier.
Le passage de Benoît XVI aura aussi beaucoup tourné autour de la gestion des cas d'abus sexuels impliquant des membres de l'Église.
«Lorsqu'il était au Vatican comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, je pense qu'il a vu avant et avec plus de clairvoyance des problèmes d'abus sexuels, notamment chez les légionnaires du Christ, alors que Jean-Paul II (son prédécesseur, NDLR) ne le voyait pas trop. Les premières mesures ont été prises sous sa direction. On va aller beaucoup plus loin par la suite, mais il a perçu des choses», raconte M. Routhier.
Et c'est une fois qu'il est fait pape que les choses «explosent» dans ce scandale, notamment en Irlande et aux États-Unis, rappelle le professeur. Il va notamment écrire une lettre aux catholiques d'Irlande _ un document qui demeure important aujourd'hui.
À la retraite, Benoît XVI a été critiqué par un rapport indépendant pour sa gestion de quatre dossiers, alors qu'il était évêque de Munich. Il a nié tout acte répréhensible personnel, mais s'est excusé pour toute «faute grave».
Joseph Ratzinger, qui a été élu 265e chef de l'Église, le 19 avril 2005, sera conduit à son dernier repos à l'occasion de ses funérailles qui auront lieu jeudi sur la place Saint-Pierre. Elles devraient être célébrées par le pape François lui-même.
D'ici là, il sera exposé en chapelle ardente dès lundi, afin de permettre aux fidèles de venir lui rendre un dernier hommage.
De son côté, M. Routhier se souviendra aussi de Benoît XVI comme un grand théologien.
«Est-ce que c'est le plus grand théologien? On en discutera. Mais c'était certainement quelqu'un de très brillant, qui a été très influent comme théologien au plan des idées.»