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Environnement

Des vacances carboneutres? Le test de Noovo Info

Noovo Info a tenté l'expérience dans le cadre d'un voyage de 14 jours en voiture à l'Île-du-Prince-Édouard. Le résultat? Le périple n'a pas été carboneutre. Voici pourquoi.

La saison des vacances bat son plein. Beaucoup de Québécois s’apprêtent à quitter leur maison pour voyager, en voiture ou en avion. Est-il possible de réduire – voire d’éliminer – le bilan carbone de ces escapades?

Noovo Info a tenté l'expérience dans le cadre d'un voyage de 14 jours en voiture à l'Île-du-Prince-Édouard. Le résultat? Le périple n'a pas été carboneutre. Voici pourquoi.

«À partir du moment où vous utilisez une goutte d’essence, vous ne pouvez pas vous affirmer carboneutre», lance Claude Villeneuve, biologiste et directeur du programme Carbone boréal de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), d'entrée jeu dans un entretien avec Noovo Info.

On peut être tenté de croire que réduire ses déchets ou consommer uniquement des produits locaux et biologiques pendant nos vacances pourrait être la solution pour réduire notre production de gaz à effet de serre (GES), explique-t-il, mais ces mesures, quoique louables, ont un impact négligeable sur le bilan carbone d’un voyage.

«La nourriture et l’énergie que l’on consomme [à destination] sont tellement minimes que ça équivaut seulement à 1,1% de la quantité de CO2 que l’on va produire en se déplaçant», calcule M. Villeneuve. «Au final, l’impact principal, c’est l’utilisation des carburants fossiles», insiste-t-il.

 

Prendre la voiture ou l’avion?

«L’avion, il ne faut pas le diaboliser», prévient le biologiste. Un trajet en voiture avec un seul passager à bord équivaut à peu près à un trajet en avion sur une même distance en termes d’émission de GES. Par contre, plus le nombre de passagers augmente, plus le fossé se creuse.

«Si vous êtes deux dans une auto, l’impact carbone se divise en deux», illustre M. Villeneuve, «alors que si vous êtes deux à prendre l’avion, l’impact se multiplie, parce que ça prend plus de carburant à l’avion pour faire voler deux personnes.»

Opter pour un véhicule électrique peut permettre de réduire son bilan carbone. Tout dépend toutefois de la destination. «À certains endroits, l’électricité est fabriquée avec des carburants fossiles, donc elle peut être elle aussi extrêmement chargée en gaz à effet de serre», rappelle Claude Villeneuve. En d'autres mots, l'usage d'une voiture électrique aura un impact réduit sur l'environnement, mais ça dépend d'où vous allez. 

Pas de solution miracle

Pour voyager sans contribuer négativement aux changements climatiques, deux options s’offrent à nous: le transport actif ou compenser pour ses émissions de dioxyde de carbone (CO2).

«Si on veut faire un voyage carboneutre, on va le faire à pied ou à vélo», explique Claude Villeneuve. 

Il faut toutefois reconnaître que cette option n’est pas toujours pratique ou accessible pour tous. Dans ce cas, «la meilleure façon pour être carboneutre, c’est de compenser pour ses émissions de CO2 avec la plantation d’arbres ou une autre méthode qui va aussi absorber les émissions que l’on a faites pendant son voyage», suggère le biologiste. 

Carbone boréal propose par exemple de calculer le nombre de kilomètres parcourus pendant son voyage pour déterminer, en fonction du moyen de transport utilisé, le nombre d’arbres à planter pour absorber les GES émis. «Notre calcul se base sur la quantité de CO2 que peut absorber un arbre pendant 70 ans, résume-t-il. Ça prend donc 70 ans avant que votre voyage disparaisse.»

 

Les résultats du test de carboneutralité de Noovo Info à l'Île-du-Prince-Édouard

Le bilan total de Noovo Info pour les 3000 kilomètres parcourus du Québec à l'Île-du-Prince-Édouard, en suivant la méthodologie de calcul de Carbone boréal Une émission de 0,95 tonne de CO2, ce qui nécessiterait de planter sept arbres. Un bilan non négligeable, considérant que le Québécois moyen a émis 11,3 tonnes de CO2 en 2018, selon l’Institut de la statistique du Québec

Et si on avait parcouru le même nombre de kilomètres en avion? Le bilan total resterait semblable pour un voyage solo, soit 0,98 tonne de CO2. 

Mais attention, avant de songer à planter des arbres pour compenser un voyage, il faut faire ses recherches, avertit Claude Villeneuve. Le marché de la compensation d’émissions peut s’avérer lucratif, et les pratiques de certaines entreprises sont douteuses. «Il y a des organismes qui disent qu’ils plantent des arbres, mais ils ne le font pas ou ne s’assurent pas de leur survie à long terme», affirme l’expert. 

«Il faut s’assurer que c’est un organisme qui est reconnu par une tierce partie et qui est capable de vous fournir des preuves de la qualité de leurs services», recommande le directeur de Carbone boréal.