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Il aura fallu près de dix ans au gouvernement du Québec pour encadrer sévèrement le vapotage. Sa décision de bannir les saveurs n’est pas étrangère à une étude qui a ébranlé un tas d’acteurs gouvernementaux et de l’éducation. Selon ces données, 43% des jeunes de 4e et 5e secondaire ont déjà vapoté, dont 22% au cours des 30 derniers jours.
Pas surprenant, selon plusieurs intervenants qui ont vu les vapoteuses colorées aux goûts fruités devenir des objets de collection chez plusieurs adolescents. Même si la vente de ces produits aux moins de 18 ans est interdite, ils semblent se retrouver avec une facilité déconcertante entre leurs mains. La nouvelle loi vise à mettre fin à ce fléau.
Mais Noovo Info a pu constater qu’un tas de commerces comptent poursuivre illégalement la vente des produits de vapotage avec saveurs. En caméra caché, Noovo Info est allé à l'intérieur de différents commerces dans la communauté de Kahnawake. Le 31 octobre est perçu comme une manne annoncée. «Ce sera sûrement plus occupé ici quand les autres ne pourrons plus vendre», lance une commerçante.
Un autre admet avoir prévu plus de produits face à l’affluence nouvelle qui viendra de l’extérieur de la communauté. «L'interdiction ne va pas nous toucher. Quand ça sera effectif, les gens vont venir ici pour chercher leurs produits», indique-t-il.
À cela, il faut ajouter des vendeurs illégaux qui font affaire sur différentes plateformes de commerces en ligne et ceux qui ont des boutiques sur internet, qui ne respectent aucune des lois en place. Par exemple, plusieurs produits qui ont le mauvais étiquetage, des doses excessives de nicotine ou des saveurs illégales sont offerts, a pu constater Noovo Info.
Noovo Info a pu confirmer auprès de plusieurs propriétaires de boutiques de vapotage qu’ils fermeront des succursales dès les prochaines semaines en raison de la baisse prévue des ventes. Selon l’Alliance des boutiques de vapotage du Québec, les produits aromatisés composaient 90% des ventes de ses membres.
David Lévesque est porte-parole de cette association, mais il est aussi lui-même un fabricant et distributeur de produits. Il a fait visiter à Noovo Info ses installations. 90% de ce qui se trouve dans son entrepôt ne pourra plus être distribué au Québec. «Les propriétaires de boutiques ont sondé leurs clients pour savoir ce qu’ils feraient et la majorité ont dit qu’ils achèteraient en ligne», s’attriste David Lévesque.
En colère, il a décidé de lancer une gamme de produits de vapotage sans saveur qui s’en prennent à des acteurs clés du gouvernement. Par exemple, sa collection «Tabacs Rnak» vend le «Tabac Le Go» en référence à François Legault, le «Tabac Du Bay» qui vise le ministre de la Santé Christian Dubé.
«Il n’y a plus de combat envers le tabagisme, le combat est rendu contre le vapotage», dénonce-t-il.
Mais l’interdiction des saveurs dans le vapotage vise à décourager les jeunes à commencer à utiliser le produit, insiste Annie Papageorgiou, directrice du Conseil québécois sur le tabac. Elle affirme qu’aucune étude sérieuse permet de conclure que le vapotage permet d’arrêter de fumer, un argument de l’industrie du vapotage.
«On voit des jeunes qui n’ont jamais fumé la cigarette qui vapotent. Il fallait un message clair et c’est ce que fait le gouvernement. Moi ce que je me dis c’est que les jeunes qui ne sont pas initiés, si le produit est pas accessible facilement, ils ne vont pas commencer à chercher sur internet», dit-elle.
Son organisation multiplie les initiatives pour décourager les jeunes de vapoter, notamment par l’entremise de nouvelles campagnes sur la plateforme ÉPAV (VAPE à l’envers).
Voyez le reportage d'Étienne Fortin-Gauthier dans la vidéo.