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L’entreprise d’alimentation et de pharmacie Metro a subi au premier trimestre de l’exercice 2024 un recul de 1,1 % de son bénéfice net, qui est passé en un an de 231,1 millions $ à 228,5 millions $.
La période de gel des prix prendra fin dès le 1er février et les consommateurs doivent s’attendre à ce que les prix de certains articles vendus en épicerie augmentent, prévient le patron de Metro, qui assure toutefois que le rythme d’inflation se modère.
«Il va y avoir des augmentations graduelles de prix, répond le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, en conférence de presse, en marge l’assemblée annuelle. La bonne nouvelle, c'est que ça va être des augmentations plus normales, comme dans le passé, et moins hautes que ce qu'on a vu au cours des deux dernières années.»
Les épiciers canadiens imposent une période de gel de prix à leurs fournisseurs du 1er novembre au 1er février. Selon «les demandes dans le système», M. La Flèche constate que le nombre de fournisseurs qui demandent une augmentation de prix «est substantiellement inférieur» et que les hausses négociées sont moins importantes. «Je vous dirais 60 % moins de demandes (de la part) de nos fournisseurs», précise-t-il.
Les fournisseurs ne réclameraient plus d’augmentations supérieures à 10 %. «Les taux sont dans le un chiffre (moins de 10 %) et non plus dans les deux chiffres (10 % et plus). Il y en a qui sont dans les bas (de la fourchette inférieure à 10 %), il y en a qui sont dans le haut.»
L’homme d’affaires a donné l’exemple du jus d’orange parmi les produits dont le prix augmentera. «Il y a des augmentations attribuables aux prix des denrées, comme le jus d'orange en raison du prix des oranges. Les récoltes ont été mauvaises.»
La société montréalaise a précisé que l’inflation alimentaire dans ses magasins était de 4 % au premier trimestre clos le 23 décembre. Ce chiffre était de 5,5 % au précédent trimestre et de 8 % pour l’autre d’avant.
Le patron du propriétaire des enseignes Metro, Jean Coutu et Super C a également rejeté du revers de la main les critiques du ministre fédéral de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, François-Philippe Champagne, qui accuse les épiciers canadiens de «manquer de transparence».
«Les grands épiciers n'ont pas, à ce jour, été suffisamment transparents sur les causes de l'inflation alimentaire, et ils n'ont pas, pour la plupart, fourni de mises à jour régulières sur les initiatives visant à stabiliser les prix des aliments au pays», déplore le ministre Champagne dans une lettre, envoyée lundi, au commissaire de la concurrence Matthew Boswell.
M. La Flèche rétorque que Metro a répondu aux questions des parlementaires et que l’entreprise a participé à l’enquête du Bureau de la concurrence. «J'ai vu ce qui a été dit, mais je pense qu'on a été très transparent. Je ne sais pas quoi dire de plus.»
L’homme d’affaires a réitéré l’argumentaire de l’industrie. Il souligne que, malgré l’augmentation des ventes et des bénéfices, les marges sont demeurées relativement stables.
Metro avait une marge brute de 19,6 % au premier trimestre. Avant la pandémie, cette marge était de 19,6 % pour les trois derniers mois de l’année 2019 et de 19,4 % pour la même période en 2018, selon d’anciens rapports financiers.
L’argument ne semble pas avoir convaincu le ministre Champagne qui a dit, mardi, mener des discussions afin d’attirer un épicier étranger au pays pour accroître la concurrence.
Questionné à savoir ce qu’il pensait de ce projet, M. La Flèche a souri, répondant que le marché était «extrêmement concurrentiel au Canada». «À chaque fois que j'entends parler de la concurrence internationale, j'essaie de rappeler à tout le monde qu'il y a trois multinationales étrangères: Walmart, Costco et Amazon. Toutes affirmations que nous ne sommes pas concurrentielles ne reflètent pas le marché dans lequel nous sommes.»
M. La Flèche n’a pas voulu s’avancer sur une possible acquisition de la chaîne de pharmacies Rexall. Le «Globe and Mail» rapportait que son propriétaire, la société américaine McKesson, cherche à vendre l’enseigne canadienne.
Une telle acquisition pourrait potentiellement accroître la présence de Metro dans le segment de la pharmacie à l’extérieur du Québec, où elle exploite l’enseigne Jean Coutu. «Je ne ferai pas de commentaire sur une cible particulière versus une autre, mais on demeure à l'affût des acquisitions.»
L’exercice 2024 sera toutefois marqué par une intensification des investissements. En novembre dernier, la direction avait prévenu que ses investissements (dans ses centres de distribution automatisée, notamment) entraîneraient une croissance plus lente du bénéfice pour l’exercice 2024. La direction maintient toutefois son objectif d'accroître son bénéfice par action d'entre 8 % et 10 % à long terme.
Hypothétiquement, Metro a la marge de manœuvre pour réaliser une acquisition, même si elle se trouve dans une période plus intensive en capital. «Oui, notre bilan est en très bonne santé. Il n'y a rien qui nous empêcherait de faire ce genre d'acquisition.»
Metro dévoilait, plus tôt mardi, des résultats légèrement supérieurs aux attentes des analystes.
La société a enregistré un bénéfice net en baisse de 1,1 % à 228,5 millions $ au moment où elle entreprend une intensification de ses investissements. Le bénéfice ajusté dilué par action était de 1,02 $.
Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 6,5 % à 4,97 milliards $. Le trimestre compte toutefois une semaine de plus que l’année précédente.
Les ventes comparables en alimentation (excluant les ouvertures et fermetures de magasins) ont augmenté de 6,1 %, mais de 3,4 % si on exclut la semaine supplémentaire. Les ventes comparables en pharmacie ont progressé de 6,1 %, ou 3,9 % sans la semaine supplémentaire.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient que Metro dévoile des revenus de 4,91 milliards $ et un bénéfice par action de 99 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.
L’action de Metro perdait 55 cents, ou 0,77 %, à 70,66 $ à la Bourse de Toronto en début d’après-midi.