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Politique

Carney suspend sa campagne: le PM en gestion de crise avant l'annonce de Trump

Un enjeu de grande importance vient donc perturber la campagne électorale, du rarement vu au Canada, si ce n'est pas une première.

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Helen Moka
Texte :
Helen Moka / La Presse canadienne

Le chef libéral Mark Carney a dû suspendre sa campagne électorale mercredi pour remettre son chapeau de premier ministre alors que le pays est en gestion de crise face aux droits de douane et autres mesures de l'administration Trump aux États-Unis, qui devraient se préciser en fin de journée.

M. Carney, qui faisait campagne à Winnipeg, est rentré d’urgence à Ottawa, très tard la veille, pour préparer la riposte à la guerre commerciale amorcée par le président américain Donald Trump.

Un enjeu de grande importance vient donc perturber la campagne électorale, du rarement vu au Canada, si ce n'est pas une première.

«C'est quelque chose que l’on peut qualifier d’une urgence nationale et c’est extrêmement rare», a expliqué le professeur Jean-François Daoust, de l'Université de Sherbrooke, en entrevue à La Presse Canadienne, quelques heures avant l'annonce du président Trump. 

Il a souligné «qu'il y a toujours des surprises ici et là durant une campagne électorale, que ce soit des déclarations chocs ou des problématiques avec certaines candidatures, mais jamais de cette ampleur».

Pour l'ancien stratège libéral Jeremy Ghio, «ce n’est pas quelque chose qu’on a déjà vu, une campagne comme celle-là». 

Selon lui, c’est inédit pour plusieurs raisons, d'autant plus qu'on n’a jamais vu un président américain prendre de la place dans une campagne électorale chez son voisin du Nord.

«M. Trump, sa capacité à effacer tout ce qui s’est passé dans les jours avant pour que les Canadiens se rappellent uniquement la question avec les États-Unis. Il y a plusieurs choses d’inédites dans cette campagne», constate l'analyste politique qui est aujourd'hui directeur principal de l’entreprise de communication TACT.

«De voir le Parti libéral du Canada, qui était voué presque à l’enterrement, revenir à la vie et pouvoir espérer un gouvernement majoritaire, c'est tout un revirement de situation», a affirmé M. Ghio.

C'est la deuxième fois depuis le début de la campagne électorale que le chef du Parti libéral du Canada (PLC) doit interrompre sa campagne pour remettre son chapeau de premier ministre, un rôle dans lequel l'ancien économiste est visiblement plus confortable.

 

Si Mark Carney a peu d'expérience en politique, voire pas du tout, il n'en est pas à sa première gestion de crise de grande ampleur. Il était gouverneur de la Banque du Canada lors de la crise financière de 2008 et gouverneur de la Banque d'Angleterre lors du retrait du Royaume-Uni en 2020, appelé communément le Brexit.

«Mark Carney joue vraiment la carte de l’économiste, de l’économie d’abord, et c’est une guerre économique à laquelle le Canada fait face», a indiqué le politologue Jean-François Daoust.

«Autrement dit, les libéraux vont continuer à gagner du terrain tant et aussi longtemps que la question de l’urne sera qui, dans les prochains mois et les prochaines années, sera la meilleure personne pour faire face à cette situation-là», selon lui.

Trump jette de l'ombre sur les partis d'opposition

L'analyste politique Jeremy Ghio souligne également que les Canadiens ont jusqu'à présent tendance à lui pardonner ses gaffes depuis le début de la campagne électorale, plus qu'ils ne le feraient normalement avec des politiciens d'expérience. Il a souligné que son avance continue de se consolider dans les sondages.

Les craintes des répercussions de cette guerre commerciale sur l'économie et les emplois font aussi ombrage dans la campagne électorale des autres chefs de partis, qui doivent aussi s'ajuster. 

«Ça fait de l'ombre dans la campagne des chefs des partis d'opposition parce que toute la conversation est orientée vers Donald Trump. Le Bloc québécois et le NPD, ça les sort complètement de la partie», a affirmé M. Ghio.

Le chef conservateur Pierre Poilievre semble s’être ajusté cette fois, alors qu’il y a quelques jours ses adversaires, comme Mark Carney, lui reprochaient d’être complètement déconnecté de la réalité.

«La semaine dernière, il était sur la question des CELI quand Trump est sorti. Aujourd'hui, il était sur la question américaine et c'était le bon pivot à faire», a fait remarquer l'analyste politique. 

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Il a souligné que M. Poilievre a fait appel à Caroline Mulroney pour l'aider dans la campagne électorale et dans le ton à adopter. Mme Mulroney est une ministre du gouvernement progressiste-conservateur de l'Ontario et fille de l'ex-premier ministre canadien Brian Mulroney.

D'ailleurs, une feuille d'érable rouge remplaçait le slogan de campagne de M. Poilievre devant son lutrin lors d'une allocution sur son programme, mercredi, à Toronto.

«Je pense qu'il n'avait pas le choix», a renchéri le professeur Daoust.

«Peu importe sa stratégie, son plan de match prévu, ça paraîtrait complètement déconnecté de ne pas répondre directement à ce qui se passe actuellement. Il n’a pas le choix d'apparaître plus fort. Il n’a pas le choix de combattre les libéraux sur ce terrain, même si ce n’est pas son terrain de jeu de prédilection», a conclu le professeur de l'Université de Sherbrooke.

Avant l'annonce du président Trump sur les droits de douane et mesures réciproques des États-Unis, dans la roseraie de la Maison-Blanche mercredi, le premier ministre Mark Carney avait convoqué le Conseil sur les relations canado-américaines et le Comité de son cabinet chargé des relations canado-américaines et de la sécurité nationale. 

Il n'était pas clair dans l'immédiat si M. Carney allait reprendre sa campagne jeudi.

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Helen Moka
Texte :
Helen Moka / La Presse canadienne