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Le défi de renverser la «perte de biodiversité est immense», a déclaré la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique.
Le Canada accueillera des représentants du monde entier à Montréal en décembre 2022 pour la 15e réunion de la Conférence des Parties (COP15) sur la biodiversité, mais aucun chef d’État ne sera présent à ce sommet dont l’un des objectifs est de trouver des centaines de milliards de dollars pour protéger la nature.
Le défi de renverser la «perte de biodiversité est immense», a déclaré la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique (CDB) lors d’un entretien avec les médias jeudi matin en vue du sommet.
Le montant d’argent nécessaire pour relever ce défi est également colossal.
«Le cadre de travail (de la COP15) cherche à trouver 700 milliards $ US d’ici 2030, mais certaines études indiquent que le montant nécessaire est encore plus élevé», a indiqué Elizabeth Maruma Mrema.
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La question de l’argent sera évidemment au cœur des négociations du sommet qui aura lieu au Palais des congrès et l’un des objectifs est de convaincre les États d’arrêter les subventions qui nuisent à la biodiversité, ou encore de les rediriger vers des actions de protection de la biodiversité.
«Présentement, la majorité des gouvernements dépensent beaucoup plus dans des subventions qui détruisent la nature que dans des actions de préservation de la nature, alors un changement de cap est crucial», a mentionné le secrétaire exécutif adjoint du CDB, David Cooper.
Une récente étude de Business for nature, une coalition d'entreprises privées qui militent pour la protection de la biodiversité, a conclu que les pouvoirs publics dépensent près de 1800 milliards $ US chaque année en subventions qui entraînent l’anéantissement de la faune et de la flore sauvages.
Il s'agit par exemple de subventions aux agriculteurs qui utilisent certains types de pesticides, celles accordées aux larges groupes industriels qui font de l’élevage de bovins ou encore du financement des industries fossiles.
L’un des objectifs de la COP est d’obtenir des engagements financiers des secteurs public, philanthropique et privé.
À ce sujet, Elizabeth Maruma Mrema se réjouit qu’un nombre très important de délégués qui participeront au sommet proviennent du milieu des affaires et de la finance, sans toutefois préciser le nombre.
«C’est du jamais vu dans l’histoire de la convention» qu’un nombre si important de délégués du secteur privé soient présents et «ça montre qu’ils comprennent qu’ils ont un rôle à jouer pour contribuer à réduire la perte de la biodiversité».
Cette rencontre internationale rassemblera, au Palais des congrès, plus de 10 000 personnes provenant de 195 pays, dont des membres de gouvernements du monde entier.
Toutefois, il n’y aura pas de chef d’État, a indiqué la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique.
«Traditionnellement, notre conférence des parties s'est déroulée au niveau des ministres», a-t-elle fait valoir jeudi matin.
En juillet dernier, Elizabeth Maruma Mrema avait mentionné à La Presse Canadienne qu’elle espérait la venue à Montréal de chefs d’État, car «leur présence montrerait un soutien considérable à l'agenda de la biodiversité».
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Aujourd'hui, un million d'espèces végétales et animales sont menacées d'extinction et les espèces s'éteignent 1000 fois plus vite qu’à leur rythme naturel, en raison des actions des humains, a souligné la secrétaire de la CBD.
Près de 70 % des effectifs d'animaux sauvages ont disparu depuis 1970 selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), a ajouté la secrétaire de la CDB.
«Notre planète est en crise, on continuera de ressentir les effets de la crise et les catastrophes ne feront que s’accumuler, mais on peut aussi changer le cours des choses si toute la société, et tous les gouvernements s’occupent de la perte de la biodiversité, d’où l’importance du cadre de travail de la biodiversité pour l’après-2020», a résumé Elizabeth Maruma Mrema.
Le rassemblement mondial qui aura lieu à Montréal doit en effet aboutir à l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité pour la décennie 2020-2030.
Les pays doivent donc s’entendre sur une nouvelle feuille de route comportant une vingtaine d’objectifs pour freiner le déclin de la biodiversité.
La protection d’au moins 30 % de la planète d’ici à 2030, la restauration de 20 % des écosystèmes d'eau douce, marins et terrestres dégradés et la réduction des deux tiers de l’utilisation de pesticides font partie des objectifs.
C’est l’équivalent de «l'Accord de Paris sur le climat», mais pour la biodiversité, a résumé Elizabeth Maruma Mrema.
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Le sommet qui se déroulera du 7 au 19 décembre est un moment critique qui devrait élever la perte de biodiversité au même niveau de préoccupation que les changements climatiques, selon les organisateurs de la COP15.
La destruction des habitats et de la faune aggrave les changements climatiques, et les deux crises sont intimement liées.
Elizabeth Maruma Mrema a rappelé que la biodiversité contribue aux mesures d'atténuation des changements climatiques et que sa protection est l’une des meilleures façons de se prémunir des effets catastrophiques de la transformation du climat.