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Est-ce qu’on peut prendre la résolution de ne pas se laisser de messages vocaux sur les réseaux sociaux en 2024?
Est-ce qu’on peut prendre la résolution de ne pas se laisser de messages vocaux sur les réseaux sociaux en 2024? Suis-je la seule que ça irrite voire que ça angoisse?
Je ne parle pas des messages laissés sur la boîte vocale de mon cellulaire. Ceux-là, bien que rares, je les écoute. Ils ne m’agacent pas. Ils sont souvent liés à un rendez-vous ou à un retour d’appel pour le travail.
Je parle ici de la série de petits messages qui s’enfilent les uns derrière les autres dans la messagerie de Messenger, d’Instagram ou de What’s App. Leur simple présence est anxiogène : cette succession de messages de 45 secondes qui renferment le monologue de quelqu’un — au mieux, une amie ; au pire, un pur étranger — comme une surprise, soit explosive soit bienveillante, nul ne sait.
Sorte d’hybride entre l’appel et le texto, le message vocal a le vent dans les voiles depuis quelques années. Il a fait son apparition en 2013 sur What’s App et sur Messenger, en 2016 sur Snapchat et en 2018 sur Instagram.
Et imaginez : depuis 2022, sur Messenger, on peut faire son bla-bla pendant trente minutes en continu. L’horreur.
Bien sûr, il y a une logique commerciale derrière cette façon de communiquer : si les plateformes les mettent de l’avant, c’est que ça marche.
C’est une nouvelle façon de communiquer devant son écran sans impliquer l’écriture ni les émojis. Pour plusieurs personnes, les messages vocaux sont avantageux : il est impossible de faire des fautes d’orthographe, les risques de tendinite sont moindres et surtout, ils permettent d’économiser du temps.
Et puis, on va se le dire : plein de gens se gardent une petite gêne de texter en conduisant (ça existe) mais ils n’hésitent pas à laisser des messages vocaux, une main sur le volant.
Pour ma part, je les hais.
Il me semble qu’ils sont souvent trop longs, comme si l’interlocuteur se donnait le droit de se lâcher lousse, faisant une parenthèse ici, une petite blague là, ajoutant une anecdote ou un exemple, pourquoi pas deux.
Avec l’expérience, j’estime qu’un message de 20-30 secondes pourrait se résumer en deux ou trois lignes de texto.
Mais où est passée la concision ? La clarté ? L’essence du message ?
Cela vient peut-être du fait qu’il est implicite que le destinataire écoutera les messages quand bon lui semble — ce qui est vrai.
Mais…
Bien souvent, il y aura un délai entre l’envoi dudit message et son écoute. Plus ce laps de temps s’étire, moins le message est d’actualité et moins il m’apparaît urgent de l’écouter. Après tout, si c’était si important, la personne me lâcherait un coup de fil, non ?
Il y a quelque chose d’intrusif dans l’envoi des messages vocaux : je n’ai pas vraiment le choix de les écouter, à un moment ou à un autre. Ce n’est pas comme un appel qu’on choisit de prendre ou pas ; c’est plutôt comme un colis déposé à la porte.
De plus, l’expéditeur peut « voir » à quel moment on aura pris son message. Il s’attend, forcément, à un retour. Misère !
Autre drame du message vocal : le son n’est pas toujours bon. Il faut alors reculer à quelques reprises pour saisir le sens du propos. Le ton est-il à la camaraderie ou accusateur ? Mon amie m’invitait à aller au gym ou à prendre un gin ?
Plusieurs scénarios m’horripilent : les messages vocaux très succincts, par exemple des directives précises que je devrai noter. N’est-ce pas là l’ultime preuve qu’un texto aurait mieux fait l’affaire ? Ou un message vocal m’indiquant que je dois rappeler la personne. Pire encore, un message vocal laissé après que j’aie fait le choix de ne pas répondre à un appel. Au secours !
Le dernier clou dans le cercueil du message vocal, c’est son petit côté égoïste. Notre expéditeur a dit ce qu’il avait à dire et c’est tout. C’est fini. Nous ne sommes pas dans l’échange. Je n’ai pas le droit de parole. Je ne peux rien dire, répondre, demander, préciser.
Pour une communicatrice comme moi, et pour tous ceux et celles qui apprécient la discussion, avouez que c’est tragique.
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