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Politique

Immigration: Québec réduit ses cibles d'étudiants étrangers dès l'automne 2025

Des étudiants à l'Université McGill marchent le 6 février 2025.
Des étudiants à l'Université McGill marchent le 6 février 2025.
/ Noovo Info

Le gouvernement du Québec a annoncé mercredi matin la réduction du nombre d'étudiants étrangers dans la province dès la rentrée d’automne 2025. Cela vise les établissements de formation professionnelle et privée ainsi que les universités.

Un décret d'un an a été déposé mercredi matin dans le cadre des objectifs gouvernementaux afin de réduire le nombre d'immigrants temporaires. Selon les chiffres du gouvernement, le nombre de permis d'études délivrés pour le Québec a augmenté de 140% entre 2014 et 2023. Québec veut donc réduire de 20% l'octroi des certificats d'acceptation du Québec (CAQ), nécessaires pour venir étudier ici.

«En agissant sur une période d’un an, notre gouvernement reste agile afin de réévaluer la situation et de s’ajuster selon les besoins stratégiques du Québec en tenant compte des nouvelles tendances qui pourraient émerger», a expliqué le ministre québécois de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge.

 

Par communiqué, le gouvernement souligne l'importance et l'impact positif de recevoir ces étudiants, mais souhaite recadrer sa politique en raison des nombreux abus soulevés dans les dernières années. Rappelons qu'en octobre 2024, on comptait près de 615 000 résidents non permanents dans la province québécoise et 21% d'entre eux représentaient les étudiants étrangers (129 000). 

La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, veut particulièrement s'attaquer aux collèges privés dont le «modèle d'affaires» consiste à offrir des formations courtes à beaucoup d'étudiants étrangers, leur permettant ensuite d'obtenir rapidement la résidence permanente.

«Une prise de décision ciblée par établissement permet d’agir de manière précise, tout en minimisant les impacts négatifs et en respectant l’autonomie institutionnelle», a-t-elle affirmé par communiqué.

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«Le nombre d’étudiants étrangers qui viennent au Québec pour étudier en formation professionnelle a explosé au cours des dernières années, notamment dans certains établissements privés en milieu urbain», a déploré le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville. «Nous veillons à protéger le nombre d’étudiants étrangers destinés à nos centres de formation en région, parce que nous savons à quel point ils sont importants pour nos économies et nos communautés régionales, et pour l’avenir de nos jeunes.»

Entre 2025 et 2026, un maximum de 32 261 demandes de sélection temporaire sera reçu pour la formation professionnelle et au niveau collégial, c'est un maximum de 29 200 demandes qui seront acceptées et réparties selon les établissements. Au niveau universitaire, on parle d'un maximum de 63 299 demandes de sélection temporaire pour études qui seront acceptées.

Avant même l'annonce de ce plafond dans les universités, les demandes d’admission provenant de l’extérieur du pays étaient en chute libre dans certains établissements, en raison des récentes décisions prises au provincial et au fédéral. 

 «Une baisse importante des inscriptions d'étudiants internationaux représente un changement fondamental dans le système de financement des universités canadiennes», avait prévenu Gabriel Miller, président-directeur général d'Universités Canada à La Presse canadienne, ajoutant que le manque de financement et d'achalandage peut entraîner des licenciements, des classes plus nombreuses et des gels d'embauche. Notons que l'Université McGill a annoncé qu'elle pourrait devoir supprimer jusqu'à 500 emplois afin «d'assurer sa viabilité à long terme».

Bien que le ministre Roberge ait promis d’épargner les programmes en région, des voix s’étaient élevées de partout réclamant, entre autres, qu’il évite d’imposer des quotas pour les étudiants de deuxième et troisième cycles (maîtrise et doctorat) qui sont au cœur de la recherche scientifique québécoise. De plus, les Universités de Montréal, de Sherbrooke et Laval, qui accueillent des milliers d'étudiants internationaux chaque année, se sont unies pour faire pression au gouvernement après la hausse des frais d'inscription pour les étudiants étrangers.

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Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec croisées avec celles du ministère de l’Éducation, les 19 institutions universitaires québécoises accueillent un peu plus de 56 000 étudiants internationaux, soit 18,4 % d’une population étudiante universitaire d’un peu plus de 306 000 personnes. La moitié (51,1 %) de ces étudiants internationaux sont aux deuxième et troisième cycles. Sur le lot, six établissements universitaires comptent plus de 25 % d’étudiants internationaux parmi leur effectif étudiant total.

Le gouvernement affirme que l'immigration temporaire - qui inclut les étudiants étrangers - sera désormais prise en considération dans la prochaine planification pluriannuelle de l’immigration au Québec pour 2026-2029.

D'ailleurs, Québec a également annoncé la suspension des demandes d'Évaluation de l’impact sur le marché du travail (EIMT) pour les postes à bas salaire dans le programme des travailleurs étrangers temporaires jusqu'au 30 novembre 2025. Les régions de Laval et Montréal seront incluses dans cette mesure à partir du 3 mars prochain. Le ministre Roberge justifie sa décision comme étant «aligné» avec le contexte économique actuel.

«Nous poursuivons notre travail afin de réduire le nombre de résidents non permanents tout en veillant à répondre aux besoins en main-d’œuvre dans certains secteurs stratégiques du Québec», a-t-il dit par communiqué.

Certains secteurs du marché du travail seront toutefois exemptés de cette mesure, l’agriculture, la construction, la transformation alimentaire, l’enseignement et la santé et les services sociaux.

Avec des informations de Thomas Laberge et de Pierre Saint-Arnaud pour La Presse canadienne