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Un compte rendu de cette conversation du 9 février entre les deux premiers ministres a été déposé en preuve à la Commission sur l'état d'urgence.
Un document publié à la commission Rouleau montre qu'avant d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence, l'hiver dernier, Justin Trudeau a déclaré à Doug Ford que la police n'avait pas besoin de plus d'outils juridiques pour déloger les manifestants du pont Ambassador.
Un compte rendu de cette conversation du 9 février entre les deux premiers ministres a été déposé en preuve à la Commission sur l'état d'urgence, qui enquête sur la décision du gouvernement fédéral d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence. Cette loi octroyait aux autorités des pouvoirs temporaires et exceptionnels dans le but de déloger les manifestants du centre-ville d'Ottawa et de passages frontaliers.
La Loi sur les mesures d'urgence accordait aux autorités des pouvoirs temporaires et exceptionnels dans le but de déloger les manifestants du centre-ville d'Ottawa et de passages frontaliers.
Selon ce compte rendu, M. Ford a dit à M. Trudeau le 9 février que la réouverture du pont Ambassador, entre Windsor et Detroit, était prioritaire pour son gouvernement, et que le procureur général de l'Ontario cherchait des moyens juridiques de fournir à la police plus d'outils pour régler la situation.
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«Vous ne devriez pas avoir besoin de plus d'outils, des outils juridiques: ils paralysent l'économie (ontarienne) et causent des millions de dommages par jour et nuisent à la vie des gens», a répondu M. Trudeau, en parlant de manifestants qui agissaient dans l'illégalité. «Nous devons agir rapidement», a-t-il dit, selon le document déposé en preuve.
Interrogé mardi sur cet échange, M. Trudeau a déclaré qu'il était important que les Canadiens voient à quoi les gouvernements et les gens étaient confrontés pendant les «occupations des convois».
«De toute évidence, nous avons considéré la Loi sur les mesures d'urgence comme une mesure de dernier recours, a soutenu M. Trudeau lors d'une conférence de presse au Nouveau-Brunswick. Nous devions nous assurer que nous essayions de faire avancer les choses sans avoir à faire appel à des pouvoirs extraordinaires.»
Des manifestants ont bloqué le pont Ambassador, un passage frontalier clé entre Windsor et Detroit, le 7 février, dans le cadre d'une série de manifestations au Canada contre les restrictions sanitaires liées à la COVID-19, et contre le gouvernement libéral en général.
Ce blocage à Windsor a interrompu un commerce transfrontalier de 600 millions $ par jour et a empêché des travailleurs essentiels de traverser le pont, a appris la commission par le biais d'autres preuves.
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau invoquera finalement la Loi sur les mesures d'urgence le 14 février, le jour même où le pont Ambassador, libéré des manifestants par la police, a rouvert à la circulation.
Le document montre que M. Trudeau a demandé avec insistance à son homologue si la Police provinciale de l'Ontario comprenait l'urgence de la situation. M. Ford répond qu'il partage la frustration du premier ministre et déplore qu'il ne puisse pas commander la police.
Au moins à Windsor, a-t-il ajouté, la police a un plan. Ce qui était différent à Ottawa, où les manifestants occupaient alors les rues du centre-ville, près de la colline du Parlement, depuis plus d'une semaine.
«Ils vont bouger, mais sans les commander, il est difficile de connaître leur plan de match, a déclaré M. Ford à propos de la Police provinciale. C'est très grave, je suis bien d'accord avec vous. Je vais leur coller au cul avec une brosse d'acier.»
Le compte rendu de cette conversation a été montré mardi à la surintendante de la Police provinciale de l'Ontario Dana Earley, qui a témoigné devant la commission. Elle a soutenu qu'elle n'avait jamais subi d'ingérence politique alors qu'elle était commandante des incidents critiques pendant le blocus du pont.
La surintendante Earley a déclaré que des officiers supérieurs de la Police provinciale lui avaient dit que le blocus de Windsor était une priorité et qu'elle disposerait des ressources humaines nécessaires pour déloger les manifestants du pont.
Mme Earley a déclaré que le 11 février, elle avait un plan pour dégager le pont et que ses policiers étaient prêts à intervenir, mais elle a craint qu'une vaste opération policière n'aggrave les choses à Ottawa. Ses commandants stratégiques l'ont convaincue de se concentrer sur ce qui était le mieux pour Windsor.
«J'ai changé d'avis et j'ai décidé d'aller de l'avant avec mon plan, réalisant que je n'avais pas une connaissance intime de ce qui se passait à Ottawa, car je devais me concentrer sur Windsor», a-t-elle expliqué mardi.
La Commission sur l'état d'urgence, présidée par le juge Paul Rouleau, tient des audiences publiques à Ottawa jusqu'au 25 novembre. La commission, qui est requise en vertu de la Loi sur les mesures d'urgence, vise à déterminer si le recours à cette loi d'exception et à ses pouvoirs était nécessaire pour déloger les manifestants.