Début du contenu principal.
La confusion et l'improvisation ont régné en maître lorsque des fortes pluies ont provoqué le week-end dernier d'importantes inondations à Halifax et le centre de la Nouvelle-Écosse. Pour des experts, il s'agit d'un autre exemple du manque de préparation de la province contre les désastres climatiques.
Le maire de West Hants a déclaré que plusieurs résidants n'ont pas reçu l'avis d'alerte parce que la couverture cellulaire de la région laisse à désirer.
Deux employés ont dû être dépêchés vers 2h00, le 22 juillet, au barrage de la rivière Sainte-Croix afin d'ouvrir les vannes pour libérer la pression créée par la crue. Randy MacMillan, le directeur général de Scotia Investments, le propriétaire du barrage, a raconté jeudi à la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, que les précipitations dépassaient de beaucoup les prévisions d'Environnement Canada.
«On nous a dit que nous recevrions 40 millimètres d'eau, mais je crois qu'il nous en est tombé plus de 300 millimètres. Si on ne peut pas se fier sur des prévisions, on doit prendre des précautions pour assurer la sécurité des gens, a déclaré M. MacMillan à Mme Freeland. C'était inattendu. Avoir su que nous aurions autant de pluie, nous aurions agi plus tôt, ce qui nous aurait facilité la tâche cette nuit-là et ce matin-là.»
Blair Feltmate, directeur de l’Intact Centre on Climate Adaptation de l'Université de Waterloo, soutient que de mauvaises prévisions météorologiques, une couverture cellulaire inadéquate et l'absence d'un plan précis d'intervention contre les inondations démontrent que la Nouvelle-Écosse, à l'instar de l'ensemble du pays, demeure toujours aussi mal préparée contre les crises climatiques.
«Il y a un grand sentiment de complaisance. Nous devons agir d'urgence pour nous préparer aux changements climatiques et aux conditions météorologiques extrêmes qui poseront de plus en plus de problèmes.»
Selon lui, les collectivités rurales de la Nouvelle-Écosse devraient recevoir une couverture cellulaire adéquate afin de s'assurer du bon fonctionnement du système d'alerte. Le CRTC devrait suivre l'exemple des autorités qui obligent les banques à garder assez d'argent en réserve en cas de crise en s'assurant que les sociétés de télécommunication puissent fournir des services pendant un désastre naturel.
M. Feltmate estime que chaque province devrait créer son organisme dont le mandat serait de fournir des renseignements détaillés sur les risques d'inondation et les plans d'interventions.
Les mauvaises prévisions météorologiques soulèvent des questions.
Jim Prime, un météorologue d'Environnement Canada, indique que le 21 juillet, vers 23h, l'agence avait annoncé que le comté de Hants pourrait recevoir jusqu'à 40 mm de pluie dans les secteurs les plus touchés. La prévision du lendemain annonçait 30 mm dans les secteurs les plus touchés. Dans les faits, il est tombé environ 250 mm de pluie en deux jours dans les régions les plus affectées.
M. Prime explique qu'une masse d'air tropical et humide a rencontré un système de basse pression. En conséquence, le «système se déplaçait très lentement». Il a ajouté que «tous les ingrédients ont été réunis» pour des précipitations continues, ce qui n'est pas habituellement le cas.
M. Feltmate juge que ces mauvaises prévisions sont préoccupantes. «Je n'ai jamais vu [Environnement Canada] se tromper autant. Habituellement, il est plus juste.»
John Lohr, le ministre responsable du Bureau de gestion des urgences, a déclaré jeudi que «dans un contexte où régnait une extraordinaire confusion», les services d'urgence ont «accompli un formidable boulot».
«Je suis satisfait de la façon dont le centre des communications a réagi. Nous avons lancé les avis d'alertes le plus rapidement possible. Il fallait réagir à une situation jamais vue, qui n'avait pas été prévue par les services météorologiques non plus.»