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Plus du quart des enseignants qui ont travaillé lors de l’année scolaire 2020-2021, soit plus de 30 000 personnes, étaient non légalement qualifiés.
La Vérificatrice générale (VG) du Québec déplore que le ministère de l’Éducation (MEQ) et les centres de services scolaires (CSS) n’aient toujours pas d’idée concrète de la cause du manque de personnel en enseignement.
«Alors que cette situation était prévisible, le MEQ et les CSS n’ont toujours pas une information complète et fiable sur ses causes ni sur les enjeux qui y sont liés», s’inquiète la VG, Guylaine Leclerc, dans son plus récent rapport, déposé jeudi.
Pour pallier le manque de personnel, Québec a ouvert les valves et permis aux centres de services scolaires de recruter davantage d’enseignants non légalement qualifiés. Le constat est frappant: plus du quart des enseignants qui ont travaillé lors de l’année scolaire 2020-2021, soit plus de 30 000 personnes, étaient non légalement qualifiés, selon les analyses de la VG.
«Ça nous jette à terre. Même dans les scénarios les plus pessimistes, on n'arrivait même pas à 10 000 enseignants», a lancé Kathleen Legault, présidente de l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire, en entrevue sur les ondes de Noovo Info.
Selon Mme Legault, 25% à 30% des personnes qualifiées ont décidé de ne pas rester dans le domaine «pour plusieurs raisons».
«Quand on a des gens compétents, on devrait comprendre ce qui se passe et essayer de les garder», a-t-elle critiqué.
Voyez l'entrevue complète dans la vidéo.
Le MEQ n'a pas de données sur le nombre de postes à pourvoir, sur le nombre d'enseignants non légalement qualifiés ou sur le taux de rétention. Quant à eux, les CSS ne connaissent pas la raison des départs ni le profil scolaire des enseignants non légalement qualifiés.
La VG note que 12 % de la population québécoise était aux prises avec des troubles mentaux ponctuels ou chroniques en 2021-2022. L’accès à des soins ou des services en santé mentale constituait un défi pour cette population, notamment en raison du manque de ressources d’hébergement appropriées.
«Les grands utilisateurs des urgences en santé mentale demeurent plus longtemps sur les listes d’attente du Guichet d’accès à un médecin de famille que l’ensemble de la population», note également la VG.
Ces deux facteurs nuisent au suivi des patients. Le manque de logement abordable fait également en sorte que des gens qui pourraient sortir des ressources familiales, intermédiaires ou en réadaptation y demeurent.
La VG poursuit en soulignant la difficulté d’accès à un psychiatre: en novembre dernier, 11,8 % des postes de psychiatres étaient vacants au Québec. Ce nombre atteignait 15,2 % au CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal.
De plus en plus de psychiatres rémunérés par la Régie de l'assurance maladie du Québec exercent d’ailleurs uniquement en cabinet et n’opèrent plus aux urgences, ce qui entraîne une disponibilité réduite pour les clientèles aux prises avec des troubles mentaux graves.
En outre, le nombre de contrats de 25 000$ et plus octroyés de gré à gré par CISSS Montérégie-Centre - CIUSSS Estrie-CHUS - CIUSSS Ouest de l'île du 1er avril 2019 au 31 mars 2022 a été de 786 pour une valeur de 200,5M$, observe la VG.
Celle-ci constate que cette situation pendant la pandémie créé un risque de dépendance à l'égard de certains fournisseurs, notamment pour la plateforme de prise de rendez-vous en ligne Clic Santé. 80 contrats ont d’ailleurs été octroyés uniquement pour cette plateforme, pour un total de 17,3 M$. Les coûts associés à l'utilisation de ce service ont significativement augmenté depuis quelques années.
La responsable de Québec solidaire (QS) en matière d’Éducation, Ruba Ghazal, a dit espérer que le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, lise attentivement le rapport de la VG.
«Il contient des éléments essentiels sur la pénurie de personnel et la qualité de l’enseignement qui ont un réel impact sur la réussite des élèves, a-t-elle déclaré par voie de communiqué. L'urgence, ce n'est pas de s'attaquer aux structures et de procéder à une centralisation à tout vent, mais bien à régler le problème le plus criant, la pénurie de main d'œuvre. Et ça, ça passe par de meilleurs conditions de travail.»
Avec des informations de Simon Bourassa, Noovo Info.