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«Nous avons l'occasion de tracer la voie vers une nouvelle ère du fédéralisme canadien.»
La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, affirme qu'elle souhaiterait collaborer avec son homologue québécois pour affirmer la souveraineté provinciale.
«Il est évident que l'Alberta et le Québec partagent des intérêts communs importants concernant la lutte contre les interventions excessives du gouvernement fédéral dans des domaines de compétence provinciale exclusive», a-t-elle écrit dans une lettre adressée au premier ministre du Québec, François Legault, datée du 21 mars.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
En novembre dernier, un comité a recommandé 42 moyens par lesquels le gouvernement du Québec pourrait affirmer son autorité provinciale. Smith a déclaré que l'Alberta en soutiendrait au moins huit.
Il s'agit notamment de contester le pouvoir fédéral de dépenser, de modifier la Constitution pour que le droit québécois de la propriété prime sur le droit fédéral et d'exiger que le gouvernement fédéral nomme les juges de la Cour supérieure à partir de listes de candidats préparées par la province.
Mme Smith a également déclaré qu'une recommandation selon laquelle le gouvernement devrait tenir un débat public lorsque son utilisation de la clause dérogatoire est sur le point d'expirer — généralement cinq ans après qu'elle a été utilisée pour passer outre à un droit fédéral inscrit dans la Charte — est d'un «intérêt considérable» pour l'Alberta.
«En tant que dirigeants démocratiquement élus de l'Alberta et du Québec, nous avons l'occasion de tracer la voie vers une nouvelle ère du fédéralisme canadien.»
«Mon gouvernement est d'avis que les assemblées législatives provinciales sont des délibérateurs et des décideurs clés sur les questions de droits constitutionnels», a-t-elle ajouté. «Ce sont les assemblées législatives élues, et non les juges nommés par le gouvernement fédéral, qui devraient avoir le dernier mot sur la portée des droits soumis à une clause de souveraineté parlementaire.»
En 2022, l'Alberta Sovereignty within a United Canada Act est entrée en vigueur, exhortant les gouvernements et les institutions albertains à ne pas appliquer les règles fédérales considérées comme préjudiciables aux intérêts de l'Alberta.
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Mme Smith a dit qu'elle était «ouverte au partage d'informations et de conseils» avec M. Legault pour adopter une législation similaire au Québec.
Le ministre québécois de la Justice et ministre responsable des Relations canadiennes, Simon Jolin-Barrette, a indiqué que la proposition était «très intéressante pour nous» et qu'il était particulièrement satisfait du soutien de l'Alberta en faveur de l'utilisation de la clause dérogatoire. L'Alberta a déjà soutenu le Québec sur le projet de loi 21, qui est contesté devant la Cour suprême.
M. Jolin-Barrette a déclaré que la lettre de Mme Smith était la preuve qu'il existe une « troisième voie » entre le fédéralisme et le séparatisme provincial.
«Nous pouvons construire des ponts avec les autres provinces ici au Canada et chaque province peut avoir son autonomie au sein du Canada», a-t-il indiqué, ajoutant qu'il aimerait que Mme Smith se rende à l'Assemblée nationale.
Les partis d'opposition officiels du Québec se sont dits ouverts à discuter avec Mme Smith, mais avec une certaine prudence.
«Il est assez surprenant que Daniel Smith semble être le capitaine de l'autonomie et de la souveraineté en ce qui concerne l'autonomie provinciale et le droit des provinces à décider par elles-mêmes», a réagi Joël Arseneau, député du Parti québécois.
«Si j'étais M. Legault, j'aurais un peu honte que l'Alberta nous donne des leçons sur la façon de décider par nous-mêmes pour protéger notre propre économie et notre population», a-t-il précisé.
Cependant, il a ajouté que c'était le signe de divisions plus importantes au sein du Canada.
Le co-porte-parole par intérim de Québec Solidaire, Guillaume Cliche-Rivard, a affirmé qu'il aimait l'idée de «renforcer le pouvoir du Québec au sein de la fédération jusqu'à l'indépendance », mais qu'il ne « prévoyait pas que l'Alberta et son premier ministre soient particulièrement utiles au Québec».
«Il pourrait peut-être y avoir un certain alignement sur certains sujets, mais il y a aussi beaucoup de divisions sur la façon dont l'Alberta voit son avenir et son développement et sur la façon dont le Québec voit son avenir et son développement», a-t-il souligné.
Pendant ce temps, le député fédéraliste libéral Greg Kelly a soutenu que le parti mettrait un terme à toute discussion visant à quitter la fédération canadienne, dont la tendance est « croissante » en Alberta.