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Chaque fois qu’on parle du système d’éducation au Québec, on parle de ses failles et de ses écueils — mais pas cette fois.
Écoles en décrépitude, enseignants à bout de souffle, classes bondées, élèves aux problématiques multiples, ressources matérielles, financières et humaines insuffisantes. Chaque fois qu’on parle du système d’éducation au Québec, on parle de ses failles et de ses écueils — mais pas cette fois.
Cette fois, je vous parle d’un nouveau projet d’école secondaire à volet alternatif qui a vu le jour à Montréal. Et ce projet, qui plus est, a été tenu à bout de bras par une poignée de parents pendant sept ans. Oui, oui, sept ans!
Sept années de bénévolat, à consulter les autorités municipales, celles du ministère de l’Éducation ainsi que celles du centre de services scolaire, à monter un dossier, à visiter d’autres écoles alternatives (de niveau secondaire, il n’y en a que trois au Québec), à négocier, documenter, fouiller et à faire rayonner leur projet fou.
«On est huit parents dans le comité et on a dû mettre environ deux cents heures, par année, par parent!», s’exclame Nella Sammartino, une chargée des communications et photographe de 45 ans, impliquée dès le départ dans le dossier.
L’idée est née sur le bord de la clôture de la cour de récréation de l’école alternative Albatros, à Anjou, quelque part à l’automne 2017. Nella et deux autres mères venaient d’y déposer leurs enfants et elles se sont mises à échanger sur les vertus de la pédagogie alternative.
«On se disait à quel point on trouvait ça extraordinaire comme milieu, raconte Nella, dont le fils est aujourd’hui âgé de 12 ans, et on se demandait ce qu’on allait faire lorsque nos enfants seraient rendus au secondaire puisque cette offre n’existait pas dans l’est de Montréal.»
Les trois mamans se sont dites, à la blague tout d’abord, qu’elles le feraient elles-mêmes: elles lanceraient une nouvelle école!
Eh bien… Elles l’ont fait.
Le groupe de parents a été entre autres soutenu par la direction du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l'Île. «Ils ont vraiment été aidants, souligne Nella, visiblement fière. Ils ont été à l’écoute et rapidement, c’est devenu une priorité.»
La nouvelle école est située sur le boulevard Métropolitain Est, dans le secteur d’Anjou. Elle ouvrira ses portes en septembre, à temps pour la rentrée scolaire. Pour le moment, la capacité d’accueil n’a pas encore été arrêtée, mais les inscriptions pour les niveaux secondaires I et II du volet alternatif sont ouvertes depuis lundi.
En tout, le gouvernement injecte 437 millions de dollars pour deux nouvelles écoles, celle d’Anjou et une autre à Montréal-Nord.
Une belle victoire pour Nella et ses acolytes, même si ce ne sont pas leurs enfants qui vont en profiter. «Ils sont déjà en sixième année ou même au secondaire, dit-elle. On le fait pour les autres, pour la communauté.»
C’est ce sens du dévouement, et toute la persévérance, la volonté et la détermination de ce groupe de parents qui m’impressionnent. Ils l’ont fait non pas par intérêt, mais par conviction. Et par passion.
Ça existe encore.