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Selon le ministère du Travail, 200 700 travailleurs seront touchés par cette hausse du salaire minimum, dont 111 200 femmes.
Le salaire minimum au Québec sera haussé de 50 cents, passant de 15,25 $ à 15,75 $ l’heure à compter du 1er mai prochain.
Le gouvernement du Québec a pris cette décision «en raison de l’incertitude économique» qui touche notamment le commerce de détail et la restauration — des secteurs qui vivent une situation difficile, voire plusieurs fermetures.
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«Il faut comprendre que hausser le salaire de façon importante pourrait avoir un effet négatif et entraîner une pression importante pour les employeurs et ainsi occasionner des fermetures dans le milieu du commerce au détail, des restaurants ou bien de l’hébergement, ce qui n’est pas souhaitable, avec tout ce que cela pourrait entraîner comme conséquences néfastes sur l’économie québécoise.»
Selon le ministère du Travail, 200 700 travailleurs seront touchés par cette hausse du salaire minimum, dont 111 200 femmes. «Ces salariés bénéficieront d'une hausse de leur revenu disponible pouvant aller jusqu'à 691,00 $ par année», précise-t-on dans un communiqué acheminé aux médias.
Le gouvernement souhaite que le salaire minimum se maintienne à environ 50 % du salaire moyen; avec la prochaine hausse, il atteindra 50,8 %.
Le ministre Boulet souligne que la hausse annoncée équivaudra à 3,28 % et qu’elle sera ainsi «plus élevée que l’inflation anticipée pour l’année financière 2024-2025 qui est de 2,3 %». Il fait aussi valoir que le gouvernement «a fait de grands efforts pour protéger la population contre l’inflation», comme la distribution de chèques ponctuels, le plafonnement de tarifs gouvernementaux, une baisse d’impôt et la bonification du crédit d’impôt pour aînés.
Un salaire minimum fixé à 15,75 $ l'heure positionne le Québec au 3e rang du classement provincial, selon le ministère du Travail.
Une augmentation de 3,28 % sera également apportée au salaire minimum payable aux salariés rémunérés au pourboire, qui passera à 12,60 $ de l'heure.
La même hausse sera appliquée pour les salariés affectés exclusivement, durant une période de paie, à la cueillette de framboises ou de fraises.
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Le salaire minimum payable passera donc à 4,68 $ le kilogramme pour les cueilleurs de framboises et à 1,25 $ le kilogramme pour les cueilleurs de fraises.
Depuis 2019, le gouvernement a fait passer le salaire minimum de 12,00 $ à 15,75 $, ce qui correspond à une hausse de 3,75 $ ou de 31,00 %.
En réaction à la hausse du salaire minimum prévue en mai prochain, le député d'Hochelaga-Maisonneuve de Québec solidaire, porte-parole en matière d'emploi et de travail, Alexandre Leduc, estime que «ce n’est pas à coup de 50 cennes qu’on va permettre aux personnes qui travaillent au salaire minimum de vivre dignement.»
«Des travailleurs et des travailleuses font maintenant la file dans les banques alimentaires, la CAQ doit arrêter de se mettre la tête dans le sable et s'assurer que tout le monde puisse subvenir à ses besoins», a aussi déclaré Alexandre Leduc, mercredi, dans une déclaration acheminée aux médias.
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté juge également que cette nouvelle hausse du salaire minimum est insuffisante, «à peine de quoi couvrir ses besoins de base».
«Avec un tel salaire minimum, il ne faudra pas se surprendre de voir continuer d’augmenter le nombre de travailleuses et de travailleurs ayant recours aux services des banques alimentaires, souligne la porte-parole du Collectif, Virginie Larivière, dans un communiqué sur son site Web.
Un sondage Léger publié en décembre dernier dans le cadre de La guignolée des médias affirmait qu'un Québécois sur trois, soit 32% de la population provinciale, s'est retrouvé en insécurité alimentaire en 2023, un «gigantesque» bond de 10% par rapport à 2020.
«Le pourcentage de travailleurs vivant de l’insécurité alimentaire nous a sidérés», affirmait alors Christian Bourque, vice-président exécutif de Léger.
Selon le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le salaire minimum devrait se situer «quelque part entre 22 et 23$ de l'heure, soit le montant minimal «pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs au salaire minimum de sortir de la pauvreté».
La plus grande centrale syndicale du Québec, la FTQ, a jugé qu'offrir une hausse de 50 cents l'heure était «complètement déconnecté de la réalité». «Le gouvernement se moque du pauvre monde», a réagi le secrétaire général, Denis Bolduc.
Du côté de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), qui représente des PME, le vice-président pour le Québec, François Vincent, se dit «soulagé» par cette «hausse modérée».
«C'est une hausse qui semble raisonnable dans le contexte, mais qui accroît tout de même les coûts pour les petites et moyennes entreprises», a-t-il fait valoir dans un communiqué publié sur X.
Salaire minimum à 15,75$ : une hausse plus modérée, mais qui représente un coût de plus à gérer pour des #PME québécoises déjà surtaxées.#polqc
— FCEI Québec (@FCEIQc) January 31, 2024
➡️https://t.co/BLm5NjTrbh
Les PME, rapporte-t-il, souhaiteraient «que les augmentations du salaire minimum soient accompagnées d'une baisse du fardeau fiscal, d'une baisse des taxes sur la masse salariale ou d'un crédit d'impôt qui pourrait être disponible pour les aider».
La FCEI s'oppose aux demandes répétées de certains groupes qui réclament une hausse du salaire à minimum à 20$ l'heure. La FCEI juge cette proposition «déraisonnable».
«Les hausses des coûts frappent les PME de tous côtés dans un contexte où elles doivent déjà composer avec un lourd endettement, des pertes économiques causées par la pénurie de main-d’œuvre et un fardeau fiscal désavantageux avec des taxes sur la masse salariale de 30 % plus élevées ici que la moyenne canadienne», affirme M. Vincent.
Avec des informations de La Presse canadienne