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Société

Interdiction des saveurs de vapotage : l’industrie du tabac derrière une «campagne d’éducation»

La campagne «Bye saveurs» est mise de l'avant dans plusieurs dépanneurs.

/ Noovo Info

Une campagne faisant le décompte du temps avant l’entrée en vigueur de l’interdiction des saveurs dans les produits de vapotage au Québec est bien visible dans de nombreux dépanneurs, dont ceux de la bannière Couche-Tard.

 

 

Tant sur les affiches que sur le site web de la campagne «Bye saveurs», on ne retrouve aucune mention de l’entité qui orchestre cette campagne de relations publiques bien ficelée. Or, la cigarettière Imperial Tobacco est derrière cette campagne, a pu confirmer Noovo Info.

Par courriel, l’entreprise qui se présente comme un leader dans l’industrie du tabac et du vapotage au pays présente l’offensive comme une «campagne d’éducation».

Voyez le reportage de Julien Bouthillier dans la vidéo liée à l'article.

«Compte tenu de l’objectif, Imperial Tobacco Canada ne croit pas nécessaire, ni important d’afficher son identité sur cette campagne, puisque cela n’est pas en lien avec le message à livrer», écrit Éric Gagnon, vice-président affaires juridiques et externes chez Imperial Tobacco Canada.

Bien que légale, cette approche pose des problèmes éthiques selon le professeur au département de communication sociale et publique de l’UQAM, Alexandre Coutant.

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Il rappelle que les guides de bonnes pratiques en relations publiques et en marketing stipulent qu’une communication d’influence se doit d’être explicite.

«Ne pas se nommer, c'est quand même ne pas suivre un des premiers éléments que la profession elle-même met en avant comme un enjeu fondamental», explique-t-il. 

Or, comme les professionnels des communications n’ont pas d’ordre professionnel, ces règles éthiques ne sont pas contraignantes. 

Une industrie puissante

La directrice générale du Conseil québécois sur le tabac et la santé, Anne Papageorgiou, n’était pas surprise d’apprendre qu’Imperial Tobacco menait une telle campagne.

«Il ne faut jamais oublier que les gens qui sont derrière le vapotage, c'est la même industrie qui est derrière les cigarettes. Donc, c'est une façon de faire de la part de cette industrie-là de créer des campagnes qui sont attrayantes, avec des messages forts, faciles à comprendre, faciles à mâcher et qui se trouvent dans des lieux accessibles», estime-t-elle.

Alexandre Coutant rappelle quant à lui que l’industrie du tabac a un historique d’utilisation de stratégies de communication qui sont «tout à fait discutables».

«Les cigarettières ont particulièrement une histoire de tentatives de produire de la contre-information scientifiquement et journalistiquement», rappelle-t-il.

Aucun porte-parole d’Imperial Tobacco n’était disponible mercredi ou jeudi pour nous accorder une entrevue à la caméra, nous a indiqué l’entreprise. Par courriel, Imperial Tobacco indique que la campagne vise à «s’assurer que les consommateurs adultes qui ont fait le choix de vapoter soient bien informés de la nouvelle réglementation et qu'ils aient la possibilité d'exprimer leur mécontentement auprès de leur député s'ils le souhaitent.»

Les produits de vapotage aromatisés seront interdits au Québec à compter du 31 octobre.
Les produits de vapotage aromatisés seront interdits au Québec à compter du 31 octobre.

Le ministère de la santé aux aguets

Par courriel, le ministère de la Santé et des Services sociaux confirme «analyser la situation à savoir si l’affiche et le site web de cette campagne contreviennent à la Loi concernant la lutte contre le tabagisme ou son règlement d’application». 

Il rappelle également que «plusieurs restrictions s’appliquent quant à la publicité sur les produits du vapotage. Par exemple, la publicité ne peut comporter autre chose que du texte, ne doit pas être destinée aux mineurs, être faite de manière trompeuse, utiliser un slogan, etc.»

Le marché illégal profite de l’interdiction

Noovo Info révélait mercredi qu’il sera possible de se procurer des produits de vapotage aromatisés illégalement auprès de nombreux commerçants, une fois l’interdiction entrée en vigueur le 31 octobre prochain. Noovo Info a visité différents commerces dans la communauté de Kahnawake où le 31 octobre est perçu comme une manne annoncée.