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Glencore prévoit acheter et démolir 80 immeubles.
Le responsable de Québec solidaire (QS) en matière d’Environnement, Alejandra Zaga Mendez, a vivement réagi concernant le plan du gouvernement de relocaliser 200 ménages situés près de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda.
Glencore, firme opératrice de la Fonderie Horne, devra ainsi payer pour acquérir et démolir 80 immeubles dans le nord du quartier Notre-Dame, pour ensuite procéder au verdissement des terrains. Les autorités provinciales verseront 85 millions de dollars, puisqu'un nouveau quartier devra être créé si le projet se concrétise. L'espace ainsi gagné servirait de zone tampon entre la fonderie et le reste de Rouyn-Noranda.
Voyez le reportage d'Anaïs Elboujdaini dans la vidéo liée à cet article.
Relayées d'abord par La Presse, ces informations ont pu être confirmées par Noovo Info auprès de ses sources. Elles devraient être annoncées jeudi dans le plan d'action du gouvernement Legault.
«Demander à 200 familles de faire leurs boîtes pour accommoder une entreprise multimilliardaire qui refuse de respecter nos normes environnementales, c’est consternant! Les gens de Rouyn-Noranda n’ont jamais demandé d’être déracinés de leur foyer. Ce qu’ils demandent, avec raison, c’est que la Fonderie respecte la norme [provinciale d'émission de 3 ng d'arsenic par mètre cube d'air], et Glencore a totalement les moyens de le faire», a affirmé Alejandra Zaga Mendez dans un communiqué acheminé aux médias.
Mme Mendez croit que le gouvernement Legault doit «commencer par consulter la population sur la création d’une zone tampon avant toute chose». Et, même si la population consentait à des relocalisations, aucun financement ne devrait provenir des poches du gouvernement, d'après elle. «C’est à la Fonderie Horne d’assumer la facture, pas aux Québécois et Québécoises.»
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Du côté du Parti québécois, en point de presse mardi matin, le député Joël Arsenault a pour sa part indiqué «qu'il faudrait voir avec la population ce qu'elle en pense, on imagine le déracinement, ce que ça peut créer comme traumatisme chez les gens».
«L'autre grand problème», selon Joël Arsenault, «c'est qu'on veuille le faire avec une contribution de 85 millions $ du gouvernement du Québec, à une compagnie qui va, cette année, ou en 2022, avoir des bénéfices nets de l'ordre de 18 milliards $ US».
Le chef libéral par intérim Marc Tanguay croit que la délocalisation «ne pourra pas être une solution pour l'ensemble de la population».
Toutefois, a-t-il fait valoir, «c'est un dossier qui est délicat, mais je pense que pour certains, ça peut être une solution».
Une militante rencontrée par la journaliste de Noovo Info Anaïs Elboujdaini estime que ce déplacement d'envergure risque de «défigurer le quartier».
«C'est un milieu assez peu nanti. C'est des gens qui, souvent, ont habité là toute leur vie, qui sont dans des logements qui ne sont pas extraordinaires, mais il reste que c'est leur quartier, leurs voisins, leurs milieux», dénonce la porte-parole du Comité ARET, Nicole Desgagnés. La militante ajoute que la délocalisation ne risque d'ailleurs pas d'être évidente, puisque Rouyn-Noranda est sous le coup d'une pénurie de logements depuis une vingtaine d'années.
La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, veut quant à elle attendre d'avoir toutes les informations nécessaires avant de commenter la situation.
Québec allait aussi annoncer jeudi à Rouyn-Noranda les chiffres concernant la nouvelle autorisation ministérielle – que certains appellent le «droit de polluer» - attribuée à la Fonderie Horne. L'attestation a été remise en janvier dernier, mais n'a pas été dévoilée au grand public. La nouvelle autorisation ministérielle obligerait notamment un plan pour l'atteinte éventuelle de la norme maximale provinciale d'émission de 3 ng d'arsenic par mètre cube d'air.
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En août dernier, Glencore avait annoncé l’investissement de 500 millions de dollars pour atteindre un seuil d’émission d’arsenic de 15 nanogrammes par mètre cube d’air (ng/m3) en 2027, comme l’ont demandé les autorités québécoises de santé publique et le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC).
Avant d’atteindre la limite de 15 ng/m3 à l’été 2027, la fonderie projette d’arriver à une cible de 65 ng/m3 l’année prochaine et de 45 ng/m3 en 2025.
Actuellement, l’entente avec le gouvernement, qui a été signée en 2017, permet que les émissions de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme québécoise.
Au début du mois, la Fonderie Horne a fait savoir que pour l'année 2022, elle a émis une moyenne de 73,1 nanogrammes d'arsenic par mètre cube dans l'air ambiant de Rouyn-Noranda.
Les résultats sont enregistrés par une station légale située près de l’usine, note Glencore. Elle est située dans l’axe des vents dominants qui ont un impact sur l’exposition des contaminants.
Glencore dit donc avoir réussi à réduire ses émissions d’arsenic en comparaison avec 2021 (87 ng/m3). Cette amélioration serait due aux nombreux projets de réduction des émissions, selon la firme.
La compagnie Glencore est sur la sellette depuis des mois, alors que les rejets de sa fonderie dans l'air dépassent les normes, notamment pour l'arsenic.
Avec des informations de Samuel Deschênes et d'Anaïs Elboujdaini pour Noovo Info ainsi que de La Presse canadienne