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«Espère» n'était censé être publié qu'après la mort de François.
Un pape François introspectif a divulgué les coulisses du conclave secret de 2013 qui l'a élu pape et la résistance qu'il a rencontrée depuis, dans son autobiographie publiée mardi, qui revient également sur certaines de ses décisions les plus controversées en tant que pontife.
Espère n'était censé être publié qu'après la mort de François. Mais à sa propre demande, le livre arrive maintenant dans les librairies de plus de 80 pays pour coïncider avec le début de l'Année sainte de l'Église.
Ses éditeurs disent qu'il s'agit de la première autobiographie écrite par un pape en exercice, bien que François ait collaboré à de nombreux autres livres de type mémoires auparavant, et qu'une grande partie de son pontificat et de son histoire personnelle soient déjà bien connus.
Mais Espère donne un aperçu personnel de la façon dont le premier pape latino-américain de l’histoire interprète son enfance à Buenos Aires et comment elle a influencé ses priorités en tant que pape.
Tiré de conversations pendant six ans avec le journaliste italien Carlo Musso, Espère offre des analyses parfois peu flatteuses de François sur les décisions qu’il a prises ou les choses qu’il regrette – du moins avant de devenir pape.
Que ce soit la fois où il a insisté pour qu’un camarade de classe paie pour réparer un vélo qu’il avait cassé, ou lorsqu’il a assommé un autre camarade de classe presque inconscient, il semble profondément honteux de son jeune moi et dit qu’il ne se croit toujours pas digne de la papauté.
«Si je considère quel est le plus grand cadeau que je désire du Seigneur et que j’ai expérimenté, c’est le don de la honte», écrit-il à un moment donné.
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Curieusement, deux périodes du passé de Jorge Mario Bergoglio qui sont restées quelque peu mystérieuses pour les non-initiés sont une fois de plus évitées dans Espère. L’une concerne son séjour à Córdoba, en Argentine, de 1990 à 1992. François n’a jamais vraiment expliqué la dynamique interne des jésuites qui l’a conduit à être exilé pour travailler comme confesseur à l’église jésuite plus d’une décennie après avoir été provincial de l’ordre en Argentine. Cette période n’est mentionnée qu’en passant, lorsque François fait simplement référence à «la nuit noire de Córdoba».
L’autre période inconnue dans l’histoire de Bergoglio concerne le temps qu’il a passé en Allemagne à faire des recherches sur le théologien Romano Guardini pour une thèse qu’il n’a jamais terminée.
L’impact du scandale des abus sexuels commis par le clergé, qui a secoué son pontificat pendant plusieurs années, a également été peu évoqué. Le scandale a explosé lors du voyage de François au Chili en 2018 et le pape en parle brièvement dans le livre. Mais il passe beaucoup plus de temps à se remémorer un souvenir plus réconfortant du voyage au Chili, lorsqu’il a épousé un couple à bord de l’avion papal pendant le vol vers Iquique.
La deuxième moitié du livre, centrée sur la papauté, est beaucoup moins autocritique et défend même avec véhémence ses décisions parfois controversées. C’est ici que François donne plus de détails sur ses émotions lorsque les votes ont commencé à lui être favorables le deuxième jour du scrutin lors du conclave de mars 2013 qui l’a élu pape.
François révèle qu’il faisait partie de ces cardinaux qui recevaient des «votes provisoires» au premier tour, lorsque les cardinaux émettent des votes pour voir dans quelle direction se dirigent les vents du scrutin. Il dit qu’il n’a pas compté les votes au premier tour, mais qu’il s’est rendu compte que son sort était scellé une fois qu’il a obtenu 69 votes au quatrième tour, sur les 77 nécessaires pour une majorité des deux tiers des 115 cardinaux.
Le cinquième tour – celui qui l’a fait pape – a en fait dû être effectué deux fois. Un bulletin de vote supplémentaire est resté collé à celui qu’un cardinal avait rempli, de sorte que lorsque les bulletins ont été comptés, il y en avait 116 au lieu de 115. Les bulletins ont été brûlés sans même avoir été ouverts et un cinquième bulletin a été appelé.
«Quand mon nom a été prononcé pour la soixante-dix-septième fois, il y a eu une salve d’applaudissements, tandis que la lecture des votes se poursuivait, a-t-il relaté. Je ne sais pas exactement combien de voix il y a eu à la fin, je n’écoutais plus, le bruit couvrait la voix du scrutateur.»
L’une des premières choses qu’il a faites après le vote a été d’embrasser le cardinal Angelo Scola, l’archevêque de Milan qui avait été tellement pressenti avant le conclave que la conférence des évêques italiens avait déjà produit un communiqué de presse pour annoncer son élection. «Il méritait cette étreinte», a écrit François.
Une fois dans la sacristie, connue sous le nom de «chambre des larmes», pour revêtir l’habit papal, François révèle qu’il avait dans sa poche sa vieille bague épiscopale qu’il utilisait, suggérant qu’il avait eu l’intuition, en s’habillant le matin, qu’il serait effectivement élu.
«Les chaussures rouges? Non, j’ai des chaussures orthopédiques. J’ai plutôt les pieds plats», écrit-il à propos de ses choix vestimentaires ce soir-là. Il ne voulait pas non plus de la cape de velours rouge, connue sous le nom de mozzetta, préférée par son prédécesseur.
«Elles n’étaient pas pour moi. Deux jours plus tard, ils m’ont dit que je devrais changer de pantalons, porter des blancs. Ils m’ont fait rire. Je ne veux pas être un vendeur de glaces, ai-je dit. Et j’ai gardé les miens.»
Ceux qui cherchent des potins actuels du Vatican dans le livre seront quelque peu déçus, car François n’aborde que brièvement les parties les plus controversées de son pontificat. Il est beaucoup plus sûr de ses décisions en tant que pape, allant même jusqu’à critiquer les prêtres catholiques traditionalistes comme rigides et instables mentalement.
Il écrit que la réforme de la bureaucratie du Vatican, en particulier l’effort pour imposer des normes internationales de comptabilité et de budgétisation à ses finances, a été la tâche la plus difficile de son pontificat et celle qui a généré «la plus grande résistance au changement».
«J’ai été appelé à une bataille», affirme-t-il.
Il défend avec force sa décision d’autoriser un procès de grande envergure contre dix personnes, dont un cardinal, accusées de malversations financières présumées liées à un investissement dans une propriété londonienne. Le procès a abouti à plusieurs condamnations, mais a également porté atteinte à la réputation du Saint-Siège; plusieurs se questionnaient sur le rôle du pape François lui-même dans la saga et à savoir si les accusés avaient bénéficié d’un procès équitable.
«Les décisions que j’ai prises à cet égard n’ont pas été faciles, j’étais sûr qu’il y aurait des problèmes, mais je sais aussi que la vérité ne doit jamais être cachée et qu’être opaque est toujours le pire choix», écrit-il.
Après que les évêques africains eurent rejeté à l’unanimité son approbation des bénédictions homosexuelles, François maintient sa décision et insiste sur le fait que la bénédiction est destinée aux personnes, et non à la relation. «L’homosexualité n’est pas un crime», écrit-il, répétant une déclaration qu’il avait faite pour la première fois lors d’une entrevue accordée à l’Associated Press en 2023.