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Si vous faites partie du tiers des parents qui seront en vacances avec vos enfants, ou du tiers qui travailleront pendant la moitié de la semaine, j’ai une suggestion d’activité (inusitée) pour vous: ne rien faire.
Des milliers d’élèves seront bientôt en congé pour la relâche scolaire. Si vous faites partie du tiers des parents qui seront en vacances avec vos enfants, ou du tiers qui travailleront pendant la moitié de la semaine, j’ai une suggestion d’activité (inusitée) pour vous: ne rien faire.
Est-ce par peur de l’ennui? Ou par culpabilité? Ou est-ce le phénomène du FOMO (Fear Of Missing Out — cette hantise de manquer quelque chose, de vouloir être partout)? Ou celui, plus insidieux, du voisin gonflable?
Certains parents se transforment en présidents-directeurs généraux de la maisonnée à la relâche et créent un calendrier chargé d’activités, du matin au soir. Déjeuner gargantuesque, glissade au parc, sortie au cinéma, visite chez les grands-parents, nuitée en tente dans le salon, visite d’amis, de voisins, escapade au musée, au chalet, au parc aquatique intérieur, au zoo, sans oublier la virée en raquettes, en patin, en ski, en randonnée, à la piscine, à la bibliothèque, à l’aréna…
Je comprends cette frénésie. J’ai déjà été cette mère.
Cette mère qui, à force de vouloir « en profiter », ne profite de rien du tout et s’évanouit dans le divan soir après soir, lessivée par ses journées « de relâche scolaire » avec ses marmots.
À quoi sert tout cela?
À force d’embrasser la performance à tout prix, jusque dans la parentalité, on oublie l’essentiel : passer du temps ensemble. Se regarder dans le blanc des yeux. Se coller. Et se nourrir de vraies connexions.
Ça sonne cucul Je m’en fiche. C’est ça pareil.
C’est devenu marginal, voire bizarre, d’annoncer tout bonnement qu’à la relâche « on ne fera rien ». Et pourtant… La relâche, c’est fait pour ça !
Petit rappel historique : cette pause printanière a été créée par le commissaire Fernand Paradis à la fin des années 1970 après qu’il eut constaté une augmentation des absences dans les écoles à la fin février. Comme si l’hiver, le manque de lumière, la routine exigeante du métro-boulot-dodo, les devoirs, les leçons, les tests et les examens, les virus et autres microbes collants prenaient le dessus sur les élèves et les enseignants.
Et puis, ça le dit: une relâche, c’est fait pour «relâcher». Définition: «Diminuer la tension. Donner du relâche, détendre, diminuer.» Et au sens figuré, on peut aussi lire: « Remettre en liberté ».
Voilà qui est intéressant.
La liberté, c’est se donner le droit de vivre le moment présent. D’opter pour la spontanéité. De choisir au fil des jours, et même au fil des heures, ce qu’on fera — ou ce qu’on ne fera pas.
Voici comment Nada, mère de trois enfants de 2, 8 et 12 ans avec qui j’ai échangé récemment sur ses intentions à la relâche scolaire, entrevoit sa semaine : « C’est un luxe de passer du temps avec mes enfants et d’y aller au jour le jour. Je ne les divertis pas, je ne les tiens pas occupés. »
Évidemment, ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir ralentir ou carrément s’arrêter pendant la relâche scolaire: un tiers des parents continuent de bosser toute la semaine. Pour eux, la relâche devient un casse-tête qui mêle le télétravail, un coup de main de proches pour garder, le camp de jour ou le service de garde.
Ne leur parlez pas de courir à droite et à gauche les activités et les sorties: ils essaient simplement de survivre, de passer à travers cette semaine, tout en accordant de petits privilèges à leur marmaille, question de leur faire plaisir et qu’ils se sentent en vacances…
En considérant qu’on ne part pas tous égaux sur la ligne de départ de la relâche scolaire, pourquoi ne pas en profiter, si on a le temps et l’énergie, pour tendre la main? Un élan de solidarité envers un parent pris jusqu’au cou fait, je crois, plus de bien que des allers-retours précipités qui risquent de mener tout le monde à l’épuisement.
Levez donc le pied — sans culpabiliser.
Bonne relâche !