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Un jeune père de Toronto, confronté à la déportation en Roumanie, «a senti qu'il n'avait plus d'options» et «devait être très désespéré» lorsqu'il a pris la décision fatale de fuir avec sa femme et ses deux jeunes enfants vers les États-Unis.
Un jeune père de Toronto, confronté à la déportation en Roumanie, «a senti qu'il n'avait plus d'options» et «devait être très désespéré» lorsqu'il a pris la décision fatale de fuir avec sa femme et ses deux jeunes enfants vers les États-Unis sur fleuve Saint-Laurent, a affirmé son avocat.
Ce texte est une traduction de CTV News Toronto
Mardi après-midi, l'avocat en immigration Peter Ivanyi, a déclaré à CTV News Toronto que ses clients, Florin et Monalisa Iordache, devaient se présenter à l'aéroport international Pearson le 29 mars pour être expulsés du pays.
Me Ivanyi a affirmé que Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) avait acheté des billets d'avion pour les deux ressortissants roumains et leurs deux enfants - une fille de deux ans, Evelyn, et un fils d'un an et demi, Eylen - mais que la famille ne s'est jamais présentée pour leur vol.
Rappelons que Evelyn et Eylen, sont nés au Canada et ont la citoyenneté canadienne, ne faisaient pas partie de l'ordre de déportation. Ivanyi, qui n'était pas au courant des plans de ses clients, pense que les billets pour les enfants ont été achetés pour «s'assurer que les parents soient déportés».
Me Ivanyi soutient qu'il avait aidé Florin et Monalisa depuis 2018 avec leur processus d'immigration et qu'un appel avait été déposé le mois dernier à la Cour fédérale contre le plus récent rejet du couple pour rester au Canada.
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L'avocat en immigration de la famille a expliqué que IRCC avait récemment rejeté l'évaluation des risques avant renvoi de ses clients, une demande de suspension de leur expulsion, pour assister à un rendez-vous avec un neurologue pour l'un de leurs enfants à l'Hôpital pour enfants malades.
«Et donc, quand l'immigration a dit “non, vous devez prendre cet avion le 29 mars”, je suis sûr que cela était au premier plan dans la tête de (Florin). Il a dû se dire “je ne peux pas, je dois aller quelque part où je peux au moins temporairement obtenir ce dont mes enfants ont besoin” et il ne croyait pas qu'il pouvait obtenir des soins médicaux appropriés pour lui-même, sans parler de ses enfants, en Roumanie», a précisé Me Ivanyi.
Me Ivanyi a poursuivi en disant que le retour en Roumanie, un endroit où les Iordaches auraient été discriminés en raison de leur ethnicité, maltraités et n'auraient pas eu les commodités de la vie qu'ils avaient connues au Canada, est devenu une véritable possibilité.
«Je pense que (Florin) a senti que pour le bien et l'intérêt de ses deux enfants canadiens, il n'avait pas d'autre choix. Je peux vous dire qu'il avait épuisé à peu près toutes les options pour rester au Canada», a-t-il souligné en ajoutant que Florin semblait fatigué et avoir un poids très lourd sur les épaules.
Me Ivanyi a mentionné que le jeune père ne parlait jamais de lui-même. Sa seule préoccupation était les besoins de ses deux jeunes enfants.
Vendredi dernier après-midi, Me Ivanyi a indiqué qu'il avait eu un pressentiment que quelque chose avait pu arriver à la famille lorsqu'un membre de la communauté rom l'a contacté pour lui faire savoir que ses clients faisaient probablement partie des huit migrants qui s'étaient noyés en traversant la frontière illégalement sur le territoire mohawk d'Akwesasne, à environ 130 kilomètres au sud-ouest de Montréal.
La police a confirmé ces informations pendant la fin de semaine. Ils ont fait savoir que Florin avait été retrouvé en possession de deux passeports canadiens: l'un pour un enfant de deux ans et l'autre pour un nourrisson d'un an.
La police de l'Inde a mentionné à La Presse canadienne que les quatre membres d'une famille de la province du Gujarat - Praveenbhai Chaudhari, 50 ans; sa femme Dakshaben, 45 ans; son fils Meet, 20 ans; et sa fille de 23 ans, Vidhi - avaient également été retirés de la rivière en essayant d'entrer illégalement aux États-Unis à Akwesasne.
Les Chaudharis voyageaient au Canada avec un visa de touriste depuis les deux derniers mois, a dit Achal Tyagi, surintendant de police pour la Ville de Mehsana. On ne sait pas où ils avaient séjourné au Canada.
Les deux familles sont décédées moins d'une semaine après que le Canada et les États-Unis ont modifié l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS), qui empêche les personnes dans l'un ou l'autre pays de traverser la frontière et de demander l'asile.
Eylen Iordache, à gauche, sa sœur Evelyn et son père Florin se sont noyés dans le fleuve Saint-Laurent à la fin de la semaine dernière après avoir tenté de passer illégalement aux États-Unis. | Crédits photo: Facebook de Florin Iordache
Dans une déclaration fournie également à CTV News Toronto, IRCC a soutenu qu'elle était «incroyablement attristée par les récents décès près de l'île de Cornwall».
«Nos condoléances vont aux familles des défunts. Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada continuera de travailler avec ses partenaires et surveille de près la situation», a écrit le porte-parole de IRCC, Stuart Isherwood.
«En raison de la législation sur la vie privée, nous ne pouvons pas commenter des cas spécifiques.»
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Le ministère des Affaires étrangères de la Roumanie, par l'intermédiaire de l'ambassade de Roumanie au Canada et du consulat général de Roumanie à Montréal, a ajouté qu'il «suit de près l'incident qui a entraîné la mort de plusieurs personnes à Akwesasne, près de la frontière entre les États-Unis et le Canada».
«Selon les dernières données fournies par l'ambassade et le consulat, les autorités canadiennes n'ont pas encore confirmé la citoyenneté de certaines des victimes, mentionnant uniquement leurs noms et le fait que les deux enfants décédés avaient la citoyenneté canadienne, car leurs passeports canadiens ont été retrouvés avec leur père. L'enquête est en cours», ont-ils écrit dans un courriel à CP24.com.
«L'ambassade de Roumanie au Canada et le consulat général de Roumanie à Montréal poursuivent le dialogue avec les autorités locales compétentes et se tiennent prêt à fournir une assistance consulaire, conformément à leurs compétences.»
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Entre-temps, Me Ivanyi dit que la tristesse qu'il avait initialement ressentie à la perte de ses clients s'est transformée en colère par rapport à leur expulsion. Néanmoins, il s'est dit heureux que l'on parle des difficultés que rencontrent les familles en matière d'immigration.
«Ce n'est pas seulement cette famille, mais les processus selon lesquels quelqu'un serait prêt à traverser une frontière illégalement. Ils doivent avoir une raison de le faire. Cela n'est pas discuté», a-t-il lancé, ajoutant que l'accent est souvent mis sur la non-obéissance aux lois d'immigration, plutôt que sur les motivations qu'ils ont pour la sécurité de leur famille.
«Je suis donc content que les gens montrent du respect pour Florin et sa famille, pour les enfants. Je suis sûr que la famille finira par l'apprécier à un moment donné.»
Me Ivanyi espère que raconter l'histoire de la famille Iordache amènera «des changements positifs, plutôt que les changements négatifs que nous avons vus récemment, avec les décisions de Trudeau, donc j'espère que quelque chose de bon sortira de cela.»
Actuellement ,la police mohawk d'Akwesasne est à la recherche de Casey Oakes, âgé de 30 ans, qui est relié à ce dossier. Les enquêteurs ont dit que son bateau a été retrouvé près des corps de huit migrants retirés du fleuve Saint-Laurent.
Avec les informations de La Presse canadienne et d'Allison Hurst pour CTV News Toronto