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Alors que la Russie et l’Ukraine ont accepté de tenir des négociations à la frontière ukraino-biélorusse, le pays d’Alexandre Loukachenko fait les manchettes ces jours-ci. Mais personne ne semble s’entendre sur son nom.
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Qu’on parle de Biélorussie ou de Bélarus, les deux noms sont des traductions du nom Рэспубліка Беларусь, ou «Russie blanche», explique le linguiste québécois Jacques Leclerc, qui tient un site web dédié à l’aménagement linguistique dans le monde. C’est donc la traduction du nom, plutôt que le nom comme tel, qui est sujette aux débats.
La question peut sembler superficielle, mais une plongée dans l’histoire du pays permet de comprendre son importance sur le plan politique.
Jusqu’alors désigné par le nom de Biélorussie, le pays demande à l’Organisation des Nations unies (ONU) de plutôt utiliser Bélarus le 19 septembre 1991. Le pays, qui a déclaré quelques mois plus tôt son indépendance de l’URSS, souhaite ainsi éviter toute confusion avec la Russie. Étymologiquement, la racine -rus ne fait toutefois pas référence à la Russie, mais bien à la Ruthénie, «le berceau historique au XIIe siècle d’une partie de la Russie actuelle, du Bélarus et de l’Ukraine», précise M. Leclerc.
Malgré les demandes répétées du principal intéressé, plusieurs pays continuent de privilégier l’expression Biélorussie (ou un équivalent dans leur langue officielle), leurs commissions nationales de toponymie estimant qu’il s’agit d’une meilleure traduction du nom en langue biélorusse.
C’est aussi la position de l’Académie française, ce qui explique pourquoi de nombreux médias francophones privilégient le terme Biélorussie.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko est un proche allié du président russe Vladimir Poutine. (Photo: Sergei Guneyev, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)
Le gouvernement suédois a quant à lui annoncé en novembre 2019 qu’il utiliserait dorénavant le terme Belarus plutôt que Vitryssland (une traduction équivalente à Biélorussie) «pour reconnaître la volonté du peuple bélarusse, de la société civile et de la diaspora de mettre l’accent sur l’identité nationale et la souveraineté de leur pays».
Chez nous, l'Office québécois de la langue française préconise Bélarus, à l'instar de l'ONU. Affaires mondiales Canada privilégie également le terme, mais utilise les deux noms de manière interchangeable, parfois dans un même communiqué de presse.
Les deux termes sont donc acceptables en français, mais leur utilisation a pour certains une importance symbolique.