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Sport

La nageuse québécoise Katerine Savard annonce sa retraite sportive

«Je me rappelle avoir toujours voulu être enseignante, bien avant de rêver de devenir athlète.»

Maggie Mac Neil, de London, en Ontario, se tient à côté de sa coéquipière Katerine Savard, de Pont-Rouge, après avoir remporté l'or lors de la finale du 100 m papillon aux Jeux panaméricains de Santiago, au Chili, le dimanche 22 octobre 2023.
Maggie Mac Neil, de London, en Ontario, se tient à côté de sa coéquipière Katerine Savard, de Pont-Rouge, après avoir remporté l'or lors de la finale du 100 m papillon aux Jeux panaméricains de Santiago, au Chili, le dimanche 22 octobre 2023.
/ La Presse canadienne

Elle est toujours en amour avec son sport. C'est pourquoi elle vit actuellement un deuil. Mais la nageuse québécoise Katerine Savard était mûre pour prendre cette retraite sportive, officialisée mercredi.

«C’est une décision qui a été prise une peu naturellement dans les circonstances», a-t-elle raconté à La Presse Canadienne, attablée sur la mezzanine du Complexe sportif Claude-Robillard. «Je ne me suis pas qualifiée cet été pour mes quatrièmes Jeux olympiques; j’ai maintenant 31 ans; j’ai terminé mes études, etc. J’ai tout de même pris le temps d’y penser. C’est un gros deuil, qui n’est pas terminé.»

«Ç'a été une décision difficile à prendre, mais je pense que c’était le bon temps pour le faire. Des opportunités se sont présentées à moi au cours des dernières semaines, et je surfe là-dessus en ce moment.»
-Katerine Savard

Ces opportunités sont venues à la fois du monde de l'enseignement et... du coaching.

«J’ai obtenu un contrat dans une classe de maternelle et on m’a offert d’entraîner de jeunes nageurs les soirs. Plusieurs personnes me disaient depuis des années que je serais bonne entraîneuse, alors je me suis dit que c’était le temps d’essayer ça, pendant cette transition. Je vis sur ces essais pour voir qui je vais être dans les prochaines années.»

La triple Olympienne a décroché son baccalauréat en enseignement en 2021, mais elle avait mis cette carrière sur la glace pendant le dernier cycle olympique, question de tenter sa chance pour Paris 2024. C'est quand elle est retournée chez elle, à Québec — elle est native de Pont-Rouge — que sa décision s'est confirmée.

«Quand je suis redéménagée à Québec, on cherchait une enseignante pour un remplacement de congé de maladie, alors j’ai sauté sur l’occasion. Je suis très passionnée dans la vie et je craignais d’avoir des temps morts, des moments où je ne saurais pas trop quoi faire. Là, j’ai eu un mois de novembre plus occupé que jamais! J’enseigne toute la journée et je 'coache' tous les soirs. J’aime beaucoup aider les jeunes à progresser, que ce soit sur les bancs d’école ou dans la piscine.»

Savard a marqué l’histoire de la natation canadienne avec une récolte de 34 médailles obtenues lors de compétitions internationales étalées sur 11 ans. Elle a notamment décroché la médaille de bronze au relais 4x200 m libre aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, en 2016. Elle a également été sacrée championne du monde en quatre occasions avec l'équipe de relais canadienne, en plus d'avoir été médaillée d'or au 100 m papillon lors des Jeux du Commonwealth de Glasgow, en Écosse, en 2014.

La même année, Savard a d'ailleurs établi un record canadien avec un temps de 57,27 secondes au 100 m papillon.

Pourtant, il y a des moments dans sa carrière où elle n'aimait plus nager.

«En 2018. C’est à ce moment que j’ai pris une année sabbatique, a-t-elle rappelé. Je suis contente d’avoir écouté ma tête. Si ça n’avait pas été de cette pause, je n’aurais pas tenté de nager jusqu’en 2024. Dans les dernières années, j’avais retrouvé cette passion pour le sport. Ça me fait beaucoup de peine de mettre tout ça de côté, car j’aime ce sport.»

Avec le recul, elle aurait aimé que cet amour, et cette fierté soient plus forts tout au long de sa carrière.

«J’ai l’impression que, dans le moment présent, j’avais plus de regrets ou de doutes que maintenant que ma carrière est terminée. Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir apprécié et célébré tous ces moments. Je n’ai pas des dizaines de médailles olympiques, mais ce que je regrette de mon œuvre, c’est de ne pas avoir été fière plus tôt.»

Bien préparée

Cette transition, Savard s'y était bien préparée. Celle qui jure avoir voulu être enseignante avant même d'être une athlète a su écouter les gens autour d'elle qui lui ont dit dès le départ qu'il n'y avait pas que le sport dans la vie. En fait, qu'il devait y avoir autre chose que la natation.

«Mon premier entraîneur avec lequel j’ai fait les JO, Marc-André Pelletier, à Québec, m’avait dit à quel point c’était important d’avoir autre chose, comme mes parents m’ont toujours dit que d’avoir autre chose était important. Je me rappelle qu’à l’adolescence, ma mère ‘m’obligeait’ à avoir une vie sociale, des activités. Je n’en voyais pas l’importance à ce moment-là, mais je pense que j’ai une vie plus équilibrée en raison de ça», a-t-elle reconnu. 

«Maintenant, comme enseignante, je sais que ce n’est pas pour tout le monde de faire des études en même temps que le sport. Sans faire de grandes études, il y a quelque chose à faire entre les deux pour avoir autre chose que le sport dans la vie. Aujourd’hui, je quitte la natation, mais quand j’entre dans une classe, je suis heureuse d’avoir cette nouvelle passion», a-t-elle résumé.

Et qui sait, peut-être qu'un jour elle sera aussi confortable dans une salle de classe qu'un poisson dans l'eau? 

/ La Presse canadienne