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Société
Chronique |

Les tarifs, Donald Trump et nous

On n’a pas fini. J’en veux à la politique américaine de prendre toute la place chez nous.

Êtes-vous tannés d’entendre parler du mot en T? La menace tarifaire américaine occupe tout l’espace dans cette campagne électorale. Est-ce que les annonces faites par Trump en fin d’après-midi calmeront le jeu ? J’en doute.

On n’a pas fini.

Oui, le plaster est arraché : le président américain a enfin dévoilé les montants d’imposition des tarifs douaniers, pays par pays, dans un tableau laborieux, difficile à déchiffrer.

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La «bonne» nouvelle? Le Canada y goûte moins que ce qu’on aurait pu croire, aucun nouveau tarif n’ayant été annoncé hier. 1

 

Mais ça ne veut pas dire qu’on est sorti du bois. On a beau être fixé sur ce qui nous attend (pour le moment !), les humeurs de Donald Trump ne sont pas, elles, au beau fixe. Ses déclarations excessives et ses décisions imprévisibles ne s’en vont nulle part ; elles sont là pour de bon.

Ça fait partie du personnage. C’est sa signature, sa spécificité, sa marque de commerce.

Trump, marionnettiste

Depuis la fin janvier, Trump s’est transformé en marionnettiste et le reste du monde, en un théâtre de marionnettes. Publiquement, il menace, intimide, humilie.

Remettre en question la souveraineté du Canada, et parler à tout bout de champ de notre pays comme du «51e état», c’est une insulte. Il le sait. Et cela l’amuse.

Collectivement, on essaie tant bien que mal de se serrer les coudes, de voir le verre à moitié plein, de se raccrocher. Mais au fond, avouez, on est morts de trouille : notre allié chéri s’est transformé en ennemi.

À VOIR AUSSI | Les tarifs «clairement pas clairs» de Donald Trump

Les États-Unis, c’est le monstre en dessous de notre lit qui nous fait frémir et joue avec nos perceptions, nos émotions, notre imagination.

Jusqu’où Trump ira-t-il? Est-il sérieux? Va-t-il changer d’avis? Si oui, quand, comment, dans quel sens ira-t-il?

Syndrome de Stockholm

En attendant d’obtenir des réponses, on annule nos vacances aux États-Unis et on choisit des produits locaux. On essaie d’exercer du pouvoir là où on en a. C’est mince vous me direz, mais ça rassure un brin.

Nous vivons une sorte de traumatisme. Et peu importe les annonces « encourageantes » de Trump hier, malgré le gros soupir de soulagement poussé à travers le pays, on vit encore dans la peur, un peu comme si on était pris en otage.

Sommes-nous tous victimes du syndrome de Stockholm2 ? Considère-t-on que la situation n’est «pas si pire» et donc, que Trump nous a «épargné» et qu’au fond, il est «gentil» avec le Canada?

Je ne sais pour vous, mais moi, j’ai perdu confiance. Je ne sais pas d’où va provenir le prochain coup, mais je me méfie. Je suis aux aguets, sur mes gardes, constamment. J’ignore si c’est le début ou la fin de la guerre commerciale — et si elle sera suivie par autre chose.

Nos propres enjeux

J’en veux à la politique américaine de prendre toute la place chez nous. En pleine campagne électorale fédérale, on parle presque exclusivement de Trump, du mot en T, des industries menacées et de toutes ces excuses données par le président pour se justifier.

J’en ai marre.

J’aimerais entendre parler de crise du logement, d’immigration, de criminalité, d’économie, de politiques étrangères. J’aimerais entendre parler d’enjeux domestiques — et qu’ils soient présentés, discutés et débattus par les candidats des partis.

Si on veut gagner en autonomie et en indépendance, ce serait un bon premier pas, il me semble, de se détacher du discours de Trump, de ses exubérances et de ses chimères.

Vous ne trouvez pas?

1. Un rappel: Des tarifs de 25 % sur l’aluminium et l’acier visent tous les pays, incluant le Canada, depuis la mi-mars. Aussi, dès aujourd’hui, des droits de douane de 25 % touchent les véhicules et les pièces automobiles. Des tarifs de 10 % sont imposés dans le secteur de l’énergie et sur la potasse.

2. Un rappel : Le syndrome de Stockholm pousse les victimes ou les otages à développer un attachement envers leur(s) bourreau(x).

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