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Le ministre reste toutefois muet sur l'avenir de Justin Trudeau.
Le niveau de préparation des libéraux de Justin Trudeau à la prochaine campagne électorale n’est pas encore suffisant, reconnaît le lieutenant pour le Québec du gouvernement, Jean-Yves Duclos, qui évite soigneusement de répondre directement à toute question sur l’avenir politique du premier ministre.
«Les activités de précampagne et de contraste (avec les conservateurs) doivent s'intensifier», a-t-il dit en entrevue cette semaine. Il parlait alors des efforts encore à déployer, selon lui, pour faire comprendre aux Québécois et aux Canadiens la différence entre la possible élection de Pierre Poilievre et la continuité, souhaitée par le ministre, du gouvernement actuel.
Celui qui est aussi responsable des Services publics et de l’Approvisionnement a reçu mercredi La Presse Canadienne dans les bureaux de ce ministère, situé à Gatineau, avant de mettre le cap vers sa circonscription de Québec.
Jouant un rôle clé dans la préparation des libéraux au prochain scrutin à l'échelle de la province, il admet sans hésitation que, en septembre dernier, le gouvernement se retrouvait face à un dur constat après la chute du château fort libéral de LaSalle-Émard-Verdun, à Montréal, le deuxième à tomber au pays dans une élection partielle après celui de Toronto–St. Paul’s, dans la Ville Reine.
La cuisante défaite aux mains des bloquistes s’est produite trois jours avant la nomination de M. Duclos pour remplacer, au pied levé, Pablo Rodriguez qui faisait finalement le saut dans la course à la direction du Parti libéral du Québec.
«La principale critique du caucus national» était alors que les troupes de Justin Trudeau n’avaient pas réussi à ancrer leur stratégie préélectorale comme elles auraient «dû la déployer». «C'est une critique qui est fondée» aux yeux du ministre.
«Ce qui se passe – et c'est normal – c'est que le gouvernement a été très occupé à gérer pas mal d'enjeux au cours des derniers mois et des dernières années», a-t-il rappelé au cours de l'entretien, donnant en exemple la crise du logement.
Or, «disons, à partir du mois de novembre», M. Duclos considère que des progrès notables ont été faits après la nomination du nouveau directeur de campagne au niveau pancanadien, Andrew Bevan, et de son adjointe, Marjorie Michel. Il estime que la présentation aux élus d’un plan- ainsi que de mises à jour - pour des publicités préélectorales et le rythme des annonces de candidatures en vue du prochain scrutin ont calmé les inquiétudes des députés.
Là encore, il a semblé indiquer que le gouvernement minoritaire dont il fait partie a encore été bien occupé ailleurs avec des priorités chamboulées par l’élection de Donald Trump aux États-Unis.
«Évidemment, c'est un défi parce que dans les dernières semaines, on a aussi vu ce qui est arrivé au sud de la frontière, a-t-il soutenu. C'est un gros défi pour l'équipe ministérielle – et l'équipe de députés en particulier – de trouver les énergies qu'il faut trouver pour se préparer pour la campagne et faire les contrastes (avec les conservateurs) qui vont nous y amener.»
Appelé à clarifier ses propos, jeudi, M. Duclos a ajouté au bout du fil qu'«il faut aller encore plus vite». «On ne sous-estime pas les défis de la prochaine campagne et l’importance de s'y préparer.»
La démission fracassante, lundi, de la numéro 2 du gouvernement et ministre des Finances, Chrystia Freeland, le jour même où elle devait présenter l’énoncé économique d’automne, a fait imploser une dissension latente au sein du caucus libéral. Le nombre d'élus voulant le départ du premier ministre s’est accru, tant concernant des députés s’exprimant en coulisses que d’autres, à visage découvert, comme le Franco-Ontarien Francis Drouin.
Des élus et M. Duclos ont indiqué que M. Trudeau réfléchissait, depuis, aux répercussions du départ de la vice-première ministre - ayant déclenché une onde de choc - y compris à son avenir politique.
Le premier appel à la démission du dirigeant d'État et chef libéral à avoir été ébruité publiquement remonte à la fin juin. Le diffuseur public a révélé que le député néo-brunswickois d’arrière-ban Wayne Long a réclamé que M. Trudeau prenne la porte, d'abord en en coulisses, trois jours après la partielle dans Toronto – St. Paul’s.
M. Long est ensuite sorti de l’ombre,suivi de quelques députés ayant réclamé publiquement le départ de M. Trudeau, en octobre, comme l’élu de l’Île-du-Prince-Édouard Sean Casey. À ce moment-là, une vingtaine d’autres membres du caucus libéral sont demeurés anonymes, s’en tenant à signer une lettre demeurée confidentielle contenant leurs doléances et présentée au premier ministre.
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Tout indique que M. Trudeau, qui doit procéder vendredi à un remaniement ministériel majeur, réfléchissait toujours, mercredi, à son avenir politique au moment de l'entrevue avec M. Duclos. Le «Globe and Mail» a rapporté tard jeudi soir, sur la foi de sources anonymes, des échos de la garde rapprochée du premier ministre témoignant d'avancées de sa réflexion allant dans un sens comme dans l'autre. La Presse Canadienne n'a pas été mesure de corroborer les informations contradictoires rapportées dans cet article du quotidien torontois.
Chose certaine, M. Trudeaun’a pas répondu aux questions des médias depuis lundi. Son bureau a annulé toutes les entrevues de fin d’année qui étaient prévues avec le premier ministre.
M. Duclos, quand La Presse Canadienne l’a questionné à savoir s’il existait d’autres issues à la crise qu’une démission de M. Trudeau, s’est contenté de répondre que le premier ministre base ses décisions sur ce qui est meilleur pour le Canada, comme le principal intéressé l’a déclaré dans deux discours qu'il a prononcés lundi et mardi dans des événements partisans.
Quant à savoir si le ministre considère que l’annulation des entrevues de fin d’année signifie, selon sa compréhension, que M. Trudeau voulait prendre plus de temps pour réfléchir aux prochaines étapes, M. Duclos n’a pas voulu s’avancer.
«Je crois qu'on est tous – et pas juste lui – dans un mode qui reconnaît la crise que nous vivons depuis lundi et (de façon à) trouver le plus rapidement possible la façon de se ressaisir, de se rassembler pour faire ce qu'on fait plutôt bien (…), qui est de bâtir un meilleur pays pour tous», a-t-il offert en guise de réponse.
M. Duclos a précisé jeudi après-midi que sa dernière conversation avec M. Trudeau remontait à mardi.